En RDC, Annie Kithima Nzuzi, présidente du Conseil d’administration de la Société minière de Kilomoto est déterminée à tout prix à en finir avec Kibali Goldmines.
Cela risque de créer une instabilité juridique dans le pays car des actions inconsidérées contre le seul partenariat sérieux que sa société (Sokimo) a signé avec les multinationales peuvent dissuader des nouveaux investisseurs de parier sur la RDC.
L’objectif qu’elle semble poursuivre à travers sa campagne dans les médias et diverses actions téméraires et vexatoires devant les Cours et tribunaux ne paraît pas conforme aux intérêts de la RDC.
Le point de presse qu’elle a animé conjointement avec le directeur général ai de Sokimo, le 11 mai 2021 dans la salle des conférences du cercle de Kinshasa en fait foi.
C’est en définitive une épine dans le pied du régime de Félix Tshisekedi et des nombreux agents et cadres de Sokimo qui ne bénéficient pas des paiements effectués par différents partenaires de cette société.
Politicienne
La PCA de Sokimo tient à politiser cette affaire en s’éloignant du terrain juridique et technique.
Pendant plus de deux heures d’exposé, Annie Kithima Nzuzi n’a convaincu ni la presse, ni les autres participants parmi lesquels quelques députés nationaux et membres de la société civile sur sa revendication d’une révision du contrat de Joint-Venture signé avec Kibali Goldmines.
Elle s’est époumonée à accuser d’anciens membres du gouvernement pour avoir exercé des pressions sur ses prédécesseurs à la tête du Conseil d’administration aux fins de vendre toutes les actions que détenaient Sokimo dans Kibali Goldmines. En passant outre le fait que tout s’était déroulé dans le cadre d’un appel d’offre international.
Incongruités
A l’entame de sa communication, elle a demandé au gouvernement congolais de protéger Sokimo en exigeant aux deux associés dans Kibali, Barrick Gold Corporation et Anglo Gold Ashanti, de se rasseoir autour d’une table pour une renégociation d’un contrat plus équitable, durable et mutuellement avantageux.
A côté d’elle se trouvait pourtant le directeur général ai de Sokimo, un des négociateurs de l’Etat congolais lors de la conclusion du contrat ayant conduit à la formation de Kibali Goldmines.
Annie Kithima dit vouloir renégocier le contrat avec Kibali à cause des complications nées depuis l’entrée en lice des deux associés Rangold Ressources Group (devenu Barrick Gold) et Anglogold Ashanti. Elle a relevé à ce sujet 9 problèmes, notamment l’opacité de la dette, la non prise en compte de la valeur des gisements apportés et la dilution de la participation de Sokimo, la non-découverte de nouveaux gisements depuis 2009, le non-paiement des dividendes en 8 ans d’exploitation, le refus de paiement du pas-de-porte, le refus de paiement des indemnités d’épuisement des gisements (royalties), l’obstruction à la représentation de Sokimo dans le comité exécutif par l’invalidation de fait du poste de vice-président du Conseil d’administration, l’exécution inefficace de l’accord d’assistance technique et financière ainsi que l’opacité du contrat de service technique de «Kibali Service Limited».
Excipant de tous ces préjudices, la PCA de Sokimo S.A estime qu’il faut corriger tous les aspects inéquitables de ce partenariat en optimisant pour tous la valeur tirée du développement des ressources.
Détérioration du climat des affaires
Le problème c’est que toutes ces réclamations ne figurent ni dans les statuts de Kibali, encore moins dans le code minier en vigueur en RDC.
Pareille exigence est de nature à mal vendre le pays à l’international et à le priver de nouveaux investissements.
Créer des tensions non motivées est en effet une manière de faire fuir les investisseurs car cela entraîne une instabilité juridique qui détériore le climat des affaires. On sait pourtant que les rapports entre Barrick Gold Corporation et le gouvernement de Félix-Antoine Tshisekedi sont au beau-fixe.
Cette agitation peut en outre empêcher Kibali de payer ses agents, ses impôts, ses taxes et ses redevances, ce qui ne manquera pas d’avoir un impact sur la sécurité et la stabilité dans la province du Haut-Uélé.
C’est du reste la question soulevée avec pertinence par un délégué du ministère du Portefeuille.
D’aucuns soupçonnent Annie Kithima manipuler l’opinion à ce sujet en se servant de Kibali comme bouc-émissaire alors que la gouvernance de Sokimo a brillé par une mauvaise gestion de cette entreprise. Ce serait une façon comme une autre de sortir tête haute et d’échapper au contrôle de l’Etat.
Il est fait mention entre autres des engagements incontrôlés des membres du personnel et de l’incapacité de la direction actuelle non seulement à gérer d’autres Joint-Ventures signés avec d’autres partenaires, mais aussi à payer les agents qui accusent plusieurs mois d’arriérés de salaire alors que Sokimo reconnaît avoir reçu 70 millions USD de Kibali.
Qu’a-t-on fait de cette somme perçue en 2018? Quid du gisement de Kibali Sud dont les réserves ont été confirmées sous la mandature de Louis Watum avant la cession à Kibali ?
Diversion et distraction
On a l’impression qu’Annie Kithima cherche à dissimuler la mauvaise gestion de Sokimo sous son mandat qui serait caractérisé des scandales comme la vente à vil prix des gisements à une société fictive logée dans un paradis fiscal (affaire AJN-Ressources).
En effet, il est curieux que sur plus de 15 partenariats de Sokimo, seul celui de Kibali soit déclaré désavantageux.
Qu’en est-il de celui que Sokimo SA a signé avec les Chinois pour l’écrémage des gisements et déchets de Mari Miza ? Quel autre partenariat a pu rapporter plus de 200 millions USD depuis lors ?
On signale sur ce registre que la plupart de ces partenaires ne paient même pas les droits superficiaires en violation de la loi.
Recommandations
Il ne suffit pas de convoquer de grandes conférences de presse à Kinshasa et d’arroser quelques journalistes avec de l’argent provenant de l’unique partenariat qui fonctionne, celui de Kibali pour se tirer d’affaires.
Il faut faire un meilleur usage des fonds de l’entreprise à l’instar de 2.7 millions USD reçus en mars 2021 de Kibali, payer les travailleurs et renouveler l’outil de production.
Zemanga