Dans la province du Sankuru, née du démembrement de la province du Kasai Oriental, la cour constitutionnelle a mis un terme, mardi 30 novembre 2021, à deux années et demie d’aventurisme au sommet des institutions provinciales. Joseph-Stéphane Mukumadi, challenger de l’ex-FCC et ancien porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende Omalanga, avait plus que créé la surprise en se faisant élire par … par une majorité FCC à l’Assemblée provinciale du Sankuru. Nommé gouverneur de province par ordonnance présidentielle le 8 août 2019, cet exilé congolais en France où il tenait un restaurant à Lille, s’est aussitôt retourné contre ‘’ses parrains’’ de l’ancienne majorité au pouvoir, défiant le bon sens le plus élémentaire. Résultats : l’homme est entré en conflit ouvert avec la quasi-totalité des députés provinciaux qui, plus d’une fois, lui avaient infligé une motion de défiance.
La dernière en date a emporté le désormais ex-premier citoyen du Sankuru. Elle lui avait été régulièrement signifiée vendredi 22 octobre par le président de l’Assemblée provinciale, Benoît Olamba Odimba. Aux termes de cette énième procédure de défenestration, Joseph-Stéphane Mukumadi était tenu de se présenter devant les élus provinciaux lundi 25 octobre aux fins de présenter ses moyens de défense en rapport notamment aux accusations de détournement de deniers publics.
Pour toute réaction, pour la énième fois, Mukumadi a dédaigné la convocation de l’organe délibérant de la province dont il était l’émanation qui n’avait donc plus de choix que de confirmer la motion de défiance à son encontre. Sans se démonter outre mesure, arguant une fois de plus d’une prétendue ‘’convocation par la hiérarchie à Kinshasa’’, le désormais ancien gouverneur s’est pourvu en requête en inconstitutionnalité pour violation de ses droits de la défense auprès de la cour constitutionnelle. Qui l’a formellement débouté déclarant sa requête «recevable mais non fondée».
C’est le professeur Dieudonné Kaluba, président de la Cour constitutionnelle qui a lu en personne le texte-couperet qui met fin à l’éphémère carrière politique du cuistot lillois. «La cour constitutionnelle siégeant en matière de contrôle de constitutionnalité, après avis du procureur général, dit qu’elle est compétente pour connaître la présente requête, la reçoit en la forme mais la dit non fondée», a déclaré le n° 1 de la plus haute juridiction du pays qui a précisé en outre que « le présent arrêt sera signifié au requérant, à l’Assemblée provinciale du Sankuru, au Président de la République, au président de l’Assemblée nationale, au président du Sénat et Premier ministre. En outre, il sera publié au Journal officiel de la RDC ainsi qu’au bulletin des arrêts de la Cour constitutionnelle».
Ainsi prend donc fin une aventure qui aura duré plus de deux ans et demie. Autant de temps perdu pour la jeune province du Sankuru, puisque Joseph-Stéphane Mukumadi n’aura pas réussi à concevoir, ni à faire voter le moindre programme d’action pour la province natale du Héros National Patrice-Emery Lumumba qui est entrée littéralement en hibernation. Deux ans et demi durant lesquels le Sankuru a été géré comme un patelin du Far-west américain aux temps de la prohibition, aggravant ses problèmes récurrents d’enclavement et de sous-développement.
Au finish, même les soutiens du désormais ex- gouverneur dont le slogan était « Woolo weeko !» (J’ai la force !) n’auront rien gagné au change. L’homme a déçu tout son monde. C’est donc dans l’allégresse que les populations des grandes agglomérations sankuroises comme Lusambo et Lodja ont accueilli l’arrêt déboutant Mukumadi.
H.O