« … Ce pays est déjà mort. Nous essayons de le remettre sur les rails». Ces propos sont du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi. Le chef de l’Etat les avait tenus devant public, au cours de son récent séjour dans l’espace kasaïen, précisément à Lodja, principale agglomération de la province du Sankuru. Depuis lors, ce bout de phrase extrait d’une longue tirade présidentielle est sur toutes les lèvres, particulièrement dans les rangs de l’opposition politique où elle est tournée dans tous les sens de la dérision. Ce qui va de soi.
En réalité, s’adressant à des populations extrêmement paupérisées de la province natale du Héros national Patrice-Emery Lumumba, Félix Tshisekedi les exhortait à la patience et à l’espoir. «Soyez patients, nous sommes venus servir le Congo et les Congolais. Nous ne sommes pas venus pour piller et voler ce pays. D’ailleurs, il ne reste rien à détruire car ce pays était déjà mort», avait-il déclaré en substance. Des propos que le bon sens pourrait traduire par «le pays a été tué ou systématiquement pillé » sans trahir la pensée de leur auteur. On peut comprendre que l’opposition ne veuille pas faire le lit du pouvoir.
La polémique autour des propos présidentiels au Sankuru aurait été circonscrite dans des proportions admissibles si un prince de l’Eglise, Fridolin Ambongo, le cardinal archevêque de Kinshasa, ne s’était pas invité dans le débat. A la faveur d’un prêche dominical, le primat de l’église catholique en RDC a cru devoir en rajouter une couche. «C’est très grave quand vous entendez ça de celui qui est numéro 1, chargé de donner confiance et espérance au peuple congolais, si lui-même est convaincu que ‘Mboka ekufi’ (le pays est mort)» dénonce Ambongo sur une vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux.
Cette nouvelle charge cléricale contre le président de la République apparaît donc d’autant plus partisane que le cardinal donne l’impression d’amplifier les thèses extrémistes de l’opposition politique au pouvoir de Tshisekedi. Selon certains observateurs, le prélat aurait été abusé par ceux qui lui ont présenté, à dessein, des propos tronqués du chef de l’Etat, l’induisant ainsi en erreur. Mais l’argument ne convainc pas tout le monde. Surtout pas ceux qui pensent que le n° 1 de l’église catholique dans la ville province de Kinshasa ne mérite aucune excuse s’il ne sait pas s’entourer correctement pour demeurer cette ‘‘église au milieu du village’’ que devrait être la première congrégation confessionnelle congolaise. «C’est la foi catholique qui se meurt », concluent certains, désormais.
LE MAXIMUM