Pour un article de 856 mots à peine, deux spécialistes-maison des questions congolaises au quotidien bruxellois La Libre Belgique, Marie France Cros et Hubert Leclerq, ont uni leurs plumes acerbes pour exprimer rien moins que ce qui apparaît comme une haine viscérale à l’égard des autorités rd congolaises, le Président Joseph Kabila en tête. Résultat déplorable : ils enfoncent davantage Clément Kanku qu’ils veulent pourtant sauver. En effet, sous le titre interrogateur “Un ex-ministre utilisé comme fusible dans le meurtre des experts de l’ONU ?” paru dans l’édition du 22 mai 2017, Cros et Leclerc évoquent trois arguments pour dédouaner l’intéressé. Trois gros ratages retentissants… en l’espèce.
Premier argument : le témoignage d’Omer Kamba selon lequel Clément Kanku est un cousin du Kamwina Nsapu tué ! «Clément Kanku, indique à La Libre Afrique.be, Omer Ntumba, ‘est un cousin du Kamwina Nsapu tué et de celui qui vient d’être nommé. Je ne crois pas qu’il soit coupable; on veut le sacrifier», note le journal qui affirme que «Selon les informations de La Libre Afrique.be, M. Boshab porte une responsabilité dans le drame dans la mesure où, lorsqu’il dirigeait l’Intérieur, on remplaçait systématiquement les chefs coutumiers par des hommes-liges du régime, alors que la loi congolaise interdit de les politiser».
Deuxième argument : le témoignage d'”une autre source kasaienne », non autrement identifiée, qui s’est confiée au journal belge en avançant qu’«’on essaie de noyer le poisson’ en accusant M. Kanku ». A l’en croire, le député “avait déjà été interrogé par les autorités congolaises au sujet de l’enregistrement évoqué par le New York Times“. C’était lors d’une réunion du Conseil de sécurité congolais à Kananga en août 2016.
Et le journal de relever que “Les autorités, à l’époque, avaient dû trouver satisfaisantes les explications de M. Kanku, puisque ce dernier était devenu, en décembre, ministre de la coopération du Gouvernement Badibanga”. Pour La Libre, la non-reconduction de Clément Kanku dans le Gouvernement Tshibala est consécutive à sa position en faveur de la candidature de Félix Tshisekedi à laquelle la Majorité s’opposait.
Troisième argument : le lobbying entrepris aux États-Unis par le Gouvernement. «De là à penser que Kanku est un ‘fusible’, qui doit sauter pour désamorcer la réprobation internationale face à la répression gouvernementale au Kasaï, il n’y a qu’un pas…», suggère plus qu’elle n’informe, «La Libre». Ce pas, laisse entendre le journal, incite à la déduction suivante : «Que certains franchissent d’autant plus facilement que Kinshasa (qui n’a officiellement pas assez d’argent pour organiser les élections destinées à désigner le remplaçant de Joseph Kabila) vient de conclure un contrat de 5,6 millions de dollars (une très grosse somme pour ce type de contrat, selon le site américain Center for Public Intergrity) avec la firme israélienne Mer Security, qui fait sous-traiter ce contrat aux Etats-Unis par la firme de lobbying du Républicain Bob Dole, Alston and Bird. Selon cette dernière, le contrat prévoit qu’elle conseille sur ‘des communications stratégiques, des thèmes politiques’».
Conclusion surprenante du quotidien : «Fournir à un grand journal américain un enregistrement apparemment compromettant pour Clément Kanku, afin de détourner l’attention de l’armée congolaise, gravement compromise au Kasaï, en fait-il partie ? Plusieurs Kasaïens en sont persuadés».
Les confrères belges semblent ne pas se souvenir qu’au troisième paragraphe de leur papier commun, ils viennent de soutenir la thèse selon laquelle la suite des événements «suscite toutefois des doutes au Congo et à Bruxelles, en particulier chez les Bajila-Kasanga, la tribu de Kamwina Nsapu».
Ainsi, le lectorat avisé a tout le loisir de remarquer comment sont mis en exergue le Congo (tout un pays) et Bruxelles (capitale de Belgique), en plus de la tribu de Kamwina Nsapu confondus carrément aux Kasaïens.
Observations
Premier argument : Cros et Leclerq sont censés savoir que personne n’accuse, jusque-là formellement Clément Kanku d’assassinat de « son cousin », le Kamwina Nsapu, tué au cours d’un affrontement avec la police à Tshimbulu au mois d’août dernier.
Or, si on prend en compte le témoignage d’Omer Kamba, on peut considérer que le fait pour Clément Kanku de voir son cousin tué par les forces de l’ordre devrait plutôt constituer un motif raisonnable d’un soutien actif ou passif au mouvement insurrectionnel. Et non pas l’inverse.
Encore que personne n’accuse non plus Clément Kanku d’assassinat des experts de l’Onu. Le journal américain fait observer que le lap top de Zaidan Catalan contient 130 fichiers sur le député. C’est notamment pour enquêter sur les allégations d’implication du député national dans les violences en perpétration dans l’espace kasaïen que Zaidan et Sharp se sont rendus sur place et, hélas !, y ont trouvé la mort.
Deuxième argument : l’audition de Clément Kanku par le Conseil de sécurité congolais l’année dernière n’était pas une condition d’entrée au Gouvernement. La condition était l’adhésion à l’Accord du 18 octobre 2016 issu du Dialogue de la Cité de l’Union africaine. A l’instar de beaucoup d’Opposants membres du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement et signataires de l’Acte d’Engagement du conclave de Bruxelles-Genval, Clément Kanku a participé à ce dialogue au grand dam des radicaux. Il a été nommé ministre de la Coopération à ce titre-là, et non pour son innocence dans le dossier «Kamwina Nsapu». Il n’y a donc pas à faire de l’amalgame là-dessus. D’ailleurs, plusieurs autres membres de l’Opposition signataires de cet accord n’ont pas été reconduits dans l’équipe Tshibala : Pierre Anatole Matusila, Patrick Mayombe, Fidèle Tingombayi et Willy Mishiki.
Troisième argument : si tous les médias occidentaux fonctionnent par lobbying interposé, comme tentent de le suggestionner Marie France Cros et Hubert Leclerq, on comprend alors que c’est moins par déontologie et par éthique, donc par affairisme, que les médias réputés anti-Kabila agissent. Au nombre desquels, cela va de soi, «La Libre» elle-même !
On imagine le « tsunami » de la publication d’une liste des journaux occidentaux devenus pro-Opposition par le fait du lobbying ! Dans cette optique, Marie France Cros et Hubert Leclerq vont vite réaliser à leurs dépens qu’ils n’auront pas aidé Clément Kanku à sauver sa peau. Ils l’auront plutôt enfoncé. Aucun média occidental sérieux ne voudrait intervenir pour lui au risque de s’identifier au service du lobbying anti-Kabila.
Nos confrères se tirent une balle dans le pied !
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum