De nombreux rapports sur l’état de siège décrété au Nord-Kivu et en Ituri, notamment sur la mesure d’exception prise par Félix Tshisekedi fin mai dernier, ont été rendus publics ces dernières semaines.
La caractéristique principale de cette documentation soudaine est de rassembler des faits susceptibles de démontrer l’inefficacité des opérations militaires visant le rétablissement de la paix dans ces provinces perturbées depuis trois décennies. Sur les succès éventuels des opérations de traque des forces dites négatives qui écument particulièrement le Grand Nord-Kivu et l’Ituri voisin, rien ou presque.
Ce ne sont pourtant pas des faits d’armes qui faut défaut. Pas du tout. Il plane dans l’air, particulièrement dans le chef des leaders d’opinion locaux, comme un refus de positiver, systématique.
Rien qu’au cours de ces dernières heures, on note cependant qu’à Kipese, une commune rurale à l’Est de Butembo, des jeunes ont arrêté un présumé rebelle ADF, lundi 22 novembre 2021, preuve s’il en est que les populations locales ne s’accommodent pas de la présence de ces forces négatives dans la région. Interrogé par les services de sécurité mardi 23 novembre, l’homme, un originaire de Mubana dans les montages de Lubero, a reconnu avoir fait partie d’au moins 2 groupes armés de la région, les ADF et le maï-maï FPP. L’implication des originaires dans les tueries déplorées au Nord-Kivu est ainsi de nouveau attestée.
Même si les tueurs du Nord-Kivu et de l’Ituri sont rangés dans la catégorie générale de «forces négatives», selon une dénomination inspirée des organisations des Nations-Unies qui suppose l’existence de «forces positives» en dehors de forces armées nationales, les autorités militaires ne se font guère d’illusions sur le sujet. Le 22 novembre, le gouverneur militaire de la province de l’Ituri expliquait ainsi aux agents du diocèse de Bunia que «nos ennemis sont les groupes armés étrangers, les ADF et les FDLR, tandis que les CODECO, les FPIC, les FRPI et les Maï-Maï sont des hors-là-loi ou des bandits».
Au Nord-Kivu et en Ituri, de nombreux militaires perdent la vie, tués au cours d’affrontements avec des rebelles étrangers ou des milices locales. Les rapports anti-état de siège n’en font que très peu cas, souvent. Au Nord-Kivu, 3 éléments FARDC ont perdu la vie et un autre a été grièvement blessé, lundi 22 novembre à Ngugo, groupement Rugari dans le territoire de Rutshuru au cours d’affrontements avec le M23, selon des sources locales.
Dans la même région, les FARDC ont renforcé leurs positions après les attaques de la nuit du 21 au 22 novembre, dans les zones de Mbuzi, Chanzu et Ngugo, renseigne l’administrateur du territoire.
La cour militaire du Nord-Kivu siègera en audiences foraines du 27 novembre au 8 décembre à Beni et à Butembo, pour instruire au moins 80 dossiers se rapportant notamment à des infractions liées aux abus sexuels.
Mercredi 24 novembre, les FARDC ont repoussé une attaque des miliciens maï-maï contre une de leurs positions à Butembo. Les faits se sont déroulés à Marundi, une colline du quartier Mukalangirwa dans la commune de Vulamba. Selon la société civile locale, deux éléments FARDC ont péri au cours de ces affrontements.
En Ituri, le porte-parole des FARDC, le lieutenant Jules Ngongo, a indiqué que depuis l’instauration de l’état de siège, 342 rebelles CODECO, 58 ADF/MTM, 13 éléments du groupe d’auto-défense Zaïre, 64 FRPI, 226 FPIC et 13 maï-maï ont été arrêtés par l’armée.
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