60 ans après l’indépendance de la RDC (le 30 juin 1960), les Congolais continuent à s’alimenter et à s’habiller mal. Pour ce qui est de l’alimentation, on se contente souvent des déchets de viande. Depuis que des opérateurs économiques étrangers se sont rués sur le marché d’approvisionnement de notre pays en produits alimentaires, et se complaisent dans l’importation notamment de ces déchets destinés ailleurs à nourrir chiens, chats et autres animaux domestiques.
On se rappelle qu’en 1964, sous le mandat de l’ancien 1er ministre Cyrille Adoula, les Nations-Unies avaient inondé nos marchés avec des poulets congelés surnommés « ebembe ya Adoula », en vue de palier à la crise qui avait frappé la jeune République à la suite du manque de devises pour couvrir les importations.
Vers 1976, sous la 2ème République, un expatrié, dont les affaires avaient été nationalisées, était revenu au pays et a obtenu le monopole d’importer, jusqu’à ce jour, du poisson congelé étiqueté «mpiodi» ou chinchard et des poulets congelés. Ça allait encore. Mais à partir de 1990, on a vu apparaître sur le marché des croupions de dindon, de la viande dite «capa», des cuisses d’on ne sait quel animal et dont l’origine paraît douteuse à voir leur dimension ainsi que différentes parties des membranes de poulet réservées ailleurs aux animaux domestiques. Aujourd’hui sur les marchés de Kinshasa, le chinchard est divisé en trois parties. Que les Kinois, trop imaginatifs, ont surnommé «mitraille». Malheureusement, du côté des décideurs on ne bronche pas, parce qu’ils disposent de ce qu’il faut pour s’approvisionner dans les alimentations qui du poulet, qui de la viande de bœuf ou de chèvres chez certains bouchers ouest-africains.
Et pourtant en RDC, le cheptel abonde au Kongo Central, dans le Grand Bandundu, le Grand Katanga, dans toute l’ex-Province Orientale, dans le Nord et Sud-Kivu. Sans oublier les poissons de qualité de toute sorte qui emplissent le majestueux Fleuve Congo ainsi que tous les lacs et rivières qui traversent la RDC de part en part.
La nourriture d’aujourd’hui n’a rien de comparable à celle dont se régalaient nos aïeux et nos parents. Même durant les 80 ans qu’avait durée la colonisation, les Congolais mangeaient bien, propre et à satiété. La viande de bœuf, de chèvre et de poulet étaient à la portée de toutes les bourses et tombaient chaque fois dans les assiettes des plus démunis. Tout simplement parce que le colon pensait avant tout à la santé de la main d’oeuvre dont il avait besoin.
Faute de politique alimentaire digne, le gouvernement affame sa propre population, Et pour ne pas mourir de faim, cette dernière est obligée de se gaver de déchets qui inondent nos marchés suite aux approvisionnements de ces opérateurs expatriés cupides, sans aucune réaction de nos gouvernants qui ne s’en émeuvent nullement. Pourtant le devoir d’un gouvernement devrait être de garantir la bonne santé de sa population. Ce qui passe par une stricte réglementation des importations surtout des produits alimentaires. Parce qu’ailleurs, ces croupions, viande «capa», cuisses…ne peuvent jamais être mis à la disposition de la population pour la consommation humaine.
Des scientifiques affirment qu’à force de consommer ces déchets sans saveur ni calories dont a besoin le corps humain, les maladies comme l’AVC, la leucémie, et l’hypertension sont monnaie courante aujourd’hui. Des maladies que nos aïeux et nos parents avaient rarement connues.
Que dire de l’habillement ?
Sur le plan vestimentaire, c’est la même rengaine. Les Congolais ne sont pas mieux lotis. Or, qui oublie l’élégance vestimentaire qui caractérisait l’homme et la femme du Congo ? En Afrique, les Congolais étaient les mieux côtés pour la tenue vestimentaire. Ils étaient très chics. Les fonctionnaires avaient toujours des belles chemises blanches propres avec cravates assorties à leurs cous. Que dire de nos «moniteurs», ceux qui nous avaient dispensé le savoir ? Des gens respectables et respectés qui s’habillaient de manière élégante. Tout cela n’est plus qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui, un beau costume est l’apanage des hauts cadres de la sphère politique dont même certains ne connaissent pas l’abc de l’habillement, par manque de référence.
Le commun des Congolais, lui, n’a plus de choix. Depuis qu’en 1980, faute de moyens, un compatriote s’était lancé dans l’importation de la friperie dite « tombola bwaka ». Ici aussi, Libanais comme Indo-pakistanais en ont fait leur affaire, en s’emparant de l’exclusivité de ce commerce devenu très rentable. Là aussi, sans aucune réaction des gouvernants qui ont pourtant le devoir de nous protéger et de faire en sorte que les choses changent.
Plus de 60 ans après l’indépendance de la RDC, sommes-nous dignes, nous Congolais, de porter même des caleçons usés ? Avec tout ce que cela comporte comme risque pour la santé, étant donné notre ignorance sur leur provenance. Et surtout leurs utilisateurs initiaux.
HERMAN MALUTAMA