Ils l’avaient pourtant juré, au nom d’Allah le miséricordieux, devant le gouverneur de Kinshasa Gentiny Ngobila et le chef de la Police de la capitale, le général Sylvano Kasongo. Réunis le 12 mai 2021 à l’Hôtel de ville jusque tard dans la nuit, les chefs de file des deux ailes de la Communauté islamique AID EL-FITR SANGLANT AU STADE DES MARTYRS Des morts à la fin du ramadan à Kinshasa au Congo (COMICO), Youssouf Dibondo et Cheik Abdallah Mangala allaient prier ensemble dans la paix retrouvée des fidèles musulmans jeudi 13 mai au stade des Martyrs de Kinshasa. «Nous ne voulons pas gâcher la clôture du jeûne. Que la prière au Stade des Martyrs se passe en paix», avait psalmodié Cheikh Abdallah Mangala mais il n’en aura pas été ainsi. Le rassemblement de prière pour clôturer le ramadan a dégénéré, provoquant entre un et 3 morts selon les sources et l’incendie d’un véhicule de la police. Une prière qui se scande à coups de poings, de gourdins et de coutelas, cela ne s’était jamais vu auparavant dans la capitale. Les faits sont pourtant là. Le général Kasongo fait état de plusieurs blessés graves dans les rangs de ses agents. Preuve s’il en est que les musulmans congolais réunis au stade se sont particulièrement acharnés sur les représentants de la loi venus rétablir l’ordre public perturbé au nom des rivalités entre leurs chefs. Le commandant de la police dans la capitale semble en rendre responsable Gentiny Ngobila. «Le gouverneur aurait dû prendre des mesures depuis longtemps. On a lancé des alertes. Il aurait dû anticiper», déplore-t-il. En fait d’alerte, des sources du Maximum rapportent que cela fait des années que les services d’intelligence signalent un islamisme intégriste, voire extrémiste rampant qui gagne le territoire national. Les incidents du stade des Martyrs ne pourraient être qu’un prélude, explique-t-on. Le gouverneur Ngobila qui s’est empressé de crier victoire mercredi dernier après sa réunion avec les représentants des deux ailes de la COMICO, n’en a visiblement pas tenu compte. Hier au stade des Martyrs, les fidèles musulmans qui se sont affrontés ont également cruellement agressé les forces de police. C’est ce que soutient Djuma Twara, un des Imam responsables. «Les musulmans ne veulent pas de Cheikh Abdallah Mangala. Quelqu’un a voulu l’imposer pour prier. Il y a eu bousculades. Et tout a basculé entre musulmans et policiers», a-t-il dit.
A.M.