Plus malmenés par ses collègues leaders de l’opposition politique que ses adversaires naturels de la majorité au pouvoir, Félix Tshilombo Tshisekedi a fait plus que preuve de résilience, samedi 29 septembre 2018 au meeting du Boulevard Triomphal à Kinshasa. Même sérieusement malmené par une affaire faux diplômes universitaires qui n’arrête pas de rebondir dans les médias et les réseaux sociaux. Et aussi soupçonné et accusé à mots à peine couverts de se disposer à trahir l’opposition (katumbiste) en s’engageant sans autre forme de procès d’intention dans le processus électoral, Félix Tshisekedi ne s’est pas moins présenté devant les combattants tel qu’en lui-même. Le président de l’UDPS/Limete s’est non seulement payé le luxe d’arriver sur les lieux du meeting après tout le monde (à 15 H 10’), mais en plus, il s’est arrangé pour prendre la parole en dernier lieu. L’homme était sûr de lui-même et de son assise populaire, et s’est permis de le prouver à ses concurrents qui n’ont pas bronché. Ils ne pouvaient pas. Samedi dernier à Kinshasa, tout dépendait de Fatshi. Sauf ses propres aptitudes à gérer … le succès populaire … et le reste.
Le speech prononcé par le jeune leader n’a pas totalement rassuré. Et il a pu réveiller les craintes relatives à sa maturité et à sa capacité à diriger l’immense RD Congo. Juché depuis peu à la tête de l’UDPS/Limete, un parti fragilisé depuis la disparition de son leader charismatique, le fils Tshisekedi a, après avoir appelé ses compagnons à privilégier l’unité de l’opposition, versé dans de contre-vérités et des couleuvres difficiles à avaler pour le Congolais lambda. Fatshi a en effet a affirmé que les malheurs des Congolais ont débuté le 17 mai 1997, lorsque les tombeurs de Mobutu ont défenestré ce dictateur qui avait mis le pays sous coupe réglée pendant plus de trois décennies. Une bévue destinée manifestement à caresser dans le sens du poil les nostalgiques du mobutisme nombreux dans les rangs du MLC de Jean-Pierre Bemba, candidat à l’élection présidentielle invalidé par la Cour Constitutionnelle et dont il cherche à récupérer les faveurs.
Parce qu’en soutenant que la vie était meilleure dans ce pays sous la férule de la dictature contre laquelle Etienne Tshisekedi, son géniteur dont il revendique l’héritage et la base électorale, Félix Tshilombo a craché sur la mémoire du « lider maximo » auquel il doit tout le poids politique dont il peut se prévaloir aujourd’hui. Nul n’ignore en effet qu’il n’existe un Félix Tshilombo Tshisekedi que parce qu’Etienne Tshisekedi wa Mulumba a combattu la dictature de Mobutu. Et que la chute du dictateur en 1997 ne peut en aucune manière être considérée comme la fin d’une ère paradisiaque pour les Congolais.
Maladresses
Pire, Félix Tshilombo Tshisekedi a craché sur des millions de ses compatriotes qui avaient fêté à la quasi unanimité le 17 mai 1997, la libération de leur pays des affres de la dictature mobutiste qui les avait étouffés plus de 32 ans durant. L’arrivée au pouvoir de l’AFDL en 1997 n’a été mal vécue que par un groupe de privilégiés et de « fils à Papa » comme Jean-Pierre Bemba qui profitaient outrageusement des injustices sociales et des souffrances de la majorité des Congolais. Peut-être que dans son exil doré en Belgique, Félix Tshilombo Tshisekedi a-t-il pu, au gré des cycles d’affrontements et de réconciliations entre son géniteur et le dictateur défunt, compté parmi ces privilégiés en capturant quelques prébendes ! Mais ce n’est certainement pas le cas du Congolais lamba dont il sollicite les suffrages électoraux.
Félix Tshisekedi n’est pas non plus apparu sous meilleur jour samedi dernier en exprimant des considérations d’une rare légèreté sur le phénomène Ujana, ces filles mineures qui se prostituent dans les rues de Kinshasa. Le candidat président de la RD Congo a déclaré que les Ujana sont aussi des victimes de la dictature. Et ça, peu dans l’opinion scandalisée par les exploits révoltants de ces fillettes en quasi rupture sociale sont prêts l’admettre. « Il a plongé tête baissée dans cette bêtise pour faire plaisir à la foule et il a failli lourdement », explique ce vieux combattant du parti tshisekediste. Qui affirme que « un leader est un guide et non un suiveur ». Assurément, Fatshi, qui a encore beaucoup à apprendre a été trahi par une sorte d’ivresse de lait. Heureusement qu’il n’est jamais trop tard pour ce faire.
J.N.