L’acquittement-surprise de Jean-Pierre Bemba Gombo par la Cour pénale internationale (CPI) le 8 juin 2018 ne fait pas l’affaire de la quasi-totalité des acteurs politiques en RD Congo. Cela, tous les observateurs le subodoraient aisément : relaxé et retourné dans l’arène politique, le chairman du Mouvement de Libération du Congo (MLC) ne pouvait que chambarder les forces politiques en présence. Celles de l’opposition politique autant que de la majorité présidentielle au pouvoir à Kinshasa, mais surtout ces dernières, à en juger par les réactions des leaders politiques de l’opposition qui ont tôt fait de présenter l’ancien vice-président de la République comme un renfort contre le pouvoir en place.
Aussi curieux que cela paraisse, c’est le pouvoir en place en RD Congo et sa majorité qui semblent s’accommoder au mieux du retour ‘at home’ de l’ancien pensionnaire de la CPI. Kinshasa a surpris en faisant diligence dans la délivrance d’un nouveau passeport diplomatique à l’ancien vice-président de la République et Sénateur de son état. A la requête de la chambre haute du parlement rd congolais, le vice-premier ministre et ministre des Affaires Etrangères, Léonard She Okitundu, a prestement dit la disponibilité des services consulaires à Bruxelles à délivrer les formulaires afférents à la délivrance de la pièce d’identité. « Je vous saurais gré de bien vouloir demander à l’Honorable sénateur de dépêcher son agent protocole pour retirer un formulaire de demande de passeport diplomatique auprès de notre ambassade à Bruxelles dont le Chef de Maison a déjà été instruit à ce sujet », avait répondu le PPRD She Okitundu le 22 juin 2018. Sans se faire prier outre mesure. Il est vrai que quelques jours auparavant, au cours d’une émission diffusée sur RFI et TV 5 Monde, le patron de la diplomatie rd congolaise assurait que « Je ne suis pas informé que Bemba a un dossier judiciaire ici. S’il veut rentrer, il va rentrer. S’il a des ennuis avec la justice, c’est lui seul qui le sait. Moi je ne suis pas au courant de cela. » Même son de cloche chez son collègue de la justice, Alexis Thambwe Mwamba, qui déclarait sur les antennes de Top Congo FM que « le Parquet général de la République Démocratique du Congo n’a jamais lancé d’appel à témoin » contre Jean-Pierre Bemba.
Chez ses collègues de l’opposition ne s’observe pas la même sérénité. Sur compte tweeter, Adam Bombole, un ancien du MLC, candidat malheureux à l’élection à la Mairie de Kinshasa en 2006 avant de se porter candidat au ‘top job’ en 2011 et d’échouer lamentablement pour in fine rejoindre le camp de Moïse Katumbi, n’a pas caché ses sentiments : « Le temps des messies est révolu », postait-il rageusement il y a quelques jours. Traduisant un sentiment largement partagé ici, sans doute. Et auquel Fidèle Babala Wandu, fidèle des fidèles de Bemba, a vertement répliqué : « le MLC n’est pas comme l’UDPS et sa politique de la chaise vide, nous c’est le pouvoir ! » … Pour la candidature unique, @fatshi13 et @moise_katumbi sont désormais prévenus … la bataille du leadership est lancée ! », postait-il samedi 23 juin 2018.
Pas de tergiversations donc, au MLC. Les troupes de Jean-Pierre Bemba iront bel et bien aux urnes en décembre prochain.
J.N.