Invité à exposer sur l’impact des situations d’urgence sur les élections, le président de la Commission Electorale Natioanle Indépendante, (CENI), Corneille Nangaa Yobeluo, a exposé, dans un premier temps, la cartographie des situations d’urgence en RD Congo, avant d’analyser ces situations à l’aune de l’ambition de développement que nourrit le pays et de chuter sur leur impact sur les élections. Non sans aborder la question de la machine à voter afin de permettre aux participants de la voir et de l’expérimenter autrement que par les caricatures disséminées à travers les réseaux sociaux.
Dans sa brève cartographie des situations d’urgence, Corneille Nangaa s’est notamment appuyé sur le Rapport de situation numéro 2 daté du 18 avril 2018, œuvre des onusiens de OCHA, pour dresser un état des lieux des situations endémiques, de violences interethniques, d’insécurités et d’incivismes dans quelques provinces. Indiquant qu’un deuxième trait de l’analyse de la situation d’urgence est consécutif à la pauvreté et au désœuvrement qui favorisent l’adhésion de jeunes gens à de mouvements identifiés comme forces négatives.
Ainsi, en provinces du Tanganyika et des Kasaï, Kasaï Central et de la Lomami, la situation de violences et de déplacement des personnes a constitué un problème pendant la phase d’enregistrement et d’enrôlement des électeurs, étant donné que chaque électeur était appelé à se faire enrôler dans la circonscription où il réside. La précarité et la sécurité des personnes et de leurs biens, a eu un impact négatif sur le processus électoral. Dans les provinces de l’espace Kasaï, le temps de cette attente d’accalmie a été tel que la clôture des opérations, initialement prévue pour fin juillet 2017, n’a pu avoir lieu que le 31 janvier 2018. A cela s’ajoute le fait que certaines provinces ont connu un accroissement démographique exponentiel tandis que d’autres ont perdu en nombre d’électeurs, ce qui a impacté la répartition des sièges.
L’autre impact des situations d’urgence sur les élections, c’est que le jour du scrutin, les électeurs enrôlés ailleurs et qui seront entretemps revenus dans leurs patelins, seront privés de leur droit de vote, étant donné que la loi électorale ne prévoit pas les déplacés parmi les personnes devant voter par dérogation. La Commission Électorale Nationale Indépendante a préconisé deux types de solutions à ce problème, a expliqué Nangaa :
Les personnes déracinées hébergées dans des camps de déplacés ont été prises en charge par l’installation de Centres d’inscription dans lesdits camps ;
Les personnes déplacées vivant dans des familles d’accueil, ont été intégrées dans les circonscriptions où elles se trouvent, ce conformément à la loi portant identification et enrôlement des électeurs.
La machine à voter
Pour Corneille Nangaa, un fossé sépare les éléments théoriques du vote électronique contre lesquels des critiques sont formulées de la réalité du système que propose la CENI qui n’est nullement un vote électronique. Il s’agit des mêmes modalités et procédures de vote qu’en 2006 et 2011 : un vote à bulletins papiers. La seule différence, c’est qu’au lieu que les bulletins de vote soient pré-imprimés à l’extérieur du pays, lesdits bulletins sont imprimés dans le bureau de vote (in situ) par l’électeur lui-même qui atteste que le bulletin imprimé reflète exactement son vote avant de le déposer dans l’urne.
Le colloque de Goma sur les personnes déracinées en RD Congo est une initiative de la Conférence des Églises de toute l’Afrique (CETA), rappele-t-on.
J.N.