Encore un pas franchi, 11 mai 2018, sur la voie qui mène, de plus en plus inexorablement vers les scrutins combinés du 23 décembre 2018. La liste des partis et regroupements politiques officiellement reconnus a été publiée au Journal Officiel de la RD Congo. Le même jour, son directeur général, Wale Lufungula, en a remis copie aux Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, Henri Mova Sakanyi. Rien de nouveau sous les tropiques rd congolaises où les cieux demeurent plutôt fertiles : ils sont au total 599 partis politiques qui sont agréés, soit 122 de plus qui ont vu le jour depuis la dernière liste actualisée le 11 mars 2015. Il serait donc né en moyenne, officiellement, une quarantaine de partis politiques par an depuis 3 ans au pays de Lumumba. Toutefois, selon les chiffres fournis par l’administration en charge des partis au ministère de l’Intérieur, pour se donner la chance d’atteindre le seuil qui constitue le sésame pour participer à la répartition des suffrages, ils se sont agrégés dans 77 regroupements.
Ainsi est réglée la véritable quadrature du cercle dont dépendait l’organisation matérielle des scrutins de décembre prochain par la CENI. La centrale électorale avait, en effet, besoin de cette liste officielle des partis et regroupements politiques pour notamment, lancer les appels à candidature et confectionner les listes des candidats dès ce 27 mai 2018, selon le calendrier rendu public le 5 novembre dernier. Ces listes se seraient avérées kilométriques sans la fameuse machine à voter qui présente, dans ce cas précis, l’avantage d’épargner une gigantesque, impressionnante et encombrante paperasse difficile à manier par la centrale électorale et à comprendre par l’électeur congolais lambda.
Est également engagée, la résolution du problème de la « décrispation politique » avant les prochains scrutins, tout au moins dans son volet sur le dédoublement des partis politiques. Et du point de vue des institutions publiques nationales. L’existence officielle de la quasi-totalité des partis politiques qui désireuses de prendre part aux joutes électorales de décembre prochain a été reconnue, assurant ainsi le principe de l’inclusivité si important pour un pays post-conflit comme la RD Congo. « Le gouvernement semble avoir fait de la non-exclusion le principe directeur de l’élaboration de ces listes », explique un analyste politique aux rédactions du Maximum. Qui ajoute que « cela présente l’avantage de se mettre à l’abri des soupçons d’obstruction contre telle ou telle autre force politique du pays ». La balle est donc subtilement et opportunément renvoyée aux acteurs politiques eux-mêmes qui devraient régler les problèmes qui subsistent en faisant preuve de maturité, d’équité et de grandeur d’âme. « Pour ceux qui ne se sont pas mis d’accord, une médiation a été menée par le CNSA. On a trouvé parfois des ententes qui ont permis que les listes ne soient pas en contradiction. Mais ceux qui ne se sont pas mis d’accord, parce que la volonté de ceux qui ont négocié l’accord de la CENCO était que les élections soient inclusives, nous avons dû aligner tout le monde. Au peuple d’en décider », avait déclaré le N°1 du ministère de l’Intérieur, Henri Mova, à l’occasion du dépôt de la liste des partis politiques à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Tel est le cas en ce qui concerne les UDPS, particulièrement. Toutes les tendances de ce parti ont été admises à concourir aux prochaines élections. A commencer par la plus ancienne d’entre toutes, l’UDPS/Kibassa Maliba, dont l’existence officielle remonte à 2006. « Il n’y avait aucune raison juridique valable de l’éliminer en l’absence de la volonté expressément exprimée par ses animateurs », explique une source au ministère de l’Intérieur. Se sont ajoutées, l’UDPS/Tshibala, également agréée le plus officiellement possible depuis plusieurs mois. Mais aussi les UDPS/Tshisekedi de Félix Tshilombo, récemment portée à la tête du parti paternel par un congrès du cru organisé à Limete. Ainsi que l’UDPS/Le Peuple de l’Ingénieur Valentin Mubake Nombi, dont l’agrément remonte à quelques semaines à peine. Latitude est laissée aux différentes tendances de se réconcilier ou de se confédérer, à l’exemple du rapprochement qui semble se dessiner entre l’UDPS/Kibassa présidée par le fils de Frédéric Kibassa Maliba et l’UDPS/Tshisekedi de Tshilombo Tshisekedi, fait-on observer ici. Assurant qu’il y aurait eu plus d’effets négatifs à rejeter une des tendances qu’à les agréer toutes.
Même le camp de Moïse Katumbi voit le prétexte d’obstruction à ses ambitions électorales voler en éclats. L’existence des trois plateformes qui composent « Ensemble pour le changement » est officiellement reconnue : l’Alliance des Mouvements Kongo (AMK) de l’ex UNC André-Claudel Lubaya, l’Alternance pour la République (AR) de Delly Sessanga, et le G7 de Pierre Lumbi.
Certes, toute œuvre humaine est perfectible, et la liste rendue publique vendredi dernier ne manque pas de défauts. Peut-être pas. Le Centre, une plateforme créée il y a peu par l’ex MLC Germain Kambinga, qui revendique la bagatelle de 20 partis politiques agrées et effectivement repris dans le Journal Officiel, se plaint de ne pas avoir été repris sur la liste des regroupements politiques. Son secrétaire général et porte-parole, Joseph Bangakya, annonce des recours dès ce début de semaine.
Mais on peut s’en rendre compte : l’essentiel est fait.
J.N.