Le 6 février 2018, le ministre des PT-NTIC, Emery Okundji, avait demandé à toute personne tant physique que morale, de droit public ou de droit privé, détentrice d’une antenne VSAT et fournisseuse de services d’accès à l’Internet de se faire identifier à l’ARPTC à Kinshasa ou à ses succursales de Bukavu, Kananga, Kisangani, Lubumbashi et Matadi.
Trois mois après le communiqué assorti de menaces de sanctions pénales et même une date butoir le 28 février, il n’y a guère porté d’écho perceptible. Emery Okundji, ministre issu des rangs de l’opposition en RD Congo, n’est pas suffisamment influent pour inspirer la peur de l’Etat, commente un analyste politique. Les antennes VSAT (Very Small Aperture Terminal (« terminal à très petite ouverture ») permettraient, en effet, de transformer les appels venant de l’étranger en appels locaux, créant ainsi un important manque à gagner au Trésor public en termes de taxes.
Beaucoup d’hôtels de Goma, Bukavu, Uvira, utilisent, en effet, la connexion VSAT provenant du Rwanda et de l’Ouganda. Cette connexion ne rapporte malheureusement rien au Trésor public. Et c’est une perte en termes de millions de dollars que subit la RD Congo. La fraude est en réalité fomentée depuis Kinshasa par les concessionnaires GSM de la place.
La firme Vodacom aurait installé des serveurs à Gisenyi au Rwanda pour détourner les appels internationaux entrants en RD Congo, Airtel et Orange ont installé les leurs en Ouganda. Ces informations à prendre avec les précautions d’usage, ont cependant été fournies à la presse par une source crédible, un agent de l’Autorité de Régulation de la Poste et Télécommunication (ARPTC) de 2010 à 2015, M. Serge Ndjoli, ci-devant ingénieur en système d’informations, réseaux et télécommunications. Explications d’expert: « quand l’on fait le ping (commande informatique permettant de tester l’accessibilité d’une autre machine à travers un réseau IP. Ndlr) pour vérifier tous ceux qui sont connectés sur Vodacom par réseau mobile, on constate que tous les pings sont orientés vers MTN, une société basée au Rwanda. Pour cela, Vodacom s’est bien équipée à Goma avec des BTS de liaison (ensemble d’émetteurs-récepteurs et gère les problèmes liés à la transmission radio (modulation, démodulation, égalisation, codage correcteur d’erreur…). Quant à Orange, elle opère à travers Liquid Telecom, basée en Ouganda qui se connecte à la RD Congo par les villes de Bukavu et de Goma, poursuit l’ex-agent de l’ARPTC. Début 2018, le ministre des PT&NTIC, Emery Okundji, a, en effet, attribué une licence de 20 ans renouvelable pour l’établissement et l’exploitation d’un réseau public à fibre optique en RD Congo à Liquid Telecom DRC Sarl. L’arrêté du ministre a été unanimement désapprouvé par la mouvance syndicale de l’Office Congolais des Postes et des Télécommunications, OCPT SA, entreprise d’Etat, à travers une correspondance fin mars 2018. Au cabinet du ministre, l’on explique que l’offre à Liquid Telecom a été faite en accord avec l’ARPTC. Que les attributions et le champ d’exploitation de Liquid Telecom sont conformes à la loi de 2002 sur les télécoms. Que Liquid Telecom se connectera sur la fibre optique de la SCPT. Qu’un contrat d’achat de capacités sanctionnera ce partenariat. Que la SCPT gagnera gros. Que Liquid Telecom s’emploierait seulement à créer des rings métropolitains dans des zones où l’exploitant public ne saurait se déployer comme à Goma.
Il est tout de même curieux que le ministère des PT&NTIC, donc le gouvernement de la RD Congo, anticipe sur l’incapacité sinon l’impossibilité de son entreprise de s’étendre sur une partie du territoire sans raison aucune. Selon la Société Congolaise de Fibre optique, Socof SA, (une seconde entreprise publique des télécoms créée par l’Etat en violation de sa propre loi sur le secteur), le projet Cable african Backbone, CAB5, financé par la Banque mondiale, reliera le Nord-Est du pays à Kinshasa.
POLD LEVI