Le congrès du parti qui l’a récemment porté à la présidence de l’UDPS l’avait investi candidat à la présidentielle 2018. Face aux militants du parti, mardi 24 avril 2018, Félix Tshilombo Tshisekedi ne pouvait pas ne pas se présenter en potentiel présidentiable. Tout le monde le savait, ses (anciens amis) du G7 plus que quiconque au monde sans nul doute. A Ndjili Ste Thérèse mardi dernier, aucun parmi eux n’a été aperçu, même de très loin. Ni, encore moins, aucun de leurs militants, faisant dire à ce taxi-moto qui avait attendu le meeting accoté à un arbre depuis 8 h 00, que « de toutes façons, des combattants ils n’en ont jamais eus, c’est nous qui nous rendions à leurs manifestations mais ils ne nous verront plus ».
C’est à peine si l’ARC Olivier Kamitatu s’est réjoui « … de la sortie réussie de Fatshi » sur Twitter. Pour le reste, personne n’a osé se rendre au meeting d’un potentiel concurrent à la présidentielle issu des rangs de l’opposition. « Il ne fallait pas effaroucher le pourvoir des fonds de la nouvelle plateforme créée en Afrique du Sud. Tout au moins, pas maintenant … » explique une source proche des katumbistes au Maximum.
Des rapports entre les radicaux de l’opposition qui, il y a quelque 2 ans encore, en 2016 au sortir du conclave de Genval en Belgique vantaient à l’unisson le départ de Joseph Kabila du pouvoir, transpire donc plus que de la gêne. Et carrément des discordantes qui pourraient aller s’aggravant. C’est déjà du chacun pour soi … Mardi dernier, cela va de soi, Félix Tshilombo n’a pas pipé mot sur les ambitions présidentielles katumbistes. C’est à peine si l’hériter Etienne Tshisekedi a appelé le gouvernement à laisser revenir l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga au pays. Fatshi, ainsi qu’on surnomme l’héritier du sphinx de Limete, s’est empressé de rendre public son programme de gouvernement, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Moïse Katumbi et de sa nouvelle plateforme, Ensemble pour le changement. « Une subtile manière de prendre de vitesse son adversaire à la prochaine présidentielle », explique un sympathisant Envol, un parti politique katumbiste. Et la réaction n’a pas trop tardé. Dans les réseaux sociaux, des activistes proches du généreux ancien gouverneur de l’ex. Katanga ne s’empêchent plus de critiquer ce qu’ils présentent comme une campagne électorale avant l’heure.
On ne peut pas non plus assurer que dans le camp de l’ancien gouverneur katangais l’atmosphère soit à l’attente d’un programme commun de lutte contre Kabila ou pour accéder au pouvoir. Jeudi 19 avril 2018, une réunion du tout récent bureau politique de Ensemble pour le changement a pris et rendu public l’option d’un meeting le 9 mai prochain à Kinshasa. A tenir à la place Ste Thérèse de Ndjili, comme l’UDPS/Limete, ou sur Boulevard Triomphal, plus près du centre des affaires. En attendant cette échéance, les katumbistes se lancent dans l’organisation de journées porte-ouverte pour vulgariser le programme politique de leur candidat. « Pourquoi on a fait le choix de Moïse Katumbi comme candidat, pourquoi son projet est le meilleur, pourquoi nous espérons que si lui dirige le pays, les choses iront mieux ? Nous allons répondre à toutes ces questions », avance Delly Sessanga, le secrétaire général récemment nommé de la plateforme.
Seulement, comme le meeting de l’UDPS/Limete, mardi dernier à la place Ste Thérèse de Ndjili, celui des katumbistes semble de manière sournoise énerver la trêve politique convenue entre le gouvernement et la partie tshisekediste autour du rapatriement dans les semaines qui viennent de la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi, décédé début février 2018 à Bruxelles. Selon les termes de l’accord conclu samedi 21 avril 2018 entre le gouvernement, d’une part, et la famille Etienne Tshisekedi et l’UDPS/Limete, d’autre part, les parties se sont engagées «à observer, conformément à nos coutumes en pareil circonstances, une trêve politique afin d’éviter toute récupération politique par les propos, gestes et actes de nature à perturber l’organisation harmonieuse de ces funérailles ». « La multiplication des manifestations politiques dont on ne peut pas toujours présager de l’issue à l’approche de cet événement est de nature à compromettre les engagements pris », estime ce diplomate africain en poste à Kinshasa, interrogé par Le Maximum. Là où d’autres analystes, plus tranchants, craignent que « les katumbistes n’en profitent pour occuper les devants de la scène politique en provoquant des incidents qui les présentent en victimes de persécutions du pouvoir en place », comme d’habitude. Entre le retour de la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi et celui de Moïse Katumbi, c’est ce dernier qui est une priorité ici, croit-on savoir.
J.N.