En décidant il y a quelques semaines de se passer de l’appui financier sous conditions des partenaires internationaux et des pays occidentaux, le gouvernement de la RD Congo semble s’être mis à dos ces donneurs qui, en fait ne donnaient rien et ne faisaient que semblant de donner pour mieux asservir le pays. Ainsi que certains acteurs politiques. Dans les rangs de l’opposition, le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba semble être le seul parti politique à désapprouver la décision du gouvernement qui a du reste recommandé aux contributeurs financiers éventuels d’orienter leurs dons vers les problèmes de développement, par exemple.
Dans un communiqué rendu public le 31 mars 2018, la députée nationale Eve Bazaïba, secrétaire générale de l’ancien mouvement rebelle désormais allié à l’UDPS/Tshisekedi se dit « stupéfaite » de cette décision dictée par des raisons de respect de la souveraineté nationale. « L’Accord de la Saint Sylvestre, en son point IV.4, recommande au Gouvernement de mobiliser les ressources internes et externes nécessaires pour le budget des élections et de respecter scrupuleusement le plan de décaissement convenu avec la CENI, et d’encourager la communauté internationale à accompagner la CENI par les moyens logistiques, financiers et techniques pour une bonne réalisation du processus électoral », écrit-elle. « Le refus du financement extérieur des élections cache une manœuvre du gouvernement d’utiliser pour la énième fois le prétexte de contraintes budgétaires comme alibi de report des scrutins tant attendus », a-t-elle dit dans un long communiqué qui reproche également au gouvernement son refus de participer à la conférence des donateurs prévue le 13 avril 2018 à Genève.
Au MLC, la question de la souveraineté nationale est donc secondaire, à en juger par cet appel de la N°2 de ce parti à poursuivre la politique de la main tendue et de la dépendance à l’égard des anciens colons sous prétexte que l’Accord de la Saint Sylvestre le recommande. « En admettant que cela ait été le cas, ce qui reste à démontrer, une recommandation n’est pas un impératif absolu et implique la prise en considération d’autres données pertinentes », explique au Maximum un du cet accord signé le 31 décembre 2016. « Il n’a jamais été dit qu’il fallait impérativement solliciter les moyens financiers occidentaux. Si le pays estime pouvoir se passer de ces moyens, c’est encore mieux. C’est ainsi que tous les signataires entendaient cette recommandation », ajoute-t-il. Tous sauf dame Bazaïba qui, ainsi, trahit une réaction de « négresse de service » formatée pour vivre éternellement sous la férule des « Bwana muzuri », selon le commentaire d’un élu provincial de la Tshopo, joint au téléphone par Le Maximum.
Secrétaire générale d’un parti politique qui prône « la libération », la réaction d’Eve Bazaiba à une décision gouvernementale qui fait la fierté de tout congolais, trahit cruellement les carences idéologiques de nombre d’acteurs politiques en RD Congo. La libération dont se targuent l’ancien mouvement rebelle qui écuma une bonne partie du Nord-Est du territoire national avec le soutien de puissances régionales avides des ressources naturelles de la RD Congo serait, à son point de vue, exclusivement orientée contre les autorités en place en RD Congo, contre des compatriotes pour la simple et bonne raison qu’ils occupent les strapontins du pouvoir que lorgnent jalousement Bazaïba et ses affidés. Pas contre les puissances régionales et mondiales qui œuvrent au maintien du pays dans une indigence et une dépendance économiques qui ne disent pas leurs noms depuis l’aube des indépendances dans les années ’60. Le MLC de Eve Bazaiba et de Jean-Pierre Bemba s’accommode bien du néocolonialisme et de ses avatars. Même lorsque de plus en plus d’africains condamnent la création de ces nouvelles formes de domination représentées par des institutions comme la Cour Pénale Internationale (CPI). Parce qu’elles s’avèrent plus promptes à poursuivre des ressortissants africains que d’autres tout autant coupables de crimes contre l’humanité en Occident, passibles eux aussi de poursuites devant ces juridictions (cas du dossier libyen, par exemple, dans lequel l’implication du français Nicolas Sarkozy est aussi évidente que le nez au milieu de la bouche !). C’est pourtant cette cour à la solde des impérialistes néocolonialistes qui a jugé, et condamné, Jean-Pierre Bemba Gombo, mentor de Bazaïba et président du MLC. Mais le parti d’une des victimes emblématiques de cette justice discriminatoire n’a jamais pipé un seul mot pour condamner les puissances qui tirent les ficelles derrière de telles institutions de plus en plus condamnées sur le continent africain. C’est tout dire. La « libération » version MLC, c’est une libération pour se vendre à vil prix aux puissances financières occidentales, maîtres autoproclamés du monde.
J.N.