Annoncés pour les 30 et 31 mars 2018, les travaux du congrès extraordinaire convoqué pour désigner le successeur de feu Etienne Tshisekedi ont eu lieu aux dates fixées. Des mois durant, l’opinion nationale et internationale avait pourtant été tenue en haleine avec le feuilleton du «rapatriement» de la dépouille mortelle du lider maximo. Des arguments qui n’ont rien à voir avec le fonctionnement d’un parti politique moderne ont été avancés et épuisés pour expliquer l’inexplicable : obtenir une nomination à la primature en contrepartie de l’organisation de funérailles nationales à Kinshasa ; observer des coutumes kasaïennes réservées aux grands chefs Luba lors des obsèques du défunt ; enterrement dans sa parcelle du quartier résidentiel de la commune de Limete ou dans la concession familiale vers N’Sele à défaut des grandes places symboliques de la capitale comme Pont Kasa-Vubu (autrefois Cabu), Place du 30 juin (ex-Gare centrale), Place de l’Indépendance (Ministères de la Justice et des Affaires Etrangères), Esplanade du Palais du Peuple, etc. On en est d’ailleurs venu à envisager l’enterrement du défunt dans son village de Kabeya Kamwanga pendant que Kananga (ex-Luluabourg), sa ville natale, revendiquait le même droit.
Pour accentuer la pression exercée sur les autorités kinoises, Marthe Kasalu Tshisekedi, la veuve du défunt, fut incitée à passer sur Tv5 pour inviter la communauté internationale à user de son influence sur les autorités gouvernementales, passant sous silence les instructions du président Joseph Kabila ordonnant au Gouvernement d’approcher la famille biologique et la famille politique pour organiser des funérailles nationales réservées dignes aux premiers ministres honoraires.
Le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Néhémie Mwilanya Wilondja, fera remettre aux proches du défunt la première partie des fonds destinés à l’organisation du deuil. L’organisation du congrès extraordinaire du parti était, en effet, conditionnée par le rapatriement du corps du défunt…
Et voilà que sans en donner la raison véritable – exactement comme cela fut le cas pour les élections de 2011 pour lesquelles la base avait été mobilisée pour l’enrôlement alors qu’en 2006 elle avait été démobilisée et appelée à boycotter le même processus électoral – la direction de l’UDPS a estimé que le congrès, convocable dans les 30 jours après le décès, la démission ou l’empêchement définitif du président national, pouvait se tenir conformément aux statuts même au-delà des délais prescrits par les mêmes statuts !
Pourtant, que des dégâts collatéraux essuyés par les sympathisants de l’UDPS, les forces de l’ordre et même des citoyens ordinaires au cours de cette année 2017 comme des années précédentes, en raison des morts d’ordres et appels à manifester en soutien aux décisions du parti de Limete ! On peut d’ailleurs avancer que les victimes des manifestations publiques convoquées à l’initiative du Comité Laïc de Coordination (CLC) du cardinal Monsengwo sont à ranger parmi ces victimes d’effets collatéraux …
Congrès anti-statutaire, donc anticonstitutionnel…
En fait, l’UDPS entretient un gros contentieux de démocratisation à l’interne. On ne peut pas se targuer de totaliser 36 ans d’existence (février 1982-février 2018) et ne compter à son actif qu’un congrès ordinaire (celui de 2010) et un congrès extraordinaire (celui de 2018). C’est la preuve que durant 36 ans, ce parti a littéralement piétine ses propres statuts qui prévoient l’organisation d’un congrès ordinaire tous les cinq ans.
26 ans après la proclamation de la libéralisation de l’espace politique par le Maréchal Mobutu le 24 avril 1990, sur 5 congrès ordinaires statutaires, l’Udps – sous le leadership d’Etienne Tshisekedi – n’en a organisé qu’un seul. Et encore, sans appliquer les statuts puisque les deux corps principaux aux côtés de l’organe «Président national», en l’occurrence la «Convention démocratique du parti» (CDP) et la «Commission électorale du parti» (CEP) n’ont jamais fonctionné. Conséquence : l’UDPS s’est retrouvée en 2017 dans l’impossibilité d’organiser le congrès extraordinaire dont une parodie a finalement eu lieu les 30 et 31 février 2018.
Fait gravissime : Peter Kazadi – qui fait office de conseiller juridique – a inventé de toutes pièces la thèse selon laquelle à défaut de la CDP et de la CEP – le secrétaire général Jean-Marc Kabund incarnait à lui tout seul le directoire du parti. Les statuts de l’UDPS chargent plutôt trois organes de gérer les affaires courantes (notamment la convocation dudit congrès), en attendant l’élection du nouveau président national.
Si on s’en tient donc ces textes, le congrès organisé le week-end dernier à Limete est antistatutaire !
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum