Jusqu’au 25 février 2018, radicaux et modérés de l’opposition comptaient encore sur l’instauration d’une période de transition sans Joseph Kabila avant la tenue des élections en RD Congo. A 10 mois des scrutins jumelés présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales prévus par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à fin décembre prochain, les acteurs politiques de l’opposition n’étaient dont pas encore prêts ni favorables à l’organisation des élections dans leur pays.
Mais il est passé comme une baguette magique par là. Depuis quelques jours, ça s’agite ferme un peu partout. Des plateformes électorales, des regroupements politiques se font et se défont, un peu à la hâte. En quelque deux semaines, tout ce beau monde se lance subitement dans la préparation des élections, de l’UDPS/Limete où l’on s’était fait le champion de la fameuse transition sans Kabila (TSK), à l’UNC de Vital Kamerhe en passant par des petits partis et regroupements politiques comme le G6 ou encore l’AR et la Dynamique de l’opposition.
La communauté internationale est passée par là
En réalité, la fameuse communauté internationale est passée par là, qui a fait comprendre sans ambages aux agitateurs de tous bords cornaqués par des nostalgiques néocolonialistes belges et l’opposition dite radicale qu’il n’y avait guère d’alternative crédible en dehors des scrutins préparés par la CENI pour départager les uns et les autres.
Seulement, 8 à 9 mois pour se préparer (sans le sou), c’est bien peu. Et les opposants préservent une seconde corde à leur arc : le boycott du processus électoral. Certes, depuis peu les refrains des uns et des autres sont à la préparation des élections. Au cours d’une intervention remarquée sur les antennes de la radio Top Congo FM au début de la semaine, l’Envol Delly Sessanga tentait encore laborieusement de ressusciter le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP) en lui assignant un rôle de surveillant du processus électoral. « Le Rassemblement doit rester la sentinelle qui doit se battre pour qu’il n’y ait pas de dérive sur cette route qui doit nous conduire vers les élections », prétendait cet unique élu de son parti politique dans le patelin paternel de Luiza. Sans vraiment convaincre, parce qu’au cours de la même émission, le katumbiste s’en allait en guerre contre la machine à voter proposée par la CENI pour régler le problème du bulletin de vote kilométrique et réduire le coût des opérations électorales. « Nous espérons que cette machine à voter ne sera pas retenue comme mode de vote par les élections. Nous l’avons déjà dit avec nos différents regroupements politiques. Nous n’allons pas comprendre que malgré le rejet massif de cette machine que la CENI la retienne. Nous nous battrons pour que la machine à voter ne soit pas utiliser en décembre 2018 ».
La machine à voter, un prétexte
En fait, 4 jours avant Delly Sessanga, l’UDPS/Limete, l’UNC de Vital Kamerhe et le MLC de Jean-Pierre Bemba signaient une déclaration commune affirmant leur détermination à aller aux élections cette année 2018. Mais sans la machine à voter.
Or, sur cette question, la CENI est claire : outre que l’introduction de l’innovation que constitue l’utilisation de la machine à voter est légalement justifiée aussi bien par la constitution et que le fameux accord du 31 décembre 2016, il n’est pas possible de tenir les scrutions jumelés au 28 décembre prochain sans cette technologie. Elle représente aussi bien une économie de temps et d’argent que les opposants font semblant d’ignorer et dont ils veulent se servir pour éloigner la tenue de ces scrutins auxquels ils ne sont pas suffisamment préparés.
Le débat sur la machine à voter, c’est le nouveau prétexte pour repousser les élections.
J.N.