Un peu plus de trois semaines se sont écoulées depuis les déclarations tonitruantes de Jean-Marc Kabund au micro de notre consoeur Sylvie Bongo dans le cadre de l’émission « Po na ekolo » (Pour le pays). Le secrétaire général de l’UDPS, que l’on sait plus que proche de Moïse Katumbi Chapwe, a jeté plus qu’un pavé dans la marre en révélant que les manifestants estampillés chrétiens catholiques par le Cardinal Monsengwo et son Comité Laïc de Coordination étaient en réalité des combattants de l’UDPS. Mais aussi que c’est l’Ir Valentin Mubake Numbi qui avait été désigné par Etienne Tshisekedi au poste de 1er ministre du gouvernement d’union à former à l’issue du dialogue du Centre interdiocésain fin décembre-début janvier 2018. Des affirmations qui ont jeté un froid perceptible dans les travées de ce qui reste de l’opposition dite radicale en RD Congo et dans les milieux d’affaires occidentaux qui les soutiennent. Les médias dits mondiaux, pourtant prompts à jeter en pâture le plus petit événement politique en RD Congo, se sont astreints à une discrétion gênée sur la sortie médiatique du secrétaire général de l’UDPS. Elle avait le don de « fiche en l’air » l’édifice contestataire laborieusement mis en place depuis juin 2016 à Bruxelles en Belgique. Et a été passée sous silence pour que l’opinion internationale ne se rende pas compte de la mascarade de contestation populaire organisée en RD Congo.
Mais à l’interne, nul n’est dupe, même parmi les princes de l’église catholique qui paraissent plus divisés que jamais sur la conduite à tenir vis-à-vis du processus électoral en cours. Au terme de sa dernière assemblée plénière, le 17 février 2018, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) a évité le sujet, à en juger par la déclaration de clôture de ces assises lue et rendue publique par son président, Mgr Marcel Uthembi. C’est la même attitude qui a prévalu à l’occasion des manifestations organisées à l’appel du Cardinal-archevêque de Kinshasa et du CLC en décembre et en janvier derniers. La CENCO avait recommandé au clergé de ne pas prendre les devants dans les manifestations organisées à l’initiative des chrétiens. Les manifestations prétendument chrétiennes organisées à Kinshasa s’avèrent donc l’affaire d’un trio d’évêques de l’Ouest et d’acteurs politiques de l’opposition radicale, tous portés à bouts des bras par des milieux d’affaires occidentaux.
L’opération médiatique de Jean-Marc Kabund aura néanmoins eu le don de porter une double estocade : contre l’unité de l’opposition et contre ce qui reste de l’UDPS/Tshisekedi, en réalité. En déclarant que les « manifestants chrétiens » kinois étaient des combattants de son parti politique, le secrétaire général de l’UDPS/Limete réduisait à la portion congrue le reste des forces politiques supposées de l’opposition politique. Les plateformes bruyantes comme le G7 de Moïse Katumbi, l’Alliance pour le Renouveau et autres ne sont que des tonneaux vides de combattants et de contenus, en quelque sorte. La posture présente l’avantage de placer le parti tshisekediste en position d’interlocuteur privilégié, de Moïse Katumbi ou du pouvoir en place.
Reste qu’en réalité, l’UDPS/Limete est elle-même particulièrement divisée, affaiblie et gênée aux encolures par l’autre aile du parti tshisekediste dirigée par le duo Bruno Tshibala Nzenzhe et Tharcisse Loseke Nembalemba. En révélant à l’opinion qu’Etienne Tshisekedi avait porté son choix sur Valentin Mubake pour le poste de 1er ministre, c’est en réalité le 1er ministre du gouvernement pour le compte de ce parti politique que vise Jean-Marc Kabund. Vraie ou fausse, c’est une révélation qui a pour objectif de jeter le discrédit, de délégitimer en portant sa préférence sur un acteur politique présumé inoffensif.
J.N.