Le gouvernement prévoit de redynamiser des filières agricoles (vivrières, pérennes, etc.,), des chaines de valeurs, des parcs agro-industriels et créer des emplois en milieu rural et périurbain sur une période de deux ans.
Des experts du secteur qui se sont associés à l’analyse critique du budget 2018 organisée fin décembre 2017 par la mouvance de la société civile sont d’avis que le gouvernement n’a ni les moyens financiers ni techniques ou encore technologiques de ses ambitions en un temps record. Le Projet de Loi de Finances 2018 prévoit un budget de l’ordre de 263.023.404.998 FC pour l’agriculture, contre 845.515.036.037 FC en 2017. Il se dégage ainsi en 2018 une réduction de 69 %. La part de l’agriculture dans le budget général est donc passée de 8,36 % en 2017 à 2,6 % en 2018. Pourtant le protocole de Maputo (2003) demande aux Etats signataires d’allouer une part d’au moins 10 % du budget national au secteur de l’agriculture. Pour un secteur considéré comme prioritaire, suivant la Programmation Budgétaire des Actions du Gouvernement (PBAG) 2018-2020, le taux d’exécution des dépenses liées au secteur de l’Agriculture en 2017 a été très faible, soit 4 % et 0 % pour l’élevage et pèche.
Investissements agricoles.
Les prévisions des investissements, soit 93 millions de dollars pour 2018, ne représentent que 9 % de la tranche 2018 des besoins du Programme National d’Investissement Agricole qui est de l’ordre de 1040 millions de dollars. Par ailleurs, la grande part du budget 2018 de l’agriculture est essentiellement financée sur base des ressources extérieures (61,9%) tandis que la participation de l’Etat est de 39,1 % soit de 8.170.700.727 FC. Pourtant, lors des conférences budgétaires, les besoins réels exprimés par le ministère de l’Agriculture étaient de 26 478 100 466 FC. En tout état de cause, la politique agricole du gouvernement repose sur la nécessité d’atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et l’expansion du marché agro-alimentaire afin d’endiguer l’exode rural.
Les stratégies du gouvernement pour parvenir à ses fins se fondent notamment sur l’ l’investissement dans la recherche, la vulgarisation et l’enseignement agricole, la mise en place des mesures d’accompagnement pour la mise en œuvre du Plan national d’investissement agricole (PNIA) ainsi que la poursuite des projets de réhabilitation et de modernisation des routes de desserte agricole. Cependant la loi de Finances n’a aligné que 1.914.000.000 FC dans le domaine d’achat des semences, et rien par rapport à la préservation de la diversité génétique des semences et autres.
Le taux d’affectation des crédits aux provinces et aux ETD et aux investissements est si faible qu’il ne traduit pas le caractère prétendu pro pauvre du Budget 2018. Et au lieu de 98.100.000 dollars attendus, le PNIA ne peut espérer que 11.566.943 USD, soit 11,7 % de l’enveloppe escomptée, font comprendre les experts.
Le réajustement opéré par la commission ECOFIN de l’Assemblée Nationale s’est finalement avéré un simple coup de houe dans le vent. Pourtant des crédits supplémentaires de l’ordre de 1.268.392.850 FC ont été affectés au secteur de l’après réajustement interne des crédits. Ce qui fait que les crédits accordés sont passés de 4.861.987.816 FC à 6 630 380 666 FC, soit un accroissement de 26 % à la rubrique Interventions économiques, sociales, culturelles et scientifiques dans le secteur l’agriculture. Ce crédit accordé fait passer le budget du secteur de l’agriculture de 263.023.404.998 FC à 264.291.797.848 FC.
Malgré cet accroissement, indiquent des experts de la société civile, le niveau du budget du secteur de l’Agriculture, Pèche et Elevage reste inchangé par rapport au Budget Général qui a connu également une augmentation de 10.313.285.661.200 FC à 10.353.133.693 749 FC. Le Projet de Loi de Finances n’appuie les jeunes qu’à concurrence de 0,24 % sur le total du budget du secteur. Dans l’ensemble, aucun crédit n’est prévu pour l’encadrement des femmes, des peuples autochtones et des vulnérables.
Pold Levi