Le ministre national de la Santé publique, le Dr. Oly Ilunga, a de la suite dans les idées, c’est le moins qu’on puisse dire. Au cours de la cérémonie consacrant la sortie officielle de la société congolaise de néphrologie (SOCONEPH), et de l’Association Congolaise des personnes vivant avec les maladies des reins (ACPAMAR), cet ancien chef de clinique et médecin personnel du défunt Etienne Tshisekedi wa Mulumba a invité les deux organisations à créer un organe de régulation des centres de dialyse en RD Congo. Ce n’étaient pas des paroles en l’air. « On doit tous se lever contre le business sur la maladie des reins en élaborant des critères d’agrément pour l’ouverture d’un centre de dialyse en RD Congo afin d’éviter la criminalisation de cette activité et de ne pas permettre l’instauration de mécanismes de dialyse de mauvaise qualité », a déclaré le ministre Oly Ilunga, qui compte sur la SOCONEPH et l’ACPAMAR pour faire aboutir la loi sur la transplantation des reins en RD Congo afin de diminuer la charge de dialyse, difficile à soutenir par une sécurité sociale traditionnelle partout au monde.
Les associations de patients, a expliqué le Dr. Ilunga, ont un rôle important dans le plaidoyer, la mobilisation des ressources, la promotion de l’information et du droit des patients. « Un bon patient est celui qui connaît sa maladie, participe au traitement et à la prise en charge de sa maladie ». Les personnels soignants contribuent à la création des centres, à la formation des professionnels de santé compétents capable de prendre en charge les malades rénales selon les normes internationales. Pour le N°1 du ministère de la Santé, c’est au pouvoir public qu’il revient de définir le cadre de prise en charge des malades des reins. C’est notamment le cas du centre de dialyse récemment créé au sein de l’Hôpital général de référence de Kinshasa (Mama Yemo).
Oly Ilunga a également déclaré soutenir le slogan des deux associations, « ensemble, luttons contre les maladies des reins », mais en le reformulant ainsi : « ensemble, luttons pour la vie, pour la qualité de vie pour donner une chance à la vie », a-t-il suggéré. Parce qu’en matière de dialyse et de traitement des maladies des reins, il y a à boire et à manger, comme on dit. En février 2017, une polémique malsaine, puisqu’elle mettait en jeu la vie de nombreux patients atteints d’affections rénales, avait scandalisé à Kinshasa. Les médecins de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa avaient décrété une grève de 72 heures en signe de protestation contre le Gouverneur de la ville-province de Kinshasa, André Kimbuta Yango. Au cœur du litige : le laboratoire de dialyse dont l’autorité urbaine venait de doter cette formation étatique de soins de santé pour réduire les coûts, extrêmement prohibitifs pour les malades. L’initiative avait été mal perçue par des médecins propriétaires d’appareils privés de dialyse installés au sein même de l’établissement hospitalier qui relève de la ville-province de Kinshasa, et une altercation avait mis aux prises la garde du gouverneur de la ville et deux médecins, qui avait par la suite dégénéré en grève sèche.
Récemment porté à la tête du ministère de la santé, le Dr Oly Ilunga avait dès le début de son mandat, plaidé lui aussi en faveur de la suspension de ces véritables officines privées à l’intérieur de la plus importante formation médicale publique de la capitale. Un médecin de l’ex-Mama Yemo disposait, en effet, de son propre cabinet de dialyse dans l’enceinte de HGRK où le coût d’une séance variait entre 280 et 450 dollars, selon la pathologie. Là où le gouvernement provincial de la ville imposait un prix moyen de 50 USD payables en plus en Francs Congolais.
C’est contre cette marchandisation des soins rénaux que s’était pourtant élevé le premier citoyen de la ville, soutenu en cela par le ministre de la Santé.
En appelant à une régulation dans ce secteur des soins de santé, Oly Ilunga faisait sans doute aussi allusion à ces pratiques qui ne semblent de toute évidence pas avoir pour premier objectif l’intérêt du patient.
J.N.