Le Premier ministre tanzanien, Kassim Majaliwa a appelé jeudi 14 décembre 2017 à une enquête de l’ONU sur la mort de 14 Casques bleus tanzaniens tués le 7 décembre dans une attaque attribuée à des rebelles ougandais de l’ADF dans la région de Beni au Nord-Kivu. Une attaque considérée par les plus hautes instances des Nations Unies comme la plus grave depuis la mort de 24 casques bleus pakistanais à Mogadiscio (Somalie) en juin 1993.
“Le gouvernement tanzanien demande aux Nations unies de mener une vraie enquête, fouillée, transparente“, a déclaré M. Majaliwa lors d’une cérémonie à Dar es Salaam en l’honneur des soldats tués, dont les corps avaient été rapatriés lundi 11 décembre 2017.
“Nous espérons que les Nations unies feront cela rapidement“, a ajouté le Premier ministre qui s’exprimait en présence du secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix. Le diplomate onusien se rendra vendredi 15 décembre à Goma, le chef-lieu de la province du Nord Kivu où un hommage sera rendu aux casques bleus tanzaniens. Samedi 16 décembre, Jean-Pierre Lacroix se rendra à Kinshasa où il aura une série de rencontre de haut niveau avec les autorités militaires Fardc, entre autres.
Le chef des armées tanzaniennes, le général Venance Mabeyo, a indiqué qu’un soldat tanzanien était toujours porté disparu à la suite de l’attaque, en plus des 14 tués, et que les 44 soldats blessés recevaient des soins à Goma, à Kinshasa et à Kampala.
L’attaque sur la base onusienne de Semuliki, dans la province du Nord-Kivu, a eu lieu le 7 décembre à la tombée de la nuit. L’ONU attribue cet assaut à des membres présumés des ADF (Allied Defense Force), des miliciens ougandais musulmans. Il s’agit d’un groupe armé ougandais musulman actif dans cette partie du Nord Kivu frontalière avec l’Ouganda depuis plusieurs décennies.
Selon l’enquête interne aux Nations Unies rapportée par RFI, l’attaque du campement onusien avait débuté vers 17h30, peu avant la tombée de la nuit. Un premier groupe d’assaillants vêtus des tenues Fardc avait pénétré dans la base en se faisant passer pour des militaires congolais venus se ravitailler, selon une pratique fréquente dans la zone.
Pendant ce temps, le reste d’assaillants, plus nombreux, était positionné dans l’épaisse forêt de l’autre côté de la route. Très vite, les premiers coups de feu sont tirés. Ils proviennent à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de la base. Les assaillants semblent bien renseignés, savent où se trouve la salle des communications et parviennent à désactiver le système, avant de l’emporter. Dans leur fuite à l’issue d’âpres affrontements, ils ont abandonné armes et munitions : roquettes, mitraillette et même un mortier, assure une source militaire citée par RFI.
J.N.