Il sera finalement là, Didier Reynders, le vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes. Le plénipotentiaire de l’ancien royaume colonisateur de la RD Congo se rendra à Kinshasa lundi 27 novembre 2017. Il animera même une conférence de presse dans la capitale en marge de l’inauguration, le même jour, du nouveau bâtiment de l’Ambassade du Royaume de Belgique. Didier Reynders aura également des entretiens avec les officiels congolais sur les rapports entre les deux pays. Qui se sont sérieusement détériorés depuis que les libéraux au pouvoir en Belgique ont pris sur eux d’œuvrer à déboulonner la majorité au pouvoir en place à Kinshasa, entrainant dans leur sillage l’Union Européenne elle-même.
L’inauguration du nouvel immeuble abritant l’ambassade belge à Kinshasa offre ainsi une occasion aux deux Etats de discuter franchement des questions qui les oppose. «Le Congo est un partenaire important de la Belgique. Dans les prochains mois, j’irai à Kinshasa pour inaugurer notre nouvelle chancellerie. Nous allons ouvrir des discussions sur ce partenariat. Les conclusions dépendront évidemment de la légitimité des personnes avec qui on travaillera, donc il faut des élections», avait déclaré Didier Reynders le 5 septembre dernier sur les antennes de la radio belge Bel RTL.
Au sujet des élections, l’équivoque est en partie levée, puisque la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a rendu public le calendrier électoral tant réclamé, y compris par la Belgique et l’UE, qui fixe la présidentielle, les législatives nationales et provinciales en juin 2018. A condition que préalables et obstacles, résumés en un chemin critique par la centrale électorale rd congolaise, soient réunis. Parmi ces préalables, l’épineuse question du financement du processus électoral : jusqu’à présent, seul le gouvernement de la RD Congo l’a financé, les partenaires internationaux, dont l’UE et la Belgique, multipliant des conditionnalités avant de délier les cordons de la bourse.
A Kinshasa, la Belgique, qui dissimule à peine son désir de placer ses amis de l’opposition sur orbite avant toute échéance électorale, devrait conditionner son soutien au processus par ce qu’elle désigne cyniquement par le terme de « décrispation du climat politique », en fait, l’incorporation pure et simple des têtes d’affiche d’une opposition qu’elle a monté de toutes pièces et radicalisé dans les rouages du pouvoir. Même s’il n’est pas certain que Kinshasa se soumette à ce diktat qui ne dit pas son nom.
Dans la perspective de l’inauguration de la nouvelle ambassade belge à Kinshasa, Bertrand de Crombrugghe, ambassadeur de Belgique, joue depuis plusieurs mois à l’apaisement . «Occasionnellement, ce n’est un secret pour personne, le ton peut monter. Entre proches, la franchise est de mise, et parfois nous nous disons ce que peut-être nous ne souhaitons pas entendre. Qu’à cela ne tienne, du moment que nous nous efforçons à maîtriser ces moments, à leur conserver leurs justes proportions et à ne pas laisser l’humeur voiler le contenu des messages que nous devons échanger par nécessité (…) Car fondamentalement, Belges et Congolais ont encore beaucoup à se dire, à réaliser ensemble », avait-il souligné à l’occasion de la fête nationale belge le 21 juillet dernier à Kinshasa.
Les travaux de construction de la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa ont été lancés le 26 août 2014 avec la pose de la première pierre par le ministre d’Etat Belge, Armand De Decker, et le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda Ntungamulongo. Il s’agit d’un immeuble de quatre niveaux construit sur le terrain appartenant aux compagnies belges d’aviation Sabena et SN Brussels, d’une surface de 5.000 mètres carrés. Il est situé au croisement des avenues de la Libération, ex-24 novembre, et le boulevard du 30 juin dans la commune de la Gombe.
La nouvelle ambassade du Royaume de Belgique en RD Congo aura la particularité d’abriter les différents services de l’Ambassade, voire, de la Coopération technique belge. On y trouvera également les services d’Ambassades des Pays-Bas et du Luxembourg. Un véritable « tout en un », qui constitue une première dans le monde. La nouvelle chancellerie belge se veut un symbole fort de la présence de la Belgique en RD Congo et l’expression des relations, voulues excellentes, entre les deux Etats.
J.N. ET DMK