Des images du séjour de Félix Tshilombo Tshisekedi au chef-lieu du Haut Katanga, celle qui présente le patron de l’UDPS prêt à en venir aux mains avec des policiers, restera marquée dans les annales. Même si on n’entend pas les propos qu’il tient à ses protagonistes, certainement en français (les témoins pourraient les rapporter), on devine ce dont il s’agit. La seconde image est le message de la fédération Udps “Je suis dans le Père et le Père est en moi“. Deux images qui trahissent le culte de la personnalité…
Si dans son agenda secret le G7 voulait disqualifier le président national du “Rassemblement/Limete” de la course à la présidentielle en faveur de son candidat déclaré, Moïse Katumbi, il aura réussi son coup. A Lubumbashi, Félix Antoine Tshilombo s’est mis hors-jeu. Car, la posture d’homme d’État appelé à un grand destin a ses exigences. Au nombre desquelles la retenue face à tout ce qui a l’air d’une provocation. Même Gabriel Kyungu – son “manager” le temps du séjour lushois – ne réagit jamais en usant des voies de fait sur un agent de l’ordre. Encore moins Moïse Katumbi. Peut-être parce qu’ils ont assumé des hautes fonctions étatiques et sont plus au fait des usages en la matière. Les images saisissantes entrées dans l’histoire (Ghandi, Lumumba, Luther King, Mandela) sont celles des personnages ayant gardé le sang-froid même lorsqu’ils étaient malmenés par les agents de l’ordre…
Primature et présidentiable
De prime abord, il est essentiel de rappeler à tout acteur politique congolais qui ne le sait pas ou fait semblant de l’ignorer que l’armée ou la police est un corps de discipline. Chaque militaire, chaque policier, obéit avant tout à un ordre. Il ne sert à rien de lui demander de s’appliquer par exemple le fameux alinéa 1 de l’article 64.
La Constitution dont l’Opposition se fait l’avocat dit exactement de l’article 182 à l’article 184 de la police ce qui suit : – «La Police nationale est chargée de la sécurité publique, de la sécurité des personnes et de leurs biens, du maintien et du rétablissement de l’ordre public ainsi que de la protection rapprochée des hautes autorités». (Article 182) ; – «La Police nationale est apolitique. Elle est au service de la Nation congolaise. Nul ne peut la détourner à ses fins propres» et «La Police nationale exerce son action sur l’ensemble du territoire national dans le respect de la présente Constitution et des lois de la République» (Article 183) ; – «La Police nationale est soumise à l’autorité civile locale et est placée sous la responsabilité du ministère qui a les affaires intérieures dans ses attributions». (Article 184).
La même Constitution dit de l’armée à l’article 188 : «Les Forces armées sont républicaines. Elles sont au service de la Nation toute entière. Nul ne peut, sous peine de haute trahison, les détourner à ses fins propres. Elles sont apolitiques et soumises à l’autorité civile».
Mais, surtout, en tant que primaturable dans le cadre de l’Accord du 31 décembre 2016 et présidentiable dans celui des élections à venir (on ne voit pas comment va-t-il s’y prendre pour les deux à la fois), Félix Antoine Tshilombo sait qu’aux termes de l’alinéa 4 de l’article 91, le Gouvernement (sans distinction de statut ni de période) «dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité».
Aussi, quelles que soient les circonstances, il ne pouvait, il ne peut, il ne devrait jamais porter la main ou tenter de le faire sur un militaire ou un policier. Même son père, Etienne Tshisekedi, ne l’osait pas !
Réactions de combattant
Comment effacer la gaffe ? La première initiative louable de sa part n’est pas de demander pardon aux forces de défense et de l’ordre. Félix a sa fierté. Mais il doit absolument se défaire de l’«héritage» légué par son feu père aux «combattants» : la culture de défiance de tout homme en uniforme ou en armes. Le grand péché de feu Etienne Tshisekedi fut et restera la désacralisation de l’Autorité de l’Etat, avec pour conséquence la désacralisation de l’Autorité politique, de l’Autorité religieuse et de l’Autorité coutumière. Bref, de la notion d’autorité tout court.
Sous la Transition 1990-1997 appelée aussi «Transition Mobutu-Tshisekedi», le lider maximo n’était pas à proprement parler un meneur d’hommes exemplaire. Il avait fait ou laissé faire du combattant-type un militant au mépris facile, prêt à en découdre avec toute personne qui tente de soutenir le discours contraire au sien ou de l’entraver dans sa marche confondue généralement avec la liberté.
Injurier les gouvernants, brûler le drapeau ou la monnaie, déformer l’hymne national, terroriser les membres du parti en désaccord avec certains actes du chef (phénomène auto-exclusion), tourner en dérision des ministres de Dieu et des chefs coutumiers, faire la chasse aux opérateurs économiques, culturels et sportifs, promettre l’enfer aux professionnels des médias dont le seul tort aura été d’afficher leur droit à la différence, c’était cela, le modus operandi inculqué aux combattants sous le leadership d’Etienne Tshisekedi.
Une laborieuse «remontada» à entreprendre
Au finish, l’Udps est le seul et unique parti à aligner jusque-là le lot le plus important des personnes mortes, blessées, arrêtées, pillées, forcées au chômage, voire à l’exil, ce au nom de la lutte pour la démocratie.
Ce serait, de la part de Félix Antoine Tshisekedi, une grosse erreur que de croire le Congolais lambda prêt à d’autres sacrifices. La preuve est qu’à chacune de ses prestations publiques à Kinshasa, la mobilisation de la base est de moins en moins forte.
L’Udps a une laborieuse «remontada» à entreprendre.
Fatshi est bien placé pour le savoir : depuis sa création en 1982, ce parti ne s’est jamais véritablement et sérieusement préparé pour une échéance électorale.
En attendant, il va bien falloir qu’il s’en rende compte et n’en nie pas l’évidence : le séjour à Lubumbashi n’aura pas été un succès. Si le G7 – tête pensante et agissante du «Rassemblement/Limete» – a cherché par cette occasion à le décrédibiliser aux yeux des «parrains occidentaux», c’est désormais fait.
A lui d’en tirer la leçon !
Omer Nsongo die Lema