L’a-t-on remarqué ? Au cours de ces deux dernières décennies, toute personnalité américaine de haut rang de passage en territoire congolais a toujours une petite heure pour le Kivu frontalier, avec préférence pour Goma par rapport à Bukavu, plutôt que pour le reste du pays. Même l’espace kasaien, qui a pourtant énormément besoin de manifestation de la solidarité américaine, vient d’être ignoré.
Avant Nikki Haley, qui a réservé la primeur de son court séjour en RD Congo à cette ville, il y avait déjà eu Hillary Clinton qui y avait rejoint en 2009 le Président Joseph Kabila.
Cette fixation sur le Nord Kivu doit interpeller le leadership politique congolais.
Il est vrai que c’est dans cette province que se concentre le gros des troupes de la Monusco, mission financée en grande partie par les Etats-Unis.
Il est aussi vrai que dans cette province se concentre le gros des forces négatives congolaises et étrangères. Ils seraient une quarantaine.
C’est surtout dans cette province que le terme “minerais de sang” prend tout son sens.
Paradoxalement, en 20 ans bientôt de déploiement, la Monusco continue de se révéler incapable de neutraliser principalement les groupes rebelles rwandais, ougandais et burundais pourtant ciblés dans l’Accord de Lusaka de 1999. Accord qui charge formellement la force onusienne, au chapitre 8.2.2 relatif au «Rétablissement de la paix» de «traquer et désarmer les groupes armés », «identifier les auteurs des massacres, les auteurs des crimes contre l’humanité et les autres criminels de guerre», «traduire les génocidaires devant le Tribunal International Pénal», procéder au «rapatriement » et « élaborer toutes les mesures (persuasives ou coercitives) jugées appropriées pour atteindre les objectifs de désarmement de rassemblement, de rapatriement et de réintégration dans la société des membres des groupes armés».
Aucun esprit cartésien ne peut comprendre qu’une quinzaine de milliers de Casques Bleus ne parvienne pas à neutraliser ces groupes qui écument l’est du pays et qui se renouvellent en ressources humaines et en équipements militaires au moyen, soutiennent toutes les enquêtes formelles et informelles, du trafic des minerais en vente curieusement en Occident, Etats-Unis compris.
On peut soupçonner une volonté manifeste dans le chef des «décideurs» de maintenir et d’entretenir l’état d’insécurité pour des objectifs connus des initiés…
D’ailleurs, tous les indices incitent à l’admettre : la guerre des Grands Lacs se terminera le jour où Washington le voudra…
Tant que Washington ne dira ou ne fera rien, la guerre se poursuivra au nez et à la barbe des Représentants Spéciaux du Secrétaire Général de l’Onu, libres de se défouler sur les autorités congolaises.
La diversion pour rendre cette mission utile est la paire «Droits de l’homme-Élections”. Ayant visiblement échoué dans la question sécuritaire, la Monusco y a trouvé chaussure à sa pointure en se contentant d’assurer des monitorings des violations des droits de l’homme et la logistique du matériel électoral.
Mais, Goma garde tout son intérêt dans les calculs géopolitiques et géostratégiques. Du moins côté Washington.
Lorsque Nikki Haley soutient, avant de quitter New York pour son périple africain, que s’agissant particulièrement de la RDCongo «Nos intérêts sont certes humanitaires, mais ils sont aussi économiques et stratégiques», forte est l’envie de chercher à savoir que sont-ils ces intérêts certes, mais surtout où sont-ils !
Avis de recherche…
Omer Nsongo die Lema