La 72ème session ordinaire des Nations-Unies a connu son lot de faits divers. Exclusivement réservée aux représentants des Nations du monde qui s’expriment en plénière, à huis clos ou en informel, dans le mythique immeuble de verre qui sert de siège aux Nations-Unies, le rituel de la session ordinaire de cette année aura été un temps perturbé par quelques intrus. Piqués par on ne sait quelle mouche, un groupe d’acteurs de l’opposition politique rd congolaise, rameutée par le fugitif Moïse Katumbi et composée notamment de son factotum Félix Tshilombo Tshisekedi et leurs affidés Paul Nsapu, Mbata Mangu et Floribert Anzuluni, se sont donnés en spectacle en allant arpenter les couloirs du siège de l’organisation mondiale grouillant de ses prestigieux dirigeants. Ne sachant pas par où commencer ni comment s’y prendre pour entreprendre des rencontres informelles supposées tenir lieu de ‘’plaidoyer pour une transition sans Kabila’’, une rengaine inconstitutionnelle qui s’est terminé en eau de boudin avant même d’être discuté par qui que ce soit, ils ont erré dans les interminables couloirs du Palais des Nations comme des oiseaux perdus à la recherche d’une oreille charitable.
Intrigués, les services de sécurité et du protocole des Nations-Unies eurent vite fait de les interpeller pour leur faire comprendre que là n’était pas leur place. Soumis à un interrogatoire courtois mais ferme, ils furent sommés de décliner leurs identités. Le ‘’Baby Doc’’ (le surnom est d’un ami de son défunt père, actuel 1er ministre du gouvernement de salut public en RD Congo) de l’aile radicale de l’UDPS et l’autodidacte homme d’affaires katangais marmonneront quelques mots dans un anglais approximatif qu’ils avaient « des choses à dire sur leur pays la République Démocratique du Congo qui est mal dirigée par Joseph Kabila ». On leur répondit que des quatre coins du monde affluaient de tels godelureaux avec la même rengaine, que leur statut était celui de « pétitionnaires » et leur place sur la petite esplanade des manifestants hors du prestigieux édifice en diagonale de la Trump Tower qui trône en face du Palais de l’ONU.
Expulsés du bâtiment dans lequel la délégation envoyée par le président Joseph Kabila qu’emmenait le chef de la diplomatie rd congolaise, Léonard She Okitundu, les partisans de « la transition sans Kabila » battirent en retraite sans demander leur reste. De quoi rappeler à tous ceux qui ont été à bonne école un célèbre texte de l’Anthologie française ‘’Un persan à Paris’’, qui relate l’histoire comique de cet asiatique enturbanné qui tournoyait telle une toupie dans les rues de Paris ne sachant où aller ni quoi faire et provoquant la curiosité et l’hilarité des habitants de la Ville Lumière.
Partisans invétérés du « Muzungu anasema »
Exfiltrés du hall of fame onusien où la délégation officielle congolaise se déployait comme un poisson dans l’eau, les membres de la fraction ultra-radicale du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement se rabattirent dans la suite luxueuse de leur chef de file Moïse Katumbi, un hôtel huppé de Manhattan où, remâchant leur dépit, ils décidèrent de se fendre d’un communiqué aussi rageur que pathétique contre le gouvernement de leur pays.
Rappelant opportunément leur adhésion au « Manifeste du citoyen congolais » – Une idée de Sindika Dokolo, impatient de retrouver les faveurs d’un autre palais présidentiel après la retraite de son beau-père Edouardo Dos Santos – Moïse, Félix, Floribert, André et d’autres sous-fifres de la société civile aux ordres y ont « statué » (sic !) « sur la situation grave de la RDC ». En lieu et place du même peuple dont leurs partis politiques vantent de temps en temps la souveraineté !
Rien de surprenant pour qui se souvient du témoignage du Togolais Edem Kodjo dans Jeune Afrique, qui n’en revenait pas d’entendre de la bouche d’un sociétaire du G7 que son pays était « une ferme des Etats- d’Amérique » à l’époque où l’administration Obama faisait miroiter à certains d’entre eux un avenir présidentiel imminent. Ils sont nombreux parmi les politiciens inconscients à avoir rallié Genval, convaincus que tout allait se passer selon le bon vouloir des « maîtres du monde » qui avaient alors décrété la fin de Kabila avant décembre 2016… A New York, les Katumbi boys hantaient encore les allées de Manhattan en … septembre 2017.
C’est tout l’abrégé de l’état d’esprit de l’aile mercantiliste du Rassop qui, tout en se disant favorable à la tenue d’élections avant la fin de cette année, ne fait preuve d’aucune préparation. Au lieu de rechercher le soutien populaire nécessaire à toute victoire électorale, ces « créatures des occidentaux » passent le plus clair de leur temps entre la capitale Kinshasa et les pays européens ou aux Etats-Unis, zigzaguant entre studios des médias périphériques et chancelleries occidentales. « Je me demande quel électorat ils comptent rallier dans les ambassades et les capitales occidentales », se demandait un africaniste belge peu suspect de sympathie pour Joseph Kabila et son régime. Pendant ce temps, le leader de la Majorité présidentielle et ses partisans qu’on accusera d’avoir « usurpé » la victoire aux prochaines élections, sont eux auprès des populations, y compris de l’arrière-pays, soucieux de maintenir inviolé le pacte conclu en 2006 et 2011.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’aile radicale du Rassop, orpheline du ‘lider maximo’ Etienne Tshisekedi wa Mulumba, est tout simplement à ce jour déconnectée de la réalité et déboussolée, après avoir sacrifié l’essentiel de ses ressources à la recherche d’un adoubement étranger. La seule bouée de sauvetage qui reste dans cette noyade inévitable, est la fameuse « transition sans Kabila », une pure vue de l’esprit en déphasage total et avec l’accord de la Saint Sylvestre et avec la Constitution de la République qui ne laisse de place à aucune transition de quelque nature que ce soit, dès lors qu’un président élu est en fonction et qu’un processus électoral est en place pour permettre l’avènement de son successeur.
Tout porte à croire que 57 ans après l’indépendance du Congo-Kinshasa, les sociétaires du Rassop katumbiste, qui piaffaient d’impatience dans l’espoir d’être catapultés au sommet du pouvoir par des parrains occidentaux, sont dorénavant ramenés à la case départ de la conquête démocratique et constitutionnelle du pouvoir, avec tout le retard qu’ils auront accumulé dans la recherche du soutien populaire, surtout à l’intérieur du pays où ils n’ont jamais mis pied.
L’Onu choisit la solution africaine
Le malheur, on le sait, ne vient jamais seul. La déconvenue des signataires de la fameuse – et fumeuse – déclaration de New York a été rapidement suivie par une déculottée à la consultation à huis clos sur la situation des élections en RDC tenue en marge de la 72ème session ordinaire des Nations-Unies sous la présidence du Secrétaire Général Adjoint, Jean-Pierre Lacroix. En dépit d’une énième tentative de l’Union européenne mise en minorité par le groupe des décideurs africains (Union africaine, SADC, CEEAC…) l’ONU a résolu de manière claire et sans équivoque de favoriser une meilleure coordination des efforts internationaux, régionaux, sous-régionaux et nationaux dans… la mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre, loin de l’esbroufe des Européens dont le parti pris avec des sanctions unilatérales et illégales a été perçu comme étant de nature à envenimer la situation.
Leçon morale
A force de vouloir prendre leurs vessies pour des lanternes, Félix Tshisekedi et son financier Moïse Katumbi viennent d’apprendre à leurs dépens qu’une session ordinaire des Nations-Unies n’est guère le lieu d’ergoter sur des vétilles. Ravalés au rang de pétitionnaires, leur communiqué pathétique n’aura guère ému grand monde au sein de cet aréopage international. Les Congolais de tous bords ont été fermement invités à se préparer pour « des élections à bonne date » parce « the game is over », selon les mots d’un diplomate américain. Il va de soi que tout ceci ne suffira pas à mettre un terme à la théâtralisation de la vie politique à laquelle semblent s’être abonnés le Rassop de Katumbi. Mais comme le dit une sagesse des nations, le chien qui aboie ne peut empêcher la caravane de poursuivre son bonhomme de chemin.
JBD
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