De nombreux grands hommes de la planète, qui se recrutent essentiellement en Occident, naturellement, l’avaient déjà honoré de leur hospitalité sans que cela suffise à faire du médecin gynécologue de l’hôpital général de référence Panzi au Sud Kivu une alternative politique valable en RD Congo.
La donne semble avoir notablement évolué : depuis qu’il a été reçu à l’Elysée par le tout nouveau Chef d’Etat de France, Emmanuel Macron, Denis Mukwege Mukengere s’est comme paré de nouveaux attributs. Le gynécologue est présenté, ni plus ni moins, comme « le candidat des occidentaux à la présidence de la République pendant la transition sans Kabila ».
La constitution et les textes légaux en vigueur en République Démocratique du Congo ne prévoient nulle part un quelconque vide à remplir par des institutions de transition et maintiennent expressis verbis le président de la République dans ses fonctions à la magistrature suprême même après forclusion de son mandat jusqu’à son remplacement par un nouveau Président de la République élu, mais quelques têtes brûlées de l’opposition manifestement circonvenues par des manipulateurs occidentaux fauteurs de guerre dans l’hémisphère Sud font des pieds et des mains depuis plus d’un an pour le « dégager » sans aucun fondement juridique.
La constitution entre parenthèses
Si cela s’avère, ces mercantilistes et leurs affidés stipendiés devront préalablement mettre entre parenthèses la constitution du 28 février 2006 que le peuple Congolais a adoptée par referendum il y a à peine une dizaine d’années pour lui substituer, on ne sait trop par quelle alchimie, par un autre texte fondamental destiné à régir la fameuse transition dont nul à ce jour n’est capable de présager de la durée.
Plutôt que verser dans l’étude de si, si et encore si, plus intéressant est d’observer comment George Soros, l’octogénaire sociétaire de First Quantum qui tient à faire payer à Joseph Kabila ses déboires dans les juteux marchés des ressources minières congolaises et ses acolytes de l’opposition dite « radicale » ont réussi à se fabriquer un candidat présidentiable putschiste, tout en prétendant « urbi et orbi » lutter pour le respect de la légalité républicaine dans un pays africain souverain dont le peuple a conquis de haute lutte son indépendance il y a un peu plus de 57 ans demi-siècle après plus d’un siècle d’une exploitation coloniale sans fards.
Médecin de campagne activiste
Des médecins gynécologues, la République Démocratique du Congo en compte de grande renommée, de plus grande renommée que le médecin directeur de l’hôpital général de Panzi, non loin de Bukavu au Sud Kivu. La particularité du Dr Mukwege Mukengere n’est donc pas vraiment à chercher dans la profession de sa formation et dans ses activités qui relèvent du reste quelque peu d’une certaine débrouillardise. C’est à Bujumbura, au Burundi voisin qu’il entreprend et réussit ses études de médecine à partir 1976, après avoir tenté sans succès deux ans durant des études d’ingénieur à la faculté polytechnique de l’Université de Kinshasa. Sans vouloir dénigrer cette ancienne colonie belge, l’alma mater de Bujumbura n’a rien d’une Sorbonne de l’Afrique Centrale en matière de formation en médecine. Loin s’en faut. S’il est un domaine de formation où les Congolais formés localement se défendent particulièrement bien, notamment dans les pays africains où ils peuvent exercer, c’est bien la médecine. On ne dit pas souvent la même chose des facultés de médecine des pays environnant, dont le Burundi. C’est pour parfaire cette formation tropicale que Denis Mukwege s’est spécialisé en gynécologie en Europe, précisément à Angers (France) grâce à une bourse de la Swedish Pentecostal Mission. Ce n’est qu’en septembre 2015, il y a donc juste deux ans, que le médecin directeur de l’hôpital d’Etat de Panzi a obtenu le grade de docteur en sciences médicales de l’Université Libre de Bruxelles après la défense d’une thèse sur «Etiologie, classification et traitement des fistules traumatiques uro-génitales et génito-digestives basses dans l’Est de la RDC ».
Spécialisation en gynéco à Amiens
Mais Denis Mukwege s’était déjà fait une réputation avant cette distinction scientifique, grâce à son engagement dans le domaine humanitaire durant la période trouble des rébellions de l’Est rd congolais. C’est ce qui le distingue de la plupart de ses nombreux collègues médecins en général et gynécologues en particulier. C’est une subvention du Pingstimissionens Utvecklingssamerbete (PMU), un organisme caritatif Suédois, qui lui a permis d’entretenir un service gynécologique à l’hôpital général de Panzi, qui lui permet de soigner les femmes atteintes de problèmes fistulaires. En cette période où rébellions et milices pullulaient dans la région du Kivu, la clientèle n’y faisait pas défaut : les viols de femmes et jeunes filles, utilisés comme arme de guerre par les multiples groupes armés financés par des agents au service des multinationales occidentales en quête de minerais congolais à vil prix y étaient signalés en grand nombre. La communauté internationale y accorde la plus grande attention et Denis Mukwege est devenu en très peu de temps un médecin vedette. Bientôt, il sera surnommé par le vidéaste belge Thierry Michel « le réparateur des femmes ». Un qualificatif qui comporte une connotation péjorative, puisqu’il ravale des êtres humains au rang de « machines » réparables, mais il n’en a cure car grâce à cette publicité tapageuse, les fonds rentrent. En coulisses et en privés, ses collègues ne se privent de le critiquer : la réputation que se forge Denis Mukwege est assise sur une supercherie, au moins partielle, que personne n’ose décrier à haute voix. En effet, les problèmes fistulaires dont souffrent les femmes n’ont pas que le viol pour unique origine. « Dans la plupart des cas, il s’agit de problèmes consécutifs à de nombreux accouchements mal assistés, qui s’opèrent dans la plupart des villages de la République Démocratique du Congo. De tels problèmes gynécologiques sont très répandus sur tout le territoire de notre pays et dans plusieurs autres pays africains, essentiellement dans l’arrière-pays, et pas seulement au Sud Kivu », a signalé à nos rédactions un professeur des Universités. Mais la renommée de l’acteur humanitaire de premier plan qu’est devenu « le médecin réparateur des femmes » impose le silence. Et tout le monde se tait. Mukwege lui-même aussi, qui n’a eu ni le courage, ni l’objectivité scientifique d’avouer une vérité qui présente à ses yeux l’inconvénient de diminuer la portée – et les dividendes – sonnantes et trébuchantes de son « œuvre philanthropique ».
Renommée fabriquée de toutes pièces
La renommée grandissante du Dr Mukwege Mukengere illustre, parmi d’autres exemples, le mode de « fabrication » de leaders pour pays africains, utilisé par certains milieux Occidentaux après les indépendances. Deux traits principaux se dégage dès la période « faste » des viols des femmes et de jeunes filles par des hommes armés à l’Est de la RD Congo. Le premier réside dans la création ou la provocation de l’incident ou de l’accident-mère : l’insécurité à l’Est. Comme chacun le sait, la situation sécuritaire instable dans cette partie du territoire de la RD Congo est directement liée à des intérêts économiques et industriels occidentaux pour les ressources naturelles dont la région est immensément riche. Ce n’est plus un secret : rébellions et milices de tous genres se nourrissent de la vente de minerais dits de sang aux … multinationales occidentales. L’insécurité à l’Est de la RD Congo (Nord Kivu et Sud Kivu) est donc occidentale. L’antidote aussi, grâce au génie des manipulateurs stipendiés notamment par des traders sans foi ni nlois comme George Soros qui financent les « faiseurs d’opinions », les ONG et le médecin réparateur … des victimes de l’insécurité. Qui a été littéralement bombardé de distinctions et de prix, jusqu’à frôler le Nobel en 2016 ! Rien de tel pour faire du médecin de campagne qu’était en fait Denis Mukwege, le célèbre « sauveur de l’humanité » qu’il est devenu.
La solution du pyromane
L’Occident est ainsi parvenu à fabriquer « son » présidentiable. Il cherche à en faire sa monnaie de rechange en RD Congo. Reste maintenant à l’imposer à toute l’étendue de l’immense territoire qu’est ce pays gâté de ressources naturelles au centre du continent africain. Pour cela, il fallait une crise de plus grande envergure que les viols de femmes circonscrits dans une seule des 26 provinces du pays de Lumumba. Facile, pour un pays dont l’économie est basée sur l’exploitation des ressources minières. Une petite secousse dans les prix des matières premières (minerais) qui constituent de la production économique de la RD Congo, aura suffi pour arrêter le semblant de progrès amorcé au début des années 2010. L’extraordinaire taux de croissance de la RD Congo, vanté quelques années plus tôt, s’est mis à fondre comme beurre au soleil dès lors qu’il a été question, en Occident, de compromettre coûte que coûte la survie de la majorité au pouvoir au-delà du second mandat présidentiel de son chef, Joseph Kabila Kabange.
En RD Congo, depuis 1960, il n’y a en fait rien de nouveau sous le soleil. Les crises économiques et sociales sont toujours télécommandées par des mains noires occidentales, à l’évidence. Les solutions aussi : le médecin « réparateur des femmes » devient le réparateur de la crise politique, économique et sociale » fabriquée de toute pièce. Joseph Kabila avait refusé d’être le Président pour les intérêts des mercantilistes occidentaux. Denis Mukwege Mukengere, ou un autre encore, pourra toujours faire l’affaire. Pourvu que la machine à exploiter à vil prix continue à tourner.
J.N.