Les Congolais en général et les kinois en particulier se souviennent encorre de l’immense émoi suscité, il y a près de deux mois à peine, par l’assassinat de Mme Mboyo Mombi Chantal, la juriste qui administrait le Marché Central de la ville de Kinshasa, communément appelé « Zando ».
Que des supputations, que des soupçons, que des commentaires entendus au sujet de ce meurtre de sans commis le 14 juillet 2017 en plein jour.
Pendant que le citoyens lambda rendait les adeptes de Bundu dia Kongo (BDK) ou ceux de Kamwina Nsapu responsables de l’épopée sanglante qui a conduit à cet assassinat, les habitués du Congo-bashing d’ici et d’ailleurs sont allés jusqu’à mettre ce crime qui a défrayé le chronique sur le dos du pouvoir en place, en quête de prétextes pour justifier sa prorogation par un état d’urgence, se régalait-on dans certains salons peu bien famés.
La vérité finit toujours par éclater
Mais, comme l’a si bien changé l’artiste musicien congolais Koffi Olomide, « le mensonge a beau prendre l’ascenseur, la vérité finit toujours par éclater même en empruntant l’escalier ». Depuis mardi 5 septembre 2017 aux alentours de 23 heures, le sang de Chantal Mboyo est en train de rattraper ceux qui l’ont arraché à l’affection de siens. Le coauteur de son assassinat, activement recherché par les forces de sécurité, a été interpellé. Il s’agit de sieur Kabamba Kaleo Francis, qui s’est identifié comme un ressortissant du territoire de Ngandajika (Province de la Lomami). En guise d’occupations professionnelles, l’homme indique être un ancien membre de ces groupes de creuseurs irréguliers de diamant dénommés « les suicidaires », qui opèrent dans le Polygone de la Minière de Bakwanga (MIBA) à Mbujimayi (Kasai Oriental).
Selon des sources proches de l’enquête, Kabamba Kaleo a reconnu être l’auteur du coup de feu fatal par AK 47, qui a achevé la malheureuse Mme Mboyo, poignardée auparavant par son comparse Ben Cimanga, déjà aux arrêts. Kabamba Kaleo a par ailleurs fourni des informations précieuses et des détails révélateurs, qui seront fort utiles pour la manifestation de la vérité dans cette odieuse affaire.
Un acteur politique cité
Bien que les enquêteurs refusent d’en dire davantage à cette étape pré-juridictionnelle de l’instruction du dossier, un vent favorable renseigne que l’assassin présumé aurait cité le nom d’un acteur politique bien connu de l’opposition comme commanditaire de l’offensive terroriste du 14 juillet 2017 au Marché central de Kinshasa au cours de laquelle il a commis son forfait : Jean-Marc Kabund-a-Kabund, ci-devant secrétaire général de l’UDPS/Limete. Un détail que les sources policières contactées se gardent prudemment de confirmer. Sans l’infirmer, néanmoins. Obligation de réserve, avance-t-on chez les flics.
Nos limiers restent toutefois sur le qui-vive dans la mesure où, si cette information s’avérait exacte, un mandat de comparution ne tarderait pas à être émis à l’encontre de cet acteur politique de premier plan. On ne saurait imaginer une autre issue à cette triste saga. Lorsque l’arène politique se transforme en une véritable boucherie humaine (Mme Mboyo a été tuée avec son garde du corps) assortie de crimes organisés ou commandités par certains dans le but de nuire à la réputation des autres, cela ne peut que faire froid dans le dos et ne peut laisser aucun citoyen censé indifférent.
La lutte politique au sein d’un régime démocratique que tous les Congolais appellent de leurs vœux obéit à des règles éthiques et morales qui proscrivent d’attenter à l’intégrité physique des gens et obligent les acteurs des camps adverses à respecter la vie humaine qui demeure sacrée.
En attendant l’issue de l’instruction en cours dans le dossier du meurtre de Chantal Mboyo, chapeau bas, c’est le moins qu’on puisse dire, aux forces de l’ordre qui sont parvenus à mettre la main sur l’un des principaux auteurs de ce crime odieux. Aux autorités judiciaires nationales de faire diligence pour que toutes les personnes citées dans cette affaire rendent compte à l’opinion publique de cette vague de terreur dans laquelle les Congolais ont été plongés. La suite nous en apprendra davantage.
NYANDUI KASONGO
(Journaliste d’investigation)