L’équation, hautement sensible, de l’inclusivité du processus électoral est en passe d’être résolue par la CENI, avec le concours du gouvernement de la République qui est parvenu à réussir vaille que vaille le pari de la sécurisation des provinces kasaïennes. En séjour de travail à Kananga, le chef-lieu de la province du Kasaï Central, Corneille Nangaa Yobeluo, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a annoncé le lancement des opérations de révision du fichier électoral dans cette partie du pays. La dernière, demeurée en marge à cause de l’insécurité qu’y avait causé le phénomène des milices se revendiquant, à tort ou à raison, de Kamwina Nsapu. Le 4 septembre 2017, dans quelque 72 heures donc, débutent les opérations d’enrôlement des électeurs dans deux provinces issues du démembrement de l’ancien Kasaï Occidental : au Kasaï Central (Kananga), au Kasaï (Tshikapa) ; ainsi que dans les territoires de Kamiji et Luilu dans la province voisine de la Lomami, issue du démembrement du Kasaï Oriental qui avaient subi la contagion de ce phénomène terroriste.
Un peu plus de 3 millions d’électeurs sont attendus, sur un total estimatif de 42 à 43 millions avancé par la CENI au début du processus de révision du fichier électoral il y a un peu plus d’un an. A Kananga, la CENI a annoncé avoir enrôlé quelque 40 690 000 sur ses listes jusque-là. Peut-être moins parce que dans ces régions fortement déstabilisées, le nombre de déplacés et réfugiés ne sera pas sans conséquence sur le chiffre total d’inscrits sur les listes électorales. Comme partout ailleurs, ces dernières opérations d’enregistrement d’électeurs s’étendront sur 90 jours calendrier, selon les estimations de la centrale électorale, et se clôtureront donc début novembre 2017.
L’annonce du lancement des opérations d’enrôlement des électeurs dans les deux provinces perturbées de l’espace kasaïen a été reçue dans une certaine indifférence par les acteurs politiques rd congolais, et particulièrement les originaires des provinces concernées, nombreux dans les rangs de l’opposition. Tout le contraire du vacarme observé alors que l’opération était plus qu’incertaine, et que beaucoup parmi eux en faisaient une question de vie ou de mort. Probablement parce que le poids réel (moins de 5 millions d’électeurs pour l’ensemble de ces provinces) des provinces kasaiennes qui compte au moins un candidat à la prochaine présidentiel (Félix Tshisekedi) est insignifiant sur l’échiquier national.
Ce qui explique, selon certains observateurs, que presque tous les leaders politiques kasaiens membres de l’opposition radicale aient choisi de s’enrôler à Kinshasa, loin de leur base naturelle. Mais aussi, qu’ils s’inscrivent fébrilement dans un schéma de partage du pouvoir sans quelque consultation populaire que ce soit. Depuis quelques mois, les radicaux de l’opposition proposent, en effet, une transition dite « citoyenne », sans Joseph Kabila à la tête du pays. Et donc sans élection, sans constitution. Une transition dont la durée, quoique l’on prétende ci et là, ne peut pas ne pas s’avérer plus longue que celle qui court d’ici la tenue des premiers scrutins à organiser par la CENI.
J.N.