Arrivé à Kananga, le chef-lieu de la province du Kasaï Central, dimanche 27 août dernier à la tête d’une impressionnante délégation, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille Nangaa, a annoncé la tenue d’une tripartite CENI-Gouvernement- CNSA (Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral). Lundi 28 août, le coût d’envoi de ces assises répartis en 4 commissions techniques (juridique et procédures opérationnelles, Budget et finances, Logistique des opérations, Politico-administrative) ont effectivement été lancés sans attendre la cérémonie officielle d’ouverture, retardée par l’arrivée des délégués du gouvernement et du CNSA, selon une dépêche de la centrale électorale datée du 29 août 2017.
Outre un délégué du CNSA, le Professeur Adolphe Lumanu, une délégation gouvernementale forte de 8 membres conduites par le vice-premier ministre et ministre en charge de l’Intérieur et sécurité, Ramazani Shadary a pris part aux travaux de Kananga qui prennent fin ce vendredi 1er septembre 2017. Objectifs de la tripartite, du point de vue de la CENI : évaluer le processus électoral dans sa globalité en vue d’aboutir à l’organisation des élections transparentes et apaisées en RD Congo. Notamment, par l’identification et l’évaluation des différentes opérations pré-électorales, mettre en place des stratégies pour les opérations de réception et de traitement des candidatures, de vote et de dépouillement, de compilation des résultats. Mais aussi, « d’identifier les différentes contraintes liées à ces opérations notamment légales et réglementaires, sécuritaires, logistiques, financières, techniques, politiques et enfin, de proposer les délais opérationnels réalistes pour la tenue des scrutins », indique la dépêche de la CENI.
Réunion interne
Seulement, même s’il a bien délégué un de ses membres à Kananga en la personne du 1er vice-président MP Adolphe Lumanu, le CNSA annoncé son refus de participer à ce qui ne pouvait être qu’une réunion interne à la CENI. « Ce qui se passe actuellement à Kananga, c’est une réunion de la CENI, c’est interne », a déclaré à la presse le rapporteur de l’institution d’appui à la démocratie née au dialogue dit du Centre catholique interdiocésain de Kinshasa. Mais aussi, que « La CENI nous a informés la semaine passée qu’ils allaient à Kananga. D’abord pour faire une réunion tripartite et nous avons de manière unanime, en plénière, décidé et signifié à la CENI que ce qu’ils allaient faire au niveau de Kananga, c’est ce qu’on appelle nous l’étape préparatoire de la tripartite et que nous aussi de notre côté nous sommes en train de travailler là-dessus ».
Réunion préparatoire ou pas, il s’avère que les assises de Kananga, essentiellement techniques comme tout ce qui relève des questions électorales, sont effectivement pilotées par l’administration électorale. Les commissions mises en place lundi dernier sont dirigées par le secrétaire exécutif National de la CENI (commission juridique et procédures opérationnelles), le Rapporteur (commission budget et finances), le questeur adjoint (commission logistique des opérations) et par le vice-président de la centrale électorale (commission administrative et sécuritaire) ; le président de la CENI se chargeant de superviser le déroulement des travaux dans ces différentes commissions.
Réunion élargie
Néanmoins, en plus des délégations gouvernementale et du CNSA, une impressionnante représentation de la communauté internationale prend part aux assises du Kasaï Central, notamment : un représentant de l’Union Africaine, l’Ambassadeur du Zimbabwe en RD Congo, l’Ambassadeur adjoint de Zambie, le 3ème Secrétaire Politique de l’Ambassade d’Afrique du Sud, un expert et représentant de l’OIF, des élus nationaux, des délégués de Commission Nationale des Droits de l’homme (CNDH), des leaders et représentants des réseaux des organisations de la société civile de la RD Congo, etc.
Tout indique donc que Kananga effectuera l’essentiel des travaux évaluatifs du processus électoral pour permettre aux acteurs politiques de décider des options à lever. Et qu’en fin de compte, il n’y a nul conflit de compétences ou d’initiatives. C’est en substance ce qu’a expliqué à la presse le chef de la délégation gouvernementale, Ramazani Shadary, qui assuré mardi 29 août dernier que les travaux de Kananga préparent la tripartite Gouvernement-CENI-CNSA. «Après cette étape de Kananga, il y aura maintenant la véritable évaluation sous forme de tripartite qui aura lieu. Ici [à Kananga], est une réunion préparatoire. On aura la véritable tripartite qui pourra dégager les projections vers les élections proprement dites sous forme de chronogramme comme un calendrier électoral qui sera présenté. Mais aujourd’hui, on doit commencer par l’état de lieu au niveau de la CENI », a-t-il expliqué à nos confrères de Politico.cd.
Tripatrite tout court, ou tripartite préparatoire, petite gué-guerre de mots dont on aurait pu faire l’économie de part et d’autre.
J.N.