Les fabriques des articles et ouvrages en plastique constituent à ce jour l’une de rares industries manufacturières qui tournent à plein régime et ne redoutent pas de récession à court terme, selon la mouvance patronale rd congolaise. Même l’Etat s’y retrouve.
En 2015, l’Etat a gagné plus de 1.360 milliards FC, et en 2016, plus de 1,5 milliards de FC, rien que dans le domaine droits d’accises couverts par la DGDA ex-OFIDA. En d’autres termes, le marché d’objets en matières plastiques rapporte de loin plus au Trésor public que l’Ogefrem, la Sonas, la BCDC, Congo Airways, INSS, Sokimo, Miba réunis. Voilà sans doute pourquoi le gouvernement a revu à la hausse les assignations 2017 à la DGDA dans le domaine des articles et des ouvrages en matière plastique, soit près de 2 milliards de FC au moins.
A Kinshasa particulièrement, tout ou presque est en plastique, chaises, tables, tasses, armoires, éviers, etc., Le plastique s’est introduit dans tous les domaines de l’agro-alimentaire aux bâtiments et travaux publics qui connaissent, par ailleurs, un boom continu ces quinze dernières années. Des tuyaux PVC de toutes dimensions, des gouttières, des plexiglass, se vendent aussi bien que du ciment ou des caillasses. Des magasins, commerces unipersonnels de vente d’articles et ouvrages en plastique ont champignonné dans toute la capitale. Les articles et ouvrages en plastiques ont rapporté plus de 560 millions de FC au Trésor à titre des droits d’accises relevant du régime intérieur en 2015, et plus de 530 millions de FC contre des prévisions de d’un peu plus de 640 millions de FC, soit un taux de réalisation de 82% en 2016. Au premier trimestre 2017, le taux de réalisation était de 85% soit plus de 135 millions de FC sur 160 millions attendus. Les assignations de la Direction générale des douanes et accises pour les articles et ouvrages en matières plastiques en régime intérieur, dans le budget général 2017, sont de 643 millions. Les prévisions sont de près de 920 millions de FC pour les droits d’accises des articles et ouvrages importés.
On le sait, importateurs chinois, libanais et indopakistanais se disputent le marché des plastiques non seulement à Kinshasa mais aussi dans les grandes agglomérations de l’arrière-pays. Lufu, ce port sec à la frontière angolaise, n’est pas en reste. Les droits d’accises perçus à l’importation sur les articles et ouvrages en matières plastiques sont en constante augmentation. Ils étaient de plus de 800 millions de FC en 2015 et, rien que pour le premier trimestre 2017, la DGDA a déjà perçu pour le compte du Trésor plus de 404 millions de FC, soit un taux de perception de plus de 300 % par rapport aux assignations de moins de 125 millions de FC.
Mais il demeure que l’usage le plus courant et, par ricochet le plus abusif du plastique en RD Congo, réside dans les industries des produits cosmétiques ainsi que des eaux de boissons, limonades et jus. Bien qu’une unité de recyclage ait vu le jour au quartier industriel de Limete, à Kinshasa, des bouteilles en plastiques jonchent les rues et débordent des cours d’eau au point de former des passerelles. Les organisations non gouvernementales du secteur de l’environnement déplorent l’absence d’une réelle politique de l’Etat face au phénomène « bouteilles en plastiques dans les rivières». Il est aussi vrai que la question des déchets de plastique s’avère un enjeu environnemental mondial. Une campagne de l’ONU rappelle récemment qu’ils constituent près de 80 % des déchets présents au fond des océans. Selon un récent rapport des Nations-Unies, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique terminent leur périple dans les océans, générant près de 8 milliards de dollars en dommages aux écosystèmes marins.
POLD LEVI