D’ici septembre, le trafic sera davantage intense à Kinshasa la capitale. Face à la défectuosité de la voirie de urbaine, l’OVD (Office des Voiries et Drainage) s’active à réhabiliter des artères vitales, dont les avenues de l’Université, Bokassa devenue Luambo et Shaba.
Pour ce faire, l’OVD a fait usage, il y a quelques jours, de la procédure d’attribution des marchés de gré à gré ainsi que l’appel d’offre restreint. Selon certains experts, ces procédures permettent de gagner du temps et de contourner les chinoiseries administratives autour des passations des marchés, qui peuvent aller au-delà de trois ans.
L’OVD a, en effet, offert par procédure de gré à gré, le marché de la réfection des avenues Universités, 9.400 m et Shaba, 2.186 m, à l’entreprise Aaron Sefu Sarl, respectivement pour 9.105.859,64 dollars et 2.142.576,13 dollars. L’avenue Université part, en effet, du campus universitaire de Kinshasa, sur les hauteurs de Mont-Amba, et débouche sur le boulevard Sendwe, non loin de l’église catholique Saint Raphaël. Elle a été maintes fois réhabilitée ces dernières années mais elle s’est vite affalée à plusieurs endroits, particulièrement au niveau des quartiers Yolo dans la commune de Kalamu. L’avenue Shaba est quant à elle un sinueux boulevard qui ouvre les communes enclavées Ngiri-Ngiri, Bumbu, Makala via Kasavubu au centre-ville. Une partie de cette importante artère a été asphaltée, à la grande satisfaction des usagers des communes de Ngiri-Ngiri, Bumbu et Makala. Reste le tronçon qui va de l’avenue Kasavubu dans la commune du même nom jusqu’à l’avenue de l’Enseignement en face du Stade des Martyrs de la Pentecôte.
Safrimex : les maffieux dans les rangs
L’Office des Voies et Drainage a également adjugé le marché de la réhabilitation de l’avenue Colonel Ebeya, dans son tronçon compris entre TSF et Kabasele ex-Flambeau, soit 2.064 m, à la firme Power Master International Sarl pour plus de 2.3 millions de dollars (2.315.773,49 USD) à travers un appel d’offres restreint. La même entreprise a remporté le marché de réhabilitation de la route de Mokali-Boulevard Lumumba-Pont Mokali, 3.472.m dans la commune de Kimbanseke avec la même procédure d’appel d’offre restreint, pour plus de 6,5 millions de dollars (6.578.239,82 USD). Cependant, la réhabilitation de l’avenue Luambo Makiadi Franco ex- Jean-Bedel Bokassa, 3.323 m, a été confiée à un vieux routier du secteur, Safrimex, une fois encore, par appel d’offre restreint, au coût de 5.023.358,32 dollars. Force est de constater, de l’avis des observateurs, que l’OVD a attribué des marchés à des entreprises illustres inconnues sinon sans grande expérience, en dehors du Libanais Safrimex. Qui n’est pas cependant exempt de critiques. Il y a peu, Safrimex avait gagné le marché de construction d’un collecteur le long de l’avenue Kabambare. L’entreprise libanaise s’est payée la liberté de muer la chaussée en dépotoir sur lequel elle amassait notamment du sol argileux et tous détritus qui se retrouvaient sur son chantier. Conséquence, l’avenue Kabambare entama un cycle délabrement sur plusieurs mètres. Cette artère est actuellement en réhabilitation.
Procédure décriée
Début 2017, un rapport de la Banque mondiale sur la RD Congo, indiquait que plus de 40 % des marchés publics dans ce pays sont des marchés de gré à gré, c’est-à-dire, ne sont pas préalablement soumis au moindre appel d’offres. Anormal, soutiennent des experts de la Banque mondiale, parce que cela favorise la corruption et n’incite pas à l’attrait d’investisseurs étrangers. Les déficiences du processus de passation des marchés ont parfois abouti à l’arrêt de plusieurs projets et à des pertes financières. La Banque mondiale note qu’« en plus de causes liées au dysfonctionnement du système budgétaire, le faible taux d’exécution des marchés publics est aussi dû à des problèmes du processus de passation des marchés». La voirie de la capitale totalise un linéaire de 3.364 Km, soit plus de 40% de l’ensemble des 7.433 Km de voiries urbaines de tout le pays. Quelque 679 Km des routes de la capitale sont asphaltés. Des bitumes qui tombent en lambeaux à l’image des avenues Luambo ex-Bokassa, et Ebeya en plein centre des affaires, dans la commune de la Gombe, ou encore Bongolo dans la commune de Kalamu. Il y a un peu plus de six mois, le Sénat, à la suite du rapport de la Commission de Suivi routier, avait enjoint le gouvernement de financer l’OVD à hauteur de 32 millions de dollars à court terme, pour agir en urgence sur la voirie de la capitale.
POLD LEVI