Par les temps qui courent, la situation politique, économique et sécuritaire de la RD Congo, est plus que préoccupante et intrigante pour l’opinion internationale. Mais, de ce qui se passe au pays de Patrice-Emery Lumumba, tous n’ont pas la même appréhension. En dehors que quelques initiés, au courant des complots à profusion contre ce pays depuis la période des indépendances africaines autour des années ’60. Eux savent qu’il s’agit, depuis le partage du continent en 1885 à Berlin, d’une vile affaire de prédation.
Ce qui se passe en RDC n’a rien de spontané ou de naturel et résulte d’interaction des forces et d’acteurs endogènes et exogènes. On ne peut comprendre la situation de ce pays qu’en prenant en compte les considérations géopolitiques qui incluent l’impérialisme et la géostratégie. Dont il appert qu’au départ, les puissances occidentales avaient toléré la succession de Joseph Kabila à son père, le défunt Mzee Laurent-Désiré Kabila, en 2001. Parce qu’il espérait instrumentaliser et manipuler à sa guise le jeune Chef de l’Etat du pays contient qu’est la RD Congo.
Kabila, conseillé par Gizenga
Peu après sa prestation de serment le 26 janvier 2001, Joseph Kabila, avait en effet, posé un certain nombre de gestes significatifs en faveur des Occidentaux. « Dans la foulée de cette libéralisation et à la demande pressante des bailleurs des fonds, le Président Joseph Kabila a promulgué un nouveau code minier (11 juillet 2002) et un nouveau code des investissements (21 février 2002) à l’origine des contrats léonins et du bradage du patrimoine national tant déplorés à ce jour », lit-on dans l’abondante littérature consacrée aux circonlocutions sur la situation économique et politique mondiale vue du continent africain.
Mais, que s’est-il donc passé par la suite pour que le chouchou de Louis Michel et des occidentaux en vienne à être rejeté ? Des sources révèlent que durant sa première mandature du successeur du Mzee, ainsi que l’on surnomme affectueusement le tombeur de la dictature mobutiste, les occidentaux n’accordent que quelques millions Usd à la reconstruction d’un pays détruit non sans leur complicité passive ou active. Notamment, durant la deuxième guerre du Congo, la tristement célèbre « guerre mondiale africaine », de 1998 à 2003.
Changement de partenaires économiques
Cherchant à tout prix à disposer de moyens conséquents pour reconstruire l’édifice détruit et malmené, et suivant l’avis du Patriarche nationaliste, Antoine Gizenga, Joseph Kabila s’est ainsi résolu à tendre la main à de nouveaux partenaires, comme la République Populaire de Chine, qui ont accepté de prendre en charge des travaux d’infrastructures en échange de produits miniers dont regorge le pays.
Ça n’a plus. En occident particulièrement, où décision fut prise de s’opposer aux contrats chinois choisi par Joseph Kabila pour se donner les moyens de sa politique de reconstruction ambitieuse.
Gauthier de Villers, un chercheur belge spécialiste de l’Afrique centrale (Belge, en fait), est explicite sur le sujet : « Entre 2001 – 2006, Kabila a instrumentalisé la dépendance dans laquelle il s’était de lui-même placé, en mettant les interventions extérieures au service de son maintien et de sa consolidation à la tête de l’Etat; avec la légitimité que lui ont conférée les élections, il s’emploie à s’émanciper du patronage de la CIA et se tourne vers la Chine et les BRICS sous le bouclier de la souveraineté ».
Crime de lèse-puissants
En fait, pour ces apôtres de la suprématie de l’Europe sur le reste de la planète, Joseph Kabila avait osé, trop osé : faire changer de partenaire économique à la RDC. Alors qu’elle était, pour reprendre les propos d’un membre de l’opposition politique rd congolaise pro-belge du G7, « le jardin privé des Occidentaux », selon les révélations du Togolais Edem Kodjo. C’est qu’en géopolitique, quand un Etat esclave change de partenaires, il est considèré comme coupable de crime de « rupture abusive de contrat de dépendance ». Et il faut l’asphyxier par toutes sortes de pièges, à défaut de l’éliminer.
Il s’est fait qu’en 2011, à l’opposé de l’approche européenne, belge ou française, qui voulait déjà en découdre avec Joseph Kabila dès la fin de son premier mandat, les USA avaient conseillé de le laisser finir son second mandat et le faire éjecter ensuite en douceur. Pour ce faire, ils avaient entretenu le guêpier est-congolais avec le M-23 et les autres forces négatives, organisé un sommet alternatif aux USA en marge du sommet USA-African leaders durant lequel ils mirent la RDC sur la liste des pays africains où devait se réaliser une sorte de révolution orange, invité, en février 2005, les opposants congolais et formalisé leur instrumentalisation, résolu de larguer l’intox via les médias dits « globaux » (Forbes, Le Monde, Le Soir La Libre Belgique, …).
Ile de Gorée, Filimbi, Lucha
C’est dans cette optique de préparation de la fin de Joseph Kabila que fut financée la messe noire de l’île de Gorée destinée à bloquer le dialogue national en préparation, et déstabiliser le régime notamment par la création des « Fronts citoyens » à partir de 2016 (Lucha, Filimbi…) pour exacerber le ressentiment populaire et exiger la tenue des élections qui feraient partir Joseph Kabila …
L’éclatement de la majorité parlementaire détenue par le président (MP) s’est aussi inscrit dans la ligne de mire des comploteurs occidentaux qui ont provoqué le détachement du G7, surmédiatisé les prétendues fuites des Panama Papers, fait sous-traiter par les Belges la création du Rassemblement de prétendues forces sociales et politiques acquises au changement, et finalement, imposé le dialogue du Centre interdiocésain pour s’assurer qu’il n’y aurait ni référendum, ni révision constitutionnelle, ni présentation nouvelle de Joseph Kabila à la présidentielle.
Conflit kasaien, concertations des catholiques
L’exploitation et l’aggravation la situation dans les Kasai sous l’alibi du phénomène Kamwina Nsapu, aux fins d’en retourner les effets pernicieux contre le régime congolais, la rupture de la stabilité du cadre macroéconomique rd congolais par l’activation de la manette des cours mondiaux des minerais exportés par la RDC, ainsi les sanctions ciblées contre les personnalités du pouvoir en place à Kinshasa s’inscrivent, eux aussi, dans le contexte de cette chasse à l’homme qui a osé une substitution de partenariats économiques et financiers au centre du continent africain.
Alors que la posture sociale délicate de la RD Congo date d’avant l’accès de Joseph Kabila au pouvoir, et que les progrès réalisés sont en train d’être annihilés par la déstabilisation à laquelle son régime est en butte de la part des Occidentaux notoires, la CENCO, dans sa dernière sortie médiatique, prétend que la solution reste la tenue des élections d’ici décembre 2017. Une solution qui sert en réalité les visées occidentales. Le choix de l’exacerbation des malaises sociaux par des évêques vendus aux impérialistes vise à mieux exaspérer la population.
Les prétextes américains sont axés sur la démocratie, mais une démocratie tronquée et imposée selon leurs besoins de prédation impérialiste de la RDC. On peut se demander utilement pourquoi ils n’ont pas empêché la tenue des référendums au Rwanda et au Congo-Brazzaville, où des Chefs d’Etat démocratiquement contestables demeurent au pouvoir ? Cette politique internationale de « deux poids, deux mesures » ne s’explique que par le fait que les Occidentaux ne soutiennent que leurs marionnettes de lignée pure.
Démocratie phagocytée
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce que vit aujourd’hui la RD Congo, elle l’a déjà vécu à ses premières années de l’après indépendance. Le pays avait déjà été agressé en raison du nationalisme affiché de Partice-Emery Lumumba. Aujourd’hui, il l’est à cause de l’indépendance d’esprit de Joseph Kabila.
Ecrivant sur ces années des indépendances, David Van Reybrouck, auteur de Congo, une histoire, soutient que « L’histoire de la Première République est celle d’une impitoyable course par élimination entre quatre hommes qui, pour la première fois, s’essayaient à la démocratie. Une mission impossible, d’autant que chacun d’eux était harcelé par des intervenants étrangers qui cherchaient à défendre leurs intérêts au Congo. Kasavubu et Mobutu étaient courtisés par la CIA, Tshombe était par moments le jouet des conseillers belges, Lumumba était exposé à de très fortes pressions exercées par les Etats-Unis, l’URSS et les Nations unies. La lutte pour le pouvoir entre ces quatre politiciens était attisée et compliquée par des tiraillements depuis l’étranger. Il est difficile de servir la démocratie quand de puissants acteurs au-dessus de vous ne cessent de tirer des ficelles, souvent en cédant à la panique ».
La situation en RD Congo a-t-elle réellement évolué ? Aujourdhui, les opposants radicaux congolais sont coachés par les Occidentaux, et c’est à ce titre qu’ils disent ce qu’ils disent et adoptent telle ou telle autre attitude face à la situation politique du moment. La démocratie qu’ils exigent est une version tronquée de la démocratie, qui sert les intérêts occidentaux, principalement américains, belges, français, allemands ou britanniques. Tout est fait de manière à révolter le peuple afin qu’il fasse quitter de force le régime actuel au pouvoir. De préférence avant toute élection possible.
Samy BOSONGO avec Le Maximum