Au point 21 de leur message du 23 juin 2017 les évêques catholiques énoncent que « la sortie de la crise actuelle exige la tenue des élections présidentielle, législatives et provinciales avant décembre 2017 ». A la différence de l’Accord du 31 décembre 2016 qui stipule que les parties « conviennent sur l’organisation des élections en une seule séquence présidentielle, législatives nationales et provinciales au plus tard en décembre 2017 ».
Bien entendu, « avant décembre 2017 » ne signifie pas la même chose que « au plus tard en décembre 2017 ». On peut donc se demander comment une organisation truffée d’érudits comme la Conférence Episcopale Nationale du Congo (Cenco), composée des membres les mieux intellectuellement formés de l’élite du pays, peut s’être laissé aller à cette sorte de glissement sémantique. Comment les pères évêques ont-ils pu confondre les deux échéances, qui plus est, dans un message qui est tombé comme un véritable chaudron incitatif à la révolte sous le prétexte que « le pays va mal, très mal » ? Surtout lorsqu’on s’imagine que le texte de la déclaration des évêques a dû transiter par plusieurs rédacteurs avant son approbation et sa publication ? Il serait plus que surprenant que les Evêques ne se soient pas rendus compte d’une telle erreur dans un document dont les conclusions prétendent se fonder sur une analyse rigoureuse de l’état de la nation.
Certes, l’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est une faute, comme on dit. On aurait pu espérer que les évêques catholiques rectifieraient leur lapsus scriptural pour ne pas entrainer les chrétiens et autres « hommes de bonne volonté » auxquels ils s’adressent habituellement à une faute suicidaire. Seulement, il semble, à en croire un certain Dr Le Recamier, un bon catholique n’avoue jamais s’être trompé (tout au moins avant plusieurs siècles) !
Même s’il sied d’observer que et le G7 et la Cenco n’ont pas émis la moindre protestation contre la déclaration du ministre angolais des Affaires étrangères sur les ondes de notre consœur Rfi le 29 mai 2017. Interrogé sur les risques de perturbation du processus électoral que sont les questions politiques à Kinshasa et la situation sécuritaire au Kasaï, Georges Chikoti avait répondu que : “J’ai l’impression que si cette question dure, certainement qu’il n’y aura pas les conditions pour réaliser la présidentielle”. Et à la question de savoir s’il craignait un report de la présidentielle au-delà de 2017, il avait renchéri : “Je pense qu’il faut qu’on se réfère à la Commission nationale électorale, mais je doute très fort de pouvoir faire les choses à temps. Mais comme il était fixé de le faire soit cette année ou l’année prochaine, peut-être qu’ils le feront l’année prochaine“.
On peut à partir de ces réponses tirer la déduction selon laquelle tout le monde sait qu’il n’y aura pas élections au cours de cette année civile et que tout les discours en sens contraire s’inscrivent simplement dans une logique confusionniste de perturbation d’un processus électoral peu prometteur pour certains milieux nostalgiques néocolonialistes occidentaux et leurs affidés de l’opposition dite radicale au nombre desquels il faut malheureusement compter maintenant les évêques catholiques congolais.
Pour cinq ou quatre mois à peine…
Après tout, qu’on le veuille ou pas, la responsabilité de l’organisation des élections incombe légalement à la seule Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Et celle-ci, en accord avec l’expertise nationale apolitique et l’expertise étrangère et internationale, avait déjà suggéré dans l’Accord du 18 octobre 2016 issu du Dialogue de la Cité de l’Union africaine que les premières élections ne pourraient se tenir qu’au mois d’avril 2018.
Dans une interview publiée par le journal « Le Soft » du 1er juin 2017, Corneille Naanga Yobeluo s’était prononcé sur le calendrier électoral. « …comme j’ai eu à le dire à plusieurs reprises, la CENI doit au préalable avoir la lisibilité voulue sur le financement, la logistique ainsi que l’évaluation, conformément à l’Accord politique de la Saint Sylvestre, de la faisabilité des élections du point de vue technique, selon la séquence prévue par ledit accord. Dès que ces indications sont claires, le calendrier sera publié », avait-il déclaré. Faisant état de «quelques bonnes nouvelles » concourant à la publication du calendrier, le patron de l’administration électorale a cité l’appui logistique stipulé dans la Résolution 2348 du Conseil de sécurité donnant «un mandat clair à la MONUSCO quant à ce» et le débat en cours sur la loi des finances 2017, qui vient d’être promulguée par le Président de la République à partir de Lubumbashi.
Pour le président de la CENI, « Ces deux facteurs associés à l’évaluation conjointe du processus par la CENI, le gouvernement et le Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) ouvriront la voie à la publication du calendrier par la CENI ».
A la question de savoir s’il s’agissait bien du calendrier électoral global révisé et budgétisé, il a affirmé que « Le calendrier électoral qui sera présenté est celui qui tiendra compte des options levées par l’Accord politique de la Saint Sylvestre, notamment la révision du Fichier Electoral, la tenue de trois scrutins en une séquence unique, à savoir les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, et ensuite les élections urbaines, municipales et locales ».
En dépit de toutes ces indications prometteuses et précieuses, Corneille Naanga fera l’objet d’une lettre ouverte datée du 2 juin 2017, signée par un certain Georges Kapiamba, membre zélé du «Rassop/Limete», l’invitant « à publier sans délai un calendrier électoral global en vue des élections devant se tenir impérativement avant la fin du mois de décembre 2017 ».
A la suite de cet opposant dont l’activisme politique se dissimule sous les oripeaux d’une organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme, la CENCO, qui elle se présente à l’opinion comme lumière et sel du monde enjoindra, le 23 juin 2017, la même CENI d’organiser les élections avant fin décembre 2017.
Face à un inéluctable report de 4 à 5 mois des échéances électorales, les évêques catholiques et leurs complices extrémistes de l’opposition radicale ont pris le parti d’appeler à un affrontement fratricide susceptible de faire basculer le pays dans un inconnu lourd de menaces et d’incertitudes quant à la survie de la nation.
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum