Vendredi 16 juin dernier, Moïse Katumbi Chapwe, le candidat du G7 à la prochaine présidentielle, a annoncé son retour imminent en RD Congo. La déclaration a été faite dans le bureau de son avocat parisien, Me Dupont-Moretti, comme pour lui donner plus de crédibilité. Mais rien n’est moins sûr pour l’opinion aussi bien en Occident qu’en RD Congo, parce que l’homme n’en est pas à sa première annonce du genre. En février dernier, l’ancien gouverneur de l’ex Katanga avait déjà voulu profiter du rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi pour se glisser dans le cortège funéraire de Bruxelles à Kinshasa. Mais le corps du disparu tarde, jusqu’aujourd’hui, à regagner les terres ancestrales, et Katumbi s’impatiente.
Cette fois-ci, c’est à la faveur d’une démarche auprès du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme que Katumbi croit pouvoir revenir dans son pays. En fait, il s’agit de revenir immunisé des poursuites judiciaires dont il fait l’objet. A la suite d’une plainte contre le gouvernement rd congolais déposé début juin à Genève, l’ex gouverneur de l’ex province du Katanga a obtenu qu’une lettre exigeant au gouvernement de « garantir son droit à la liberté et à la sécurité en le protégeant contre toute forme d’arrestation ». La correspondance datée du 13 juin dernier, largement diffusée dans les réseaux sociaux dans le but manifeste de lui attirer l’adhésion des internautes et de l’opinion en RD Congo, ordonne au gouvernement de « prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer que l’auteur puisse rentrer (…) et participer librement et en toute sécurité, en tant que candidat, aux élections présidentielles prévues pour la fin 2017 ».
Mais rien n’est moins sûr pour le candidat du G7, le groupe de 7 partis politiques qui ont quitté la majorité présidentielle il y a un peu plus d’un an maintenant. Entre autre parce qu’il n’appartient sûrement pas au Haut-commissariat des Nations-Unies pour les droits de l’homme de désigner les candidats à la présidentielle dans quelque pays que ce soit. En RD Congo, les autorités répètent sur les tous les tons que le pays est souverain et s’opposent à toute forme d’immixtion dans les affaires intérieures de l’Etat. On peut douter que l’injonction onusienne trouve oreille attentive à Kinshasa où le ministre de la justice rappelait encore lundi dernier que Moïse Katumbi avait affaire à la justice de son pays et qu’à son retour il se retrouverait dans sa situation de départ. C’est-à-dire d’un citoyen qui fait l’objet d’un certain nombre de poursuites judiciaires.
« J’ai besoin de faire mes valises et de dire au revoir à des amis. Je rentre pour aller aux côtés de mes frères qui souffrent et pour faire campagne pour un grand changement en RDC. », a déclaré M. Katumbi à la presse le 16 juin dernier. Beaucoup plus pour impressionner ses interlocuteurs que pour boucler des valises dont il n’a sûrement pas besoin pour se rendre en RD Congo où il possède tout. Le retour annoncé de Moïse Katumbi Chapwe, assaisonné de menaces d’apocalypse de ses partisans qui promettent l’enfer si des élections intenables avant la fin de l’année ne se tiennent pas, c’est de la pression pour obtenir de retourner amnistié.
J.N.