Selon la DGRAD, les recettes domaniales de l’Urbanisme et Habitat ont été réalisées à plus de 188% à fin décembre 2016, soit 2.4 milliards de FC collectés pour des assignations de 1.2 milliards. Le boom des constructions pourrait cependant connaître un certain ralentissement au second semestre 2017.
Et pour cause, le gouvernement Tshibala a décidé de relever de 10% ou de 20% selon les cas, les droits de douane à l’importation de ciments portland, des produits laminés plats en fer ou en acier… des barres de fer en acier, etc.
Déjà, aux Affaires foncières, l’on accuse une réduction drastique des recettes depuis 2016. A fin décembre, l’Etat n’a pu glaner que 15 milliards de Fc alors qu’il espérait le double. Sans doute, dans l’espoir de relever l’opinion de confiance auprès des promoteurs immobiliers, l’Etat s’est engagé dans des marchés fonciers on ne peut plus troubles. Le 12 mars dernier, l’alors ministre des Affaires foncières, Kabange Numbi – remplacé depuis par l’oposant Lumeya-Dhu-Maleghi – en compagnie du ministre de la justice, Thambwe Mwamba, et de celui de l’Urbanisme, Kokoniangi, avaient remis le certificat d’enregistrement numérisé et la carte de propriété à un sujet libanais propriétaire de SCCM, entreprise qui érige deux tours de douze et vingt-cing étages, à quelques mètres du fleuve Congo, non loin du Casier judiciaire à la Gombe. «Ce terrain qui est dans le fleuve et qui était dans la servitude, n’a pas été affecté officiellement à la SCCM, mais pour les besoins de la cause, la société a commencé à construire des immeubles de haute facture. Normalement, on devait procéder à la destruction de ces deux bâtiments », avait soutenu le ministre des Affaires foncières, Félix Kabange. Mais après négociation au niveau du gouvernement sous la houlette du ministre d’Etat, ministre de la Justice, il avait été convenu dans un protocole d’accord qu’un bâtiment soit récupéré par le gouvernement et que le deuxième reste propriété de la SCCM.
« La poire pourrie a donc été déclarée consommable et divisée en deux, le gouvernement en a avalé sa part avec option de le vomir plus tard pour le revendre ensuite », commente un journal satirique de la place. Voilà qui devrait faire jurisprudence dans le domaine trouble des affaires foncières. On le sait, plus de 70% des procès devant les cours et tribunaux de la RD Congo portent sur les conflits fonciers. L’on se souviendra que quelques jours plutôt, le ministre des Affaires foncières et son collègue de l’Urbanisme et Habitat avaient ordonné la suspension des travaux de construction sur le site du centre équestre l’Etrier de Binza, débaptisé depuis Zarena, dans la commune de Ngaliema. Cependant, le ministre des Affaires foncières et celui de l’Urbanisme et Habitat n’avaient même pas eu accès à ce site d’où se sont déjà élevées des habitations. D’une superficie de 9 hectares, la concession est toujours en cours de morcellement, des arbres et autres essences rares coupés et brulés, des bornes placées, etc. Certains chevaux trouvés sur place auraient été abattus et vendus au kg. Il appert que c’est une dame originaire du Swahililand congolais, non autrement identifiée, qui serait à la manœuvre. Son arrivée sur le site provoque panique et débandade, comme les sorties de prison frères Daltons des dessins animés et bandes dessinées. «Nous sommes déçus de constater que ce site est en train d’être vendu par une femme qui vient même nous menacer. Elle nous en a interdit l’entrée, allant jusqu’à nous promettre la mort au cas où un jeune du quartier se hasarderait à y accéder. Elle va plus loin en disant qu’elle va même détruire la cabine de la SNEL qui nous alimente en énergiet électrique… »,a confié, le visage camouflé sous sa chemise, un bordier du site, la cinquantaine révolu. La présence de leurs excellences ne l’a guère suffisamment rassuré pour parler à visage découvert. D’ailleurs le ministre des Affaires foncières s’est résolu à interpeller tout simplement l’opinion qu’il invite à ne pas céder à la tentation d’acheter un lopin de terre dans la concession. « Toute personne qui achète une parcelle dans ce site perdra son argent pour rien », a-t-il fait savoir avant d’indiquer qu’il va falloir attendre un arrêté du ministre de l’Urbanisme et Habitat portant suspension des travaux et destruction des maisons déjà construites pour qu’ensuite le gouverneur de la ville de Kinshasa soit saisi et ordonne les démolitions. Le cercle Etrier a été repris dans le domaine privé de l’Etat au lendemain de la colonisation. L’Etat a cédé sa gestion à un sujet belge censé renouveler son titre de jouissance tous les 25 ans. La dernière échéance est arrivée en 2016. Mais le bail n’a pas été renouvelé. Alors que les chefs coutumiers de Kinshasa s’activaient à solliciter la récupération de ce vaste terrain, voilà que la fameuse Dame surgit comme de nulle part, escortée par de gros bras pour s’emparer du site. Elle est demeurée indifférente à l’assignation en justice par les chefs coutumiers : qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent.
ABIJA BENAJA