Selon la Banque Mondiale (BM), 29% de ses engagements financiers en RD Congo portent sur les transports, tous modes confondus, contre par exemple 15 % pour le secteur privé et l’agriculture, 16 % pour les secteurs sociaux et 6 % pour la gouvernance et les industries extractives. Hélas, des centaines de milliers de dollars ont été engloutis dans les routes de la RD Congo, selon Brettons Woods.
« En RD Congo, même les routes sont fin mandat », ironisait fin 2016, le député de l’opposition Muhindo Nzangi. Les artères réfectionnées dans le cadre du projet Pro-Routes sur financement de la BM feront l’objet d’un audit des comptes par le cabinet malien Afrique Audit et Conseil pour quelque 30 millions de FCFA, soit environ 50.000 dollars.
La BM intervient en concertation avec d’autres bailleurs de fonds de la RD Congo dans le projet Pro-Routes. Le département britannique du développement international (Dfid) a ainsi versé quelque 72,6 millions de dollars et 50 millions de dollars par l’IDA administré par la Banque mondiale. Pro-Routes disposait donc d’un budget initial d’environ 123 millions de dollars.
Le coût total du projet inclut l’ensemble des financements provenant de la BM et d’autres sources. La RD Congo s’était engagée à contribuer avec plus de 15 millions de dollars pour la réalisation dudit projet. En vue des exercices 2016 et 2017, deux financements additionnels ont été ensuite approuvés depuis, d’abord 23 millions de dollars apportés par le Dfid et 63,3 millions par l’IDA dans le premier cas et ensuite 125 millions de dollars de l’IDA dans le second. Grâce à ces financements additionnels, le projet Pro-routes devait aménager un couloir de transport vers l’Ouganda afin de faciliter les échanges commerciaux régionaux. Le cabinet malien de consulting recruté par l’Etat rd congolais devrait, singulièrement, s‘employer à auditer des comptes liés à ce deuxième financement.
Le projet Pro-route vise, en priorité, le rétablissement durable d’un accès entre les capitales provinciales et les districts et territoires dans les trois ex-provinces de la Province Orientale, le Sud-Kivu et le Katanga démembré. Il vise précisément de rouvrir environ 1800 kilomètres de routes hautement prioritaires et d’en assurer l’entretien. Sa deuxième composante porte sur le renforcement institutionnel. Qui consiste, en pratique, au renforcement des capacités du ministère et des agences de gestion du secteur routier, notamment au niveau de la formulation d’une stratégie et d’une politique routière. Pro-Routes devrait également aider l’Etat rd congolais à se doter d’un d’une industrie de construction routière. La troisième composante comprend le Programme environnemental et social. Cette composante prévoit un appui à des institutions publiques comme l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et le ministère de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du tourisme (MECNT) pour protéger les habitats naturels, notamment des pygmées, la biodiversité et les forêts et respecter les lois en vigueur en RD Congo. Enfin, la quatrième composante comprend le suivi et l’évaluation. Cette composante comprend les activités de suivi et évaluation (S&E) notamment la création d’un système de recueil de données routières et le programme environnemental et social. Lancé depuis mars 2008, le projet Pro-routes arrive à terme au mois de février 2018, dans moins de 10 mois donc.
Selon Alexandre Dossou, chef du projet délégué par la Banque mondiale, la RD Congo a identifié 152 000 kilomètres de routes. Il y a 58 000 kilomètres qui sont des routes d’intérêt général. Les routes provinciales prioritaires sont de 20 200 kilomètres et les routes secondaires de 17 000 kilomètres. En plus, il y a 87 000 km qui constituent le réseau local, c’est-à-dire, ce qui n’est pas d’intérêt général, dont les pistes rurales, de désenclavement au niveau des villages. En densité spatiale, cela fait 25 kilomètres par 1000 km2. Le projet Pro-routes a cependant ciblé 1 674 km de routes. Requinquées, elles sont à ce jour un sentier de boues.
POLD LEVI