De Paris – où il a été au Louvre, perdu dans la foule des milliers de fans d’Emmanuel Macron pour saluer son « ami » le nouveau président élu de la République française (sic !) Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi a, pour une fois, fait oeuvre utile. Il a démenti l’information livrée par un site web selon laquelle les autorités du pays avaient donné consigne aux compagnies aériennes opérant sur la desserte Bruxelles-Kinshasa de ne pas embarquer la dépouille mortelle de son père vers Kinshasa.
C’est sur son compte tweeter, « Fatshi » que le candidat malheureux à la primature de la RDC pour la période préélectorale a clarifié les choses : « Après vérification, 7 interdiction faite aux cies aériennes d’embarquer le corps du Pr E. Tshisekedi est fausse. M.’J-M’ n’a jamais dit ça », pouvait-on y lire. Sur un autre site cependant était postée une information différente, livrée par un certain Peter Kazadi, qui continue à revendiquer la qualité de « conseiller juridique d’Etienne Tshisekedi » tout en faisant office de porte-parole de ce qui reste de l’UDPS/Limete. A l’en croire, c’est « le Pouvoir » qui aurait empêché les restes du ‘lider maximo’ d’être rapatriés. Le sieur Kazadi avait déclaré en des termes menaçant sur les ondes de la radio onusienne : « S’ils ont réussi à contraindre la famille politique du Maréchal Mobutu pour qu’il soit enterré à l’extérieur, cela ne se passera pas comme ça avec l’UDPS ». Confusion et conjectures s’en sont suivies.
Pour les générations qui ignorent cette page importante de l’histoire du Zaïre, redevenu Congo à l’avènement de l’AFDL de Mzee Laurent Désiré Kabila le 17 mai 1997, Peter Kazadi pouvait avoir quelque chance d’être cru. Mais les observateurs avisés de la scène politique rd congolaise savent que cet homme que l’on présente comme un juriste a menti effrontément ou ignore tout des événements qui se sont déroulés dans un pays qui est le sien et dans un passé si récent (à peine 20 ans !). Parce que si le défunt Maréchal Mobutu Sese Seko, vaincu par Kabila et son AFDL en 1997, fut contraint à l’exil au milieu des années ’90, l’opposition radicale coachée par un certain Etienne Tshisekedi wa Mulumba, y a été pour beaucoup. Et que la vérité est que le non-rapatriement du corps du défunt Maréchal, dont un des fils, Nzanga Mobutu, a fait partie du 1er gouvernement issu des élections de 2006 en qualité de Vice Premier ministre est le fait non pas des autorités de la République, mais des déchirements au sein de sa famille biologique.
En effet, aussitôt arrivé aux affaires, Joseph Kabila avait programmé l’érection des mausolées pour ses trois illustres prédécesseurs : Joseph Kasavubu, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila.
L’édifice mortuaire à la mémoire du premier a été érigé à Singini, au Kongo Central où sa famille l’avait inhumé, tandis que celui de son prédécesseur, et père, troisième Chef de l’Etat congolais s’élève à Kinshasa. Il lui a pas été possible matériellement de réaliser le mausolée du Maréchal Mobutu où que ce soit sur le territoire de la RD Congo comme il l’avait annoncé officiellement car depuis les quinze années qui ont suivi cette décision, la famille du défunt deuxième Président du Congo (alors Zaïre) ne se met toujours pas d’accord à ce sujet. Les enfants du premier lit seraient d’un avis contraire à ceux du second lit, laissent entendre des sources proches du dossier.
Mobutu Sese Seko est décédé à Rabat le 7 septembre 1997, trois mois et demi seulement après la chute de son régime. Le contexte politique de l’époque n’était pas favorable à un rapatriement immédiat de sa dépouille au pays. Il avait fallu attendre l’avènement de Joseph Kabila à la magistrature suprême pour qu’une détente s’observe et que le contexte permette d’envisager cette possibilité. Kazadi qui avait déjà l’âge adulte et se dit intellectuel ne peut pas ne pas le savoir.
Il ne lui revient pas d’arbitrer
S’agissant d’Etienne Tshisekedi – Premier ministre honoraire au même titre que Patrice-Emery Lumumba – le Chef de l’Etat a accompagné son message de condoléances d’une instruction, faite au Gouvernement de la République, de « convenir avec la famille biologique des dispositions à prendre pour des funérailles officielles ». Cette lettre, datée du 2 février 2017, a été adressée à la famille biologique par l’entremise du Directeur de cabinet, Pr Néhémie Mwilanya Wilondja. Une première réunion s’était tenue entre une forte délégation du Gouvernement central conduite par le Vice premier Ministre en charge de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari et les familles biologique et politique du défunt conduites par Mgr Gérard Mulumba, ancien évêque de Mweka. A partir de cet instant, le Président de la République devait attendre. Et il attend toujours…
Entreprendre une démarche parallèle, comme le suggestionnent certains, serait spontanément interprété comme un désaveu de l’action gouvernementale, peu importe que celle-ci soit animée par un Premier ministre issu de la majorité parlementaire ou d’un accord politique de cogestion. D’ailleurs, dans une interview à “Top Congo Fm” le 1er avril 2017, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi a révélé avoir approché le Vice premier ministre au Centre interdiocésain alors qu’il venait de signifier ouvertement à l’opinion que son parti n’était pas favorable à la prise en charge des funérailles par le Premier ministre Samy Badibanga.
Aussi, il ne peut nullement revenir au Chef de l’Etat d’arbitrer quoi que ce soit au motif d’être père de la Nation ou Garant de la Constitution. En tant que Président de la République, il n’a pas à forcer la main à la famille du défunt dès lorsque celle-ci affiche leur préférence pour des négociations « immorales », conditionnant le retour du corps à la nomination aux fonctions de Premier ministre de Tshilombo Tshisekedi…
En ce qui concerne le lieu de recueillement, notamment le Palais du Peuple il avait déjà été accordé par les autorités gouvernementales, ce qui infirme les accusations de Kazadi et consorts… Seules les retards accumulés par les caprices de Félix Tshisekedi ont fait en sorte que le rapatriement de feu M. Tshisekedi, prétendument annoncé pour le 12 mai intervenait en pleine session parlementaire et nécessitait une coordination avec les présidents de l’assemblée nationale et du sénat qui ont annoncé leur disponibilité à ce sujet.
Au regard de ce qui précède, il n’est donc pas honnête de vouloir engager la responsabilité du Président de la République qui ne peut, lui, agir qu’au travers des institutions du pays dont il a la charge. Sauf, évidemment, pour des matières relevant de ses prérogatives. Dont celle de « conférer les grades dans les ordres nationaux et les décorations, conformément à la loi” conformément à l’article 84 de la Constitution.
Encore faut-il encore que les choses se fassent correctement, du côté des organisateurs.
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum