A l’occasion du 60ème anniversaire du Traite de Rome à l’origine de la création de l’Union Européenne, le 10 mai 2017 à Kinshasa, Bart Ouvry, l’ambassadeur de l’Union Européenne en RD Congo a prononcé un discours qui en dit long sur la politique européenne en Afrique en général et en RD Congo en particulier. Sur la situation politique du pays hôte dont le plénipotentiaire européen se mêle allègrement, il estime que l’Accord de la Saint Sylvestre « … offre un cadre consensuel pour aller de l’avant vers des élections crédibles et apaisées. Toute le communauté internationale, que ce soient les membres de l’Union africaine ou l’Union européenne, ont marqué sans aucune ambiguïté leur appui à cet Accord qui offre une feuille de route pour aller vers des élections crédibles », soutient-il. Sans indiquer le sort réservé à la constitution adoptée par les rd congolais en toute indépendance, que le fameux accord malmène sérieusement dans la mesure où il surfe sur la réduction des pouvoirs dévolus au Président de la République en place. Qui, selon les prescrits du texte fondamental, demeure en fonction jusqu’à son remplacement par un autre Président de la République élu. Il n’est stipulé nulle part qu’arrivé à la fin de son dernier mandat, et en attendant l’élection de son successeur, les pouvoirs dévolus au Chef de l’Etat soient rognés pour quelque motif que ce soit. C’est malheureusement ce qu’induit le fameux accord de la Saint Sylvestre qui présente le désavantage, par rapport à la constitution en vigueur, de dédoubler la source de légitimité du pouvoir en RD Congo et ainsi, de fragiliser par la dispersion des sources de légitimité du pouvoir, le Chef de l’Etat en place.
On comprend mieux les réserves de l’Union Européenne face au précédent accord politique rd congolais, facilité par l’Union africaine celui-là, qui laissaient intacts les pouvoirs dévolus au Président de la République par respect pour le texte fondamental adopté par referendum en RD Congo. Il ne lui profitait guère et ne pouvait servir ses intérêts.
Le 10 mai 2017 en sa résidence privée, Bart Ouvry pouvait donc, le préalable de l’application de l’accord de la Saint Sylvestre posé, annoncer que « Le Peuple congolais et ses dirigeants peuvent compter sur le soutien de l’Union européenne à la mise en œuvre de l’Accord et particulièrement pour l’organisation des élections. Nous le ferons en bonne entente avec toute la communauté internationale et particulièrement avec l’Union Africaine ». Autrement dit, pas de mise en œuvre de l’accord dans l’entendement que lui donne l’UE : les élections ne seront financées que si il est acquis que Joseph Kabila et sa famille politiques y vont suffisamment fragilisés pour permettre le retour en force des Occidentaux dans le pré-carré leur disputé par les Asiatique.
Ce qui est loin d’être acquis, et Bart Ouvry ne l’ignore pas. Lundi dernier, le diplomate occidental a annoncé la visite, le 15 mai prochain à Bruxelles, de Moussa Fagi, le président de la Commission de l’Union Africaine. Qui s’entretiendra avec Federica Mogherini et des ministres des affaires étrangères européens de la crise rd congolaise. On peut douter que le diplomate africain cède aux pressions occidentales pour charcuter sans titre ni droit la constitution d’un Etat du continent noir.
J.N.