Manifestement, les sanctions prises ou envisagées à l’encontre des autorités politiques et des responsables de la sécurité – étendues même au Secrétariat exécutif du Bureau chargé de la gestion de la convention sino-congolaise – aux motifs de perturbation du processus électoral n’ont rien à voir avec le respect de la Constitution, de l’Etat de droit, des Droits humains…
L’implication des puissances occidentales dans le processus démocratique congolais est si évidente qu’au dernier paragraphe de la plupart des déclarations fortement médiatisées, rappel est fait des contributions de tel pays européen ou de tel pays américain au programme de développement ou de sécurisation en exécution en RDC. Toute tentative des autorités gouvernementales d’agir ou de réagir par un discours souverainiste suscite la même répartie de la part des Occidentaux, relayés par les Opposants et les Activistes de la Société civile congolais pour faire observer que le cycle électoral de 2006 et de 2011 a été réalisé grâce à l’Ue, la construction de la route X est l’œuvre de l’Usaid. Moralité : soumission et obéissance obligatoires ! Après tout, qui finance commande, dit-on ! Certains vont même loin. Ils considèrent que la Chine ne participe ni au programme électoral, ni au programme sécuritaire. Ce qui est pourtant faux…
Aussi, le conclave de Bruxelles-Genval se présente-t-il comme un instrument par lequel les puissances occidentales entendent punir, au propre comme au figuré, Joseph Kabila, sa famille politique et sa famille biologique, l’objectif étant de ramener le Congo dans leur giron. En clair, arracher Kinshasa des «griffes» de Beijing.
Témoignage éloquent : l’interview d’Edem Kodjo à «Jeune Afrique», édition n°2918 du 11 au 17 décembre 2016, avec pour titre «Kabila, Tshisekedi et moi : Les confessions» et sous-titre «Les confessions exclusives et explosives du facilitateur Edem Kodjo». Parlant de Moïse Katumbi, Kodjo révèle : «Son grand frère, Katebe Katoto, que j’ai rencontré à Bruxelles, était un ardent défenseur de la formule du panel et un critique acerbe de la facilitation que je menais, au point que j’ai dû lui dire, les yeux dans les yeux : ‘Moi, Monsieur, je ne suis pas achetable !’. Au cours de cette même rencontre, un membre du G7 s’est levé : ‘Vous, vous avez un mentor qui s’appelle la France, a-t-il commencé. Eh bien, sachez que la RDC, c’est le jardin privé des États-Unis !’. Mon sang n’a fait qu’un tour : ‘Je ne sais pas si vous êtes conscient de ce que vous venez de dire, ai-je rétorqué. À votre place, je ferais tout pour que ça ne sorte pas de cette salle. Sinon l’Afrique entière va se moquer de vous !». Peut-être qu’un jour, Edem Kodjo aidera les Congolais à l’identifier.
Ce n’est pas tout. L’Ue, par la voix de Federica Mogherini, a fait le 1er décembre 2016 la révélation selon laquelle: «La République démocratique du Congo a sans doute un lien particulier avec l’Europe : c’est notre histoire, c’est notre intérêt pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs, ce sont les relations quotidiennes entre nos peuples».
Désamour…
Puisque cela est vrai, comment comprendre que depuis 1960 qu’il est indépendant, le Congo soit continuellement fragilisé, et son peuple paupérisé ?
C’est facile d’en attribuer la responsabilité aux chefs d’Etat et/ou de Gouvernement. Mais qui, à un seul instant, pourrait croire que Joseph Kasa-Vubu, Patrice-Emery Lumumba, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila aient été tous mauvais, et que Joseph Kabila le soit aussi, comment le prochain président de la République fera-t-il exception ?
Au fait, le désamour qui succède à l’amour a une signification : dès qu’il refuse de jouer le jeu des «parrains», tout acteur politique majeur RDcongolais devient l’homme à abattre. Et la corruptibilité congénitale des Congolais aidant, les puissances occidentales – par l’Eglise interposée – savent quelle corporation actionner et à quel moment le faire.
Dans la récente chronique intitulée «Nouvel ordre politique mondial. L’Occident mise désormais sur les mouvements pro-démocratie !», il est démontré que «L’histoire de ces 131 années d’existence formelle de l’Etat congolais depuis la conférence internationale de Berlin en 1885 est celle des ‘bras séculiers’ qui se succèdent pour entretenir les intérêts impérialistes. Premier bras séculier : Administration coloniale. Deuxième : Classe politique. Troisième : Société civile. Quatrième : Mouvements pro-démocratie. Fait notable : l’Eglise est de façon permanente aux côtés de chacune de ces structures».
Rappel des faits. Réaction surprenante
Le prétexte chinois s’explique par le fait que même si la coopération sino-congolaise remonte aux années 1970 après la première visite de Mobutu en Chine, la formalisation des échanges économiques date, elle, d’une décennie seulement.
Ainsi, en 131 ans d’existence du Congo et presqu’en un siècle d’exploitation des ressources minières, énergétiques et végétales congolaises, la Chine commence à peine à s’y intéresser via la convention sino-congolaise, connue sous le vocable de contrat chinois.
Certes, l’entrée de Beijing dans la cour des exploitants est arrivée sous Joseph Kabila. Mais, est-ce le Raïs qui l’a voulu ? A dire vrai, non ! Le chef de l’Etat y a été contraint par les puissances occidentales en raison de la non-tenue des promesses électorales faites aux populations congolaises.
Rappel des faits.
2005. La Cei projette le référendum constitutionnel pour décembre. L’Ue, qui finance le processus électoral à la hauteur de 500 millions de dollars US, participe à la campagne référendaire. Elle promet des investissements solides dans l’industrie, le commerce et les services. Les Congolais se mobilisent et vote 0UI à 85 %.
2006. Après le succès du référendum, il y a aussi le succès de la présidentielle à deux tours, des législatives et des provinciales, malgré les incidents déplorés. Au moins, le 6 décembre, le premier Président de la République élu au suffrage universel direct et pluraliste est investi : c’est Joseph Kabila.
2007. Le Chef de l’Etat tient un point de presse au Palais de la Nation. Il déplore la maigre moisson des investissements promis. Les Occidentaux ne se bousculant pas, il annonce la formule «infrastructures en contrepartie de l’exploitation minière» convenue avec la Chine. Réaction surprenante : la Belgique, par Karel Gutch, se fâche. Le Fmi s’emporte. L’Occident crie au scandale. Mais personne à Washington, à Paris, à Londres ou à Bruxelles n’interpelle les dirigeants euro-américains sur leur responsabilité dans la gestion calamiteuse du Dossier Congo quasiment depuis 1960.
Dans son discours du 6 décembre 2007 sur l’état de la Nation, après avoir évoqué les quatre raisons favorables à cette convention, le Président Joseph Kabila rassure les partenaires dits traditionnels. « …nous sommes prêts à conclure des accords similaires avec d’autres partenaires», leur dit-il. Presque dix ans après, rien de concret ne vient.
En ne prenant seulement que le dernier quart du siècle – celui censé être connu des jeunes animant l’actuel bras séculier, à savoir les mouvements dits pro-démocratie – on sait qu’en 1997, à l’avènement de L-D. Kabila à la tête du pays, il s’était tenu à Paris une Conférence des Amis du Congo. Un trust found avait été envisagé pour aider à la reconstruction du pays. L’escarcelle n’avait même pas réuni un demi-milliard de dollars.
Or, sept ans plus tôt, dans son discours du 24 avril 1990, Mobutu avait dressé une situation économique et sociale des plus sombres. Et pendant les sept ans de la Transition 1990-1997, cette situation s’était considérablement empirée.
Mise en jachères du Congo…
Au regard de ce qui précède, l’Occident sait que pour son redécollage, la RDC est à la recherche non pas des centaines de millions mais des dizaines de milliards de dollars US. L’exemple peut choquer, mais si le quart des milliards de dollars investis depuis une quinzaine d’années dans la Monusco avait été orienté vers les forces de sécurité congolaises (Fardc et Pnc), la RDCongo en aurait certainement fini avec l’insécurité à l’Est. Et les Grands Lacs seraient presque totalement sécurisés.
Au fait, certains indices incitent plutôt à penser qu’il existe dans les agendas euro-américains une sorte de plan de mise en jachères du Congo. Lorsque, de temps à autre, on entend des «géo-stratèges» occidentaux soutenir que ce «pays trop grand pour être gouverné» et on voit les décideurs laisser ou faire pourrir la situation, on en vient à se demander si les investissements de nature à préserver l’intégralité du Congo ne dérangent pas la réalisation du fameux «Berlin II». Exactement comme ceux entrepris par la Chine avec les voies de communication, la centrale hydroélectrique d’Inga etc.
Des esprits éveillés s’étonnent, du reste, de voir les Occidentaux accepter sans état d’âme des milliers de milliards de dollars américains en provenance de la Chine pour de gros investissements opérables chez eux, mais se cabrer pour six petits milliards de dollars déblocables par la même Chine pour des investissements en RDC !
Ils font pression sur Kinshasa en avançant les concepts nobles de respect des droits de l’homme, d’Etat de droit, de Démocratie etc. pendant que les contributions de Beijing au titre de développement et de sécurisation pour le Congo sont banalisés. A preuve, on ne dit mot de la participation de la Chine au programme de la Monusco.
C’est bien la preuve que dans le processus électoral mis sous surveillance de la «communauté internationale», alias Occident, le danger chinois n’est que prétexte.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema