Au moment où le processus de décentralisation connaît une accélération, a relevé le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, dans son dernier discours sur l’état de la Nation, il est impératif que le secteur des postes soit considéré comme un pivot de l’intégration de nos 26 provinces et pour mieux faire connaître notre pays au monde.
Mais un petit bémol, cependant : la gestion du nom du domaine .cd pose encore problème. Longtemps géré par un compatriote depuis l’Afrique du Sud, le suffixe national .cd serait ensuite passé sous contrôle d’une dame d’origine burundaise, non autrement identifiée. Mais à la Société congolaise des postes et des télécommunications, SCPT ex-OCPT, il nous revient que les démarches sont en cours auprès de l’ICANN, organisme international en charge de la gestion cohérente des noms de domaine, pour assurer le rapatriement effectif de la gestion du domaine national .cd en R-dCongo.
Un comité de gestion du domaine .cd a été mis sur pied afin de mettre en place tous les éléments logistiques et organisationnels (serveurs informatiques, partenaires de back-up, formation technique, etc.,) pour permettre à la SCPT d’assurer la gestion totale et le contrôle du domaine racine national. Il va falloir encore attendre. Toutefois, la direction générale de la SCPT, sous la houlette du DG Patrick Umba, a fait sienne cette vision du Chef de l’Etat. Et le résultat pour ces deux derniers exercices sont plutôt satisfaisants. Grâce notamment aux arrêtés ministériels n° CAB/VPM/PNTIC/TLL/DNT/mnb/004/2015 du 6 novembre 2016 portant émission des timbres-postes et celui n° CAB/VPM/PNTIC/TLL/DNT/mnb/004/2015 du 6 novembre 2016, portant modalité particulière de fourniture du service postal universel mettant en vigueur les mesures d’application de la loi 012/2002 du 16 octobre 2002 consacrant pour la SCPT l’exclusivité sur les envois postaux jusqu’à 2 Kg. La poste traditionnelle a réalisé plus de 10 millions de dollars en 2015. Ce service comprend notamment les colis postaux, les lettres recommandées, la dépêche spéciale, le courrier d’entreprise, les formulaires ainsi que les boîtes postales et les réquisitoires. A ce jour, l’Unit Poste regroupe le service courrier traditionnel, le service courrier express dit EMS, Express Mail Service ainsi que les services financiers dit Poste finances qui comptent les comptes chèques postaux, mandats traditionnels et électroniques. Pour 2016, la poste visait des recettes de l’ordre de 35 millions de dollars contre 50 millions de dollars pour le pan télécoms de la SCPT. Aussi, dans le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le déploiement du réseau backbone à fibre optique s’est poursuivi avec la phase Kinshasa-Kasambulesa via Lubumbashi, soit sur une distance de 3300 Km courant 2016, comme l’avait exigé le Chef de l’Etat. Mais ces derniers temps, la fibre optique ferait les frais des agitations politiques, déplorent les experts de la SCPT. A Kinsantu, elle a été sectionnée le 19 janvier dernier. Alors que dans le centre du pays, elle est régulièrement sectionnée dans la périphérie de Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï oriental. Nuitamment, par des inciviques qui s’emploient, depuis le début de l’année, à creuser le sol jusqu’à atteindre la fibre optique pour la fractionner, déplore le directeur provincial de la SCPT, ex-OCPT.
Selon le directeur provincial de la SCPT, Alphonse Lukusa, le dernier forfait a été perpétré le long de la nationale n°1, sur le tronçon Mbuji-Mayi-Mwene-Ditu. Le directeur provincial de la société congolaise des postes et des télécommunications envisage de battre campagne à travers tout le Kasaï oriental sur le respect et la sauvegarde des biens publics, singulièrement ceux de la SCPT dont la fibre optique qui, selon lui, est un outil essentiel pour le désenclavement de la province. Il sied toutefois de rappeler que la gestion de la fibre optique a été cédée à une nouvelle entreprise, créée fin novembre 2016 à Kinshasa, la SOCOF, Société congolaise de la fibre optique, au détriment de la SCPT.
Des prétendus intouchables champignonnent à Kindu et s’arrachent les maisons de l’OCPT
La SCPT ex-OCPT s’emploie aussi à sécuriser son patrimoine immobilier. Sur 369 immeubles, terrains, bureaux, etc, que détient la société, 42 seulement sont à ce jour couverts par un titre de propriété. Parmi les derniers en date, l’hôtel des postes, sur le boulevard du 30 juin. Mais dans l’arrière-pays, particulièrement au Maniema, de présumés intouchables tournent la direction générale de la SCPT en bourrique.
La poste détient des bâtiments dans presque toutes les localités de la province du Maniema, lit-on dans un rapport interne. Mais l’entreprise se dit « victime de spoliation et d’occupation illégale, notamment la police, les autorités militaires et administratives voire même des privés». Selon nos sources, il en est qui se disent de la famille de tel ou tel acteur politique majeur et s’estiment de ce fait intouchables. «Des années durant, nous avons revendiqué et continuons à revendiquer mais en vain », poursuit le rapport de la Société commerciale des postes et des télécommunications. Il appert que le recours à la justice n’aurait guère donné des solutions escomptées.
La SCPT est loin d’être un cas isolé. La SCPT ex-ONATRA envisage d’aller en grève si l’Etat ne s’implique pas dans la rétrocession de tout son terrain qui s’étend du quartier Funa à la XVIème Rue Limeté. Nous sommes dans un domaine où des particuliers utilisent les moyens de l’Etat pour combattre l’Etat, a fulminé l’Honorable Mayo, à la suite d’une affaire de spoliation d’une pépinière, bien public, à Kingabwa.
L’Etat congolais dispose de plus de 8.000 titres immobiliers repartis à travers le territoire national. Mais à ce jour, ce chiffre a sensiblement chuté, à cause notamment des problèmes de tenue d’archives, de pillages et de spoliation. Une «spoliation à grande échelle», indiquent les experts. Pour qui cette pratique implique non seulement des agents de l’administration publique mais aussi des cadres de l’armée et de la police. Mettant en exergue le cas de la capitale, les experts rappellent que la reconstitution du patrimoine immobilier de l’Etat faisait état de «971 villas, 21 immeubles à étages totalisant 337 appartements et 8 locaux de service, 4 hangars et un immeuble hôtelier, dénommé ‘Hôtel Palace’.». A cela s’ajoutent de nouvelles acquisitions obtenues par achat, construction ou après le contentieux belgo-congolais. Il s’agit notamment de «10 immeubles résidentiels à étage, la cité Mimosas avec ses 60 villas, la cité de l’ex-OUA avec 41 villas et 25 villas disséminées dans les communes de Ngaliema, Gombe et Limete”. A ce jour, le groupe de travail mis en place par les ministères de la Justice et des Infrastructures note «151 cas de spoliation. Pour la commune de la Gombe, 135 unités, pour celle de Ngaliema 10 unités, pour celle de Limete 4, pour celle de Barumbu une unité et pour celle de Kitanmbo une unité.»
NADINE KINGOMBE