Nommé dans la nuit du jeudi au vendredi 19 novembre dernier en vertu de l’accord politique de la Cité de l’OUA, le 1er ministre UDPS du gouvernement d’union nationale, Samy Badibanga Ntita et son équipe de 3 vice-Premiers, 7 ministres d’Etat, 34 ministres et 23 vice-ministres, soit 67 membres en tout, ont été investis par l’assemblée nationale jeudi 22 décembre. Le week-end dernier, les membres du gouvernement l’ont passé à effectuer les remises et reprises avec leurs prédécesseurs, au même moment où les négociations directes prenaient un tour décisif au centre interdiocésain de Kinshasa-Gombe. Un accord serait intervenu, qui n’attend que d’être signé. « Le Président Kabila a ordonné à ses hommes de conclure sans atermoiements », a confié au Maximum une source proche du Rassemblement et des évêques, qui dirigent avec un parti-pris qui saute aux yeux les pourparlers entre les parties prenantes au dialogue de la Cité de l’OUA et le Rassop. Un accord dont la mise en application implique une recomposition de l’équipe gouvernementale. Les radicaux qui ont bruyamment revendiqué un nouveau premier ministre, issu du Rassemblement, ne devraient pourtant pas trouver totale satisfaction. Ils auraient avancé plusieurs noms dont celui du jeune Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, alias Fatshi, le fils de son père, Etienne Tshisekedi. Même si ce dernier hésiterait en raison du fait qu’il compte lui-même s’adjuger la direction de l’organe qui sera chargé du suivi de l’application de l’Accord à intervenir au Centre interdiocésain de Kinshasa. Plusieurs noms, sauf celui de Samy Badibanga, naturellement. Parce que désormais, le 1er ministre UDPS, partie prenante à l’accord du 18 octobre dernier, est considéré par ses anciens amis comme « auto éjecté » de la fille aînée de l’Opposition, donc du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement qui voudraient bien le voir abandonner ce strapontin, aussitôt entré en fonction. « Le Président de la République peut, s’il est de bonne foi, libérer la Primature de ce Premier ministre qui n’a pas l’appui du Rassemblement et éventuellement lui proposer d’y retourner à la recomposition de la prochaine équipe, en qualité de vice-premier ministre, ministre d’Etat, ou simple ministre, faute de quoi, Samy qui est le président du groupe parlementaire UDPS & alliés s’en retournera à l’Assemblée nationale où son siège de député national l’attend », estimait, un brin ironique, un ponte du Rassemblement à la sortie de la dernière plénière. Oubliant un peu vite que la Constitution de la RDC n’a pas prévu un mécanisme de renvoi d’un Premier ministre par un autre moyen que la démission volontaire de ce dernier ou sa démission forcée à la suite d’un vote de défiance ou une censure par la chambre basse du parlement. Etienne Tshisekedi et ses partisans qui sont minoritaires, pour ne pas dire inexistants au parlement, n’ont donc pas les moyens de faire tomber le Premier ministre par leur propre volonté. Les attaques incessantes qu’ils ont multiplié contre Joseph Kabila, présenté aux quatre vents comme l’incarnation du mal congolais, peuvent-elles encourager le fils de Mzee à leur faire une passe en or en demandant à Badibanga de lâcher prise ou, à défaut, en ordonnant à sa Majorité de le démettre ? « Time will tell » (l’avenir nous le dira), selon la vieille expression anglaise.
J.N.