La peur du policier est le commencement du respect de la constitution, et par ricochet, des sentences de la Cour constitutionnelle. Plus de peur que de mal. Le ciel n’est pas tombé sur la tête des R-dCongolais. Le dispositif sécuritaire déployé autant dans la capitale que dans les grandes agglomérations de l’arrière-pays ont suffi pour dissuader ceux qui, par ailleurs de moins en moins nombreux, croyaient rééditer les macabres menées subversives des 19 et 20 septembre dernier, hier lundi 19 décembre.
Ça n’est pas encore la date du début officiel du régime intérimaire qui verrait un Premier ministre issu de l’opposition- Samy Badibanga jusqu’à preuve du contraire – se partager l’impérium avec le Président Joseph Kabila jusqu’à la tenue des prochaines élections générales, au terme du premier quadrimestre 2018, sauf imprévu. La CENI a, on le sait, obtenu de la Cour constitutionnelle une prorogation pour la tenue de la présidentielle. Mais, il est évident que le 19 décembre marque le début d’une ère politique tout autre sur fonds de cohabitation…inévitablement. Une seconde expérience du genre après la laborieuse et lancinante transition mobutienne des années 1990 dont les borborygmes (entre autres les pillages de 1990 et 1993) hantent encore le social et l’économie de la RDC, près de 25 ans plus tard.
Aux assises de Dialogue où elle a pris part active, la FEC a dû rappeler combien l’économie était fille d’ordre…sociopolitique. Le préavis de trois mois lancé lors d’un meeting populaire à Kinshasa par le lider maximo de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, à Joseph Kabila a tourné au fiasco. C’est une lapalissade. Mais la météo sociale annonce plutôt de longs jours de grisailles pour le prochain gouvernement. Même s’il ne l’a pas ouvertement admis, le ministre sortant des Sports, Dénis Kambayi, a prévenu tout dérapage dont la classe politique pourrait tirer son profit en suspendant le championnat national de foot jusqu’au 15 janvier prochain. Le prochain gouvernement doit apprendre à prévenir toute contestation sociale qui pourrait aussi provenir des instances officielles. Il est quasiment acquis que le Premier ministre opposant ne bénéficiera pas forcément de l’attitude passive dont les Gouv des provinces, presque tous d’obédience MP, ont accordé à l’ancien Premier ministre PPRD, Matata Ponyo. On le sait, la majorité des provinces se sont déjà dotées de leur budget portant sur l’exercice 2017. A titre d’exemple, Ituri, 64 milliards FC, Lualaba 268 milliards de FC, Nord-Ubangi : 37,6 milliards de FC soit 38,114 millions de dollars. Sud-Ubangi : 31 milliards de FC, 3. Equateur : 39 millions de dollars. 4. Kongo Central, 133.621.601.986 FC, Nord-Kivu, 93.785.542.143,00FC, environ 80 millions de dollars dont plus de 50 millions attendus de la rétrocession. Le Tanganyika, 74 milliards de FC dont 53 milliards de Francs congolais de rétrocession attendus du gouvernement central. Le Kasaï Central, 100 milliards de FC, soit 102406124.34USD dont 41 % proviendront des dons, legs et des projets. Au Kasaï oriental, province d’origine de Samy Badibanga, l’Assemblée provinciale a d’ailleurs gavé son budget de 74 à 79,779 milliards de FC (79.779.193.055FC), dans l’espoir Badibanga leur accorderait le privilège du Trésor. Kinshasa qui compte sur un budget de quelque 400 millions USD ne sera pas en reste. Loin s’en faut. Il va sans dire que toutes les provinces fondent leurs provisions et prévisions sur la rétrocession du gouvernement central. L’on sait, le Gouv de la capitale a, une fois, fait part de son ras-le-bol sur les miettes que lui verse en compte-goutte le gouvernement. Les députés provinciaux de l’opposition en ont profité pour lancer de véritables philippiques contre le gouvernement MP. Même les « services » savent que si les manifs des 19 et 20 septembre l’ont été suite à l’appel du Rassemblement, celles de janvier 2015 consécutives à la modification de la loi électorale a bénéficié de quelque spontanéité. Il est une conscience indéniable de la gestion de la chose publique qui a gagné l’opinion. « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupera de toi », aime-t-on à rabâcher dans la cité kinoise. Gérer à bon escient le social, (salaires, primes, emplois, logements, accès à l’eau et à l’électricité) est un gage de stabilité pour les jours à venir. L’Etat aura dépensé trop d’énergies et des moyens financiers et perdu trop de temps à gérer le Rassemblement, estiment nombre d’observateurs.
NADINE KINGOMBE.