Aux pourparlers conduits par les évêques de l’église catholique au Centre interdiocésain de Kinshasa, une pause s’observe depuis le week-end dernier. Les travaux devraient reprendre mercredi 21 décembre 2016, au retour des président et vice-président de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) de Rome où ils ont été convoqués d’urgence par le Pape François. Lundi 19 décembre, le Saint Père, qui avait déjà reçu le Président de la République, Joseph Kabila, il y a quelques mois, a accordé une audience aux prélats congolais Utembi et Ambongo. Qui, de Rome, devraient ramener les dernières recommandations papales sur la situation politique en RD Congo.
Sur le terrain des négociations à Kinshasa, une légère avancée a été observée vers la fin de la semaine dernière. A la commission chargée de négociations autour de l’épineux problème de la décrispation politique notamment, où il a été convenu qu’une commission spéciale composée de hauts magistrats assistée d’un avocat proche du Rassemblement examine au cas par cas la situation des personnes poursuivies ou condamnées par la justice, que l’opposition considère comme des détenus politiques ou d’opinion. « Il y a 254 personnes qui ont besoin que l’on s’occupe d’elles. On a créé une commission de magistrats qui vont se prononcer là-dessus, nous ne pouvons remplacer les magistrats », a dit à ce propos Lambert Mende, le ministre de la Communication et Médias, délégué aux pourparlers pour le compte de la majorité présidentielle. Une liste prioritaire de 7 personnalités (Moïse Katumbi, Jean-Claude Muyambo, et le sujet belge Floribert Anzuluni, entre autres) a été transmise au Président de la République pour examen en urgence par les évêques. Mais c’est tout.
A la commission institutionnelle où se discute le problème de la gestion du pays dans la période entre le 19 décembre 2016 et la tenue des élections, aucune avancée n’a été notée. Bien qu’ayant accepté le principe du maintien au pouvoir du Président de la République élu en 2011 jusqu’à l’élection, ainsi que le stipule la constitution rd congolaise, l’existence des assemblées nationale et provinciales, l’opposition revendique une sorte de partage équitable et équilibré de l’exécutif à tous les niveaux, qui n’est pas sans heurter brutalement et de face la constitution qu’elle prétend défendre : en exigeant la primature au profit du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, mais aussi le partage fifty-fifty des portefeuilles ministériels, des 26 provinces et des mairies. Difficilement réalisable sans heurter la constitution, en ce qui concerne les provinces dont les gouverneurs ont été élus par les assemblées provinciales, notamment.
Même exercice de saut d’infranchissables obstacles dans l’examen du processus électoral où les opposants s’en tiennent à la tenue des élections, principalement la présidentielle, en 2017, sans pour autant avancer les éléments techniques qui rendraient possible un tel miracle. De même qu’elle tient mordicus à la restructuration de la CENI (là où l’accord du 18 octobre propose un remplacement des représentants de l’opposition par des nouveaux issus des rangs des radicaux) qui aurait pour effet immédiat l’allongement du processus électoral alors qu’elle exige des élections en novembre 2017. Résultat : pas d’accord.
Aussitôt sorti de plénière, samedi 17 décembre dernier, Félix Tshisekedi de l’UDPS, fils d’Etienne et chef de la délégation du Rassemblement tshisekediste-katumbiste ne s’est pas empêché de lancer un véritable appel au djihad : « Comme annoncé, les discussions ont échoué. A présent, peuple congolais, la balle est dans votre camp! Nous sommes arrivés au bout de nos efforts », a-t-il écrit précipitamment sur son compte Twitter, exécutant ainsi la menace d’apocalypse brandie par le parti de Papa et sa plate-forme politique de faire appel à la rue pour « régler la crise politique » que traverse le pays.
Dimanche 18 décembre, 24 heures après la sortie sur réseaux sociaux du fils Tshisekedi, Jean-Marc Kabund, le secrétaire général de l’UDPS a tenté de tempérer l’exubérance de son remuant adjoint au parti et néanmoins chef de délégation aux pourparlers du Centre interdiocésain, en rappelant l’attachement de l’UDPS et du Rassemblement à la médiation des évêques catholiques. Tout en indiquant que « le peuple restait libre » de ses initiatives.
Au Rassemblent des forces politiques et sociales acquises au changement, on négocie la kalachnikov braquée sur l’interlocuteur. L’accord politique à intervenir, s’il intervenait jamais, sera un accord pour s’éviter l’apocalypse. Donc irrationnel. Peu de chances donc d’aboutir face à une Majorité chauffée à blanc par les excès des « combattants » de l’UDPS des 19 et 20 septembre qui coûtèrent la vie à une quarantaine de Congolais.
J.N.