Plus de doute possible : en RD Congo, un groupe de pays occidentaux ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour imposer leurs hommes-liges au sommet de l’Etat pour pouvoir continuer à profiter à vil prix des ressources naturelles de ce pays connu comme un scandale géologique. Les derniers événements politiques illustrent bien un plan de déstabilisation progressive du pays de Lumumba qui devrait aboutir, au mieux, à l’installation de dirigeants moins « souverainistes » que ceux au pouvoir à Kinshasa depuis un peu plus d’une décennie maintenant, et au pire, à la balkanisation tant redoutée de ce pays-continent qui fait toujours tant rêver des nostalgiques en Occident.
Le week-end dernier a été fort illustratif de l’étendue de ce véritable complot international, dont le mode d’emploi, déjà mis en œuvre en Libye contre le Colonel Mouammar Kadhafi, est déjà connu : il consiste à se servir d’élites nationales dévoyées acquises à la cause occidentale pour déstabiliser un pouvoir en place, en rendant le pays ingouvernable par diverses stratagèmes politiques et économico-financiers de nature à monter les populations contre leurs dirigeants ; à pousser ce faisant les gouvernants à la « faute », aussitôt abondamment exploitée par les médias, afin justifier une intervention extérieure sous prétexte de violations massives des droits de l’homme, par exemple. Comme pour annoncer les couleurs, des sanctions, parfois absurdes mais certainement arbitraires sont prises ou brandies contre les autorités du pays et leurs proches.
En RD Congo, tous ces ingrédients d’un coup d’Etat sans fards se réunissent progressivement : des officiers généraux de l’armée et de la police, dont il est pourtant connu partout à travers le monde qu’ils ne sont que des exécutants ont déjà vu des avoirs qu’ils ne possèdent pas aux USA faire l’objet de gel dans ce pays. La Belgique, qui est au centre de ce complot anti-souverainiste en RD Congo, a pour sa part, déjà pris sur elle de limiter à 6 mois la durée des visas accordés aux officiels rd congolais détenteurs des passeports diplomatiques. Pour des motifs aussi flous qu’arbitraires, à l’évidence.
L’ONU au secours de l’opposition
Vendredi dernier, réagissant au nom d’on ne sait quel droit, c’est la mission onusienne en RD Congo, prétendument chargée d’assurer la stabilisation de ce pays post-conflit, qui a décidé de voler au secours d’agitateurs violents et anarchistes de l’opposition politique dite radicale. Alors que les autorités municipales kinoises avaient décidé la suspension de manifestations politiques publiques des suites des incidents mortels provoqués par cette frange extrémiste de l’opposition les 19 et 20 septembre dernier (plusieurs dizaines de morts, des pillages, etc), le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) s’est fendu d’un communiqué plus qu’incitatif. Il priait carrément le gouvernement provincial de la capitale, 24 heures avant le meeting interdit du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RasOp) d’Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi, de lever sans conditions la mesure d’interdiction « par respect pour le droit international et les droits de l’homme ». Comme en écho, les ténors du RasOp ont donné de la voix en criant sur tous les toits leur détermination à tenir coûte que coûte le meeting du 5 novembre, et donc de passer outre l’interdiction des autorités municipales. Cela s’est rarement vu. « C’est comme si dans l’Europe malmenée par les attentats à la bombe attribués et/ou revendiqués par des extrémistes musulmans, un organisme des Nations Unies se permettait de demander à un gouvernement de ne pas interdire une manifestation djihadiste au nom du droit international. Complètement insensé », a confié à notre rédaction un chercheur en relations internationales de l’Université pédagogique nationale.
Les observateurs avisés en conviennent sans peine, désormais : la sortie du BCNUDH, favorable à l’opposition ainsi que l’avait dénoncé la majorité présidentielle le week-end dernier, cachait maladroitement le parti pris en faveur des extrémistes de l’opposition radicale : elle visait, ni plus ni moins, l’objectif de donner un coup de pouce aux organisateurs des troubles sanglants des 19 et 20 septembre afin que surviennent à nouveaux des désordres dans la populeuse capitale rd congolaise dont les puissances occidentales entendent tirer profit pour chambarder la situation politique dans ce pays.
Mode d’emploi connu
Ce mode d’emploi, déjà expérimenté par les puissances occidentales en Libye, en Côte d’Ivoire, et tout récemment au Gabon, est connu : il s’agit de se servir de certaines célébrités dans l’opposition congolaise, particulièrement d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, leader de l’UDPS, pour rendre le pays ingouvernable à travers l’organisation de journées villes mortes, meetings non encadrés et autres manifestations publiques émaillées de violences, qui pourront appeler l’intervention musclée des forces de l’ordre. Avant de crier à la violation massive des droits de l’homme par un pouvoir qu’on qualifiera de dictatorial. Et qu’on tentera d’éliminer par une intervention militaire, comme cela avait été le cas en Libye, ou au terme d’un processus électoral pipé dès le départ, comme en Côte d’Ivoire où Laurent Gbagbo a été évincé et promptement déféré devant la Cour Pénale Internationale alors que d’autres protagonistes de la crise et des violences pré et post électorales dans ce pays installés concomitamment au pouvoir ne sont guère inquiétés jusqu’aujourd’hui.
Insécurité organisée par la communauté internationale
En RD Congo, la communauté internationale organise l’insécurité, au propre comme au figuré, pour se donner les moyens de prendre des résolutions de gels d’avoirs, d’interdictions de voyages, d’embargo sur les armes, de blocus de tous genres, etc. La fusion et la confusion volontaires des intérêts économiques occidentaux avec les droits de l’homme n’échappent plus aux regards perspicaces de nombre d’analystes sur le continent africain. Et peut justifier la vague de dénonciation de la Cour Pénale Internationale et d’autres organisations internationales du genre par de plus en plus d’Etats du continent. Parce qu’elles dissimulent en réalité une nouvelle déferlante du néo-colonialisme anachronique, nostalgique et impénitent.
Dans le contexte de ce complot d’un quarteron de pays occidentaux contre les institutions rd congolaises, la démocratisation n’a en réalité que très peu de place. C’est le cadet des soucis de ces puissances qui n’ont que faire de l’auto-détermination des peuples des pays qui leur servent de grenier. En RD Congo, le dialogue politique qui s’est clôturé le 18 octobre dernier a décidé de prendre en charge l’organisation d’élections présidentielle, législatives et provinciales prévues en avril 2018. Pour des raisons souverainistes, certes, mais aussi parce que jusque-là, les partenaires occidentaux au processus électoral rechignent à mettre la main au portefeuille et multiplient plutôt des conditionnalités. Seul le gouvernement rd congolais décaisse jusqu’à présent des fonds destinés aux élections, ainsi que l’a récemment révélé le quotidien belge Le Soir. Ces réticences à contribuer au financement d’élections qui assurent la démocratisation du pays qu’ils réclament tout haut correspondent davantage à la stratégie du complot contre la RD Congo et ses institutions politiques. « Ils ne décaisseront pas un sou tant qu’ils ne seront pas assurés que leurs hommes seront élus », assure au Maximum un confrère, récemment retourné d’un voyage d’études en Europe. Leurs affidés en RD Congo émettent, au sujet de ces élections, sur la même longueur que leurs parrains occidentaux. D’élections, le RasOp ne veut pas réellement. La nouvelle plate-forme de l’opposition politique en RD Congo, créée on le sait aujourd’hui à l’instigation des libéraux belges il y a seulement quelques mois, prône un renversement pur et simple du président en exercice Joseph Kabila qui, pour elle, doit quitter le pouvoir en décembre prochain. A l’évidence, les Tshisekedistes-katumbistes et leurs parrains s’estiment fondés à pourvoir au remplacement du Président de la République élu en décembre 2011. Au mépris de la constitution que les rd congolais se sont choisis par référendum, naturellement, qui devrait ainsi être remplacée par un texte « spécial » aux contours encore flous, mais qui obtiendra sans faille le soutien des puissances occidentales instigatrices de l’instabilité politique en RD Congo.
Le scénario rebelle, comme en Côte d’Ivoire, n’est pas non plus exclu. A Kinshasa en particulier et en RD Congo en général, de plus en plus d’observateurs qui en doutaient encore il y a quelques mois, prennent au sérieux l’affaire du complot rebelle ourdi par l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe. Le scénario est plus que plausible, au Katanga ou ailleurs sur le vaste territoire rd congolais. On se convainc, désormais, que ce n’est nullement par hasard qu’une milice née au Kasai Occidental s’en prend, principalement et systématiquement aux symboles du pouvoir dans les localités qu’elle investit. Les miliciens kamwina Nsapu du chef coutumier du même nom manifestent une hargne particulière à détruire les installations de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) partout où ils ont sévi. Sans s’attirer la moindre réprobation de la fameuse communauté internationale pourtant omniprésente en RD Congo.
Bras de fer en perspective
Rien n’indique, cependant, que les nationalistes souverainistes au pouvoir en RD Congo se laisseront conduire à l’abattoir comme des moutons. L’annihilation de toute tentative de manifestation, samedi 5 novembre 2016 à Kinshasa est un signal fort de leur état d’esprit. Avec ou sans le soutien occidental, Joseph Kabila et les siens semblent bien déterminés à assurer l’alternance au pouvoir en RD Congo uniquement par des élections démocratiques et transparentes, comme le prévoit la constitution de 2006. Et à soumettre tout le monde à cet exercice démocratique par excellence. Ce qui augure d’un vigoureux bras de fer en perspective, avec l’opposition radicale et au-delà, avec leurs parrains occidentaux.
J.N.