Si Henri Thomas Lokondo était de l’opposition, précisément de l’Udps, les médias pro-Tshisekedi qui l’encensent aujourd’hui seraient les premiers à lui lancer l’auto-exclusion à la figure. Et la « taupe» aurait rejoint express les rangs des « traîtres » promis à la potence : Ngalula, Dikonda, Lihau, Kibassa, Mbwankiem, Birindwa, Beltchika et autres Kyungu, pour la génération 1980-1990, Gisanga, Mukendi, Mulumba etc. pour la génération 1990-2000, Badibanga, Masamba, Mayamba, Kombo, Kolela, Mutomb, Mutanda, Ngoya pour la génération actuelle, rejointe par les « plénipotentiaires » de la Diaspora, signataires de la déclaration réclamant la convocation d’un mini-conclave pour la mise en place d’un nouveau leadership de l’Udps. Ces médias-là, tout en se proclamant indépendants, ne donnent jamais la moindre possibilité aux « blasphémateurs » du dieu Etienne Tshisekedi de se justifier. Par contre, tout « rebelle » du camp adverse est congratulé. On le voit avec le G7, Moïse Katumbi et, maintenant, Henri-Thomas Lokondo. Naturellement, c’est de bonne guerre, dirait-on…
Malheureusement, ce n’est là qu’une certaine démocratie à la congolaise – dont on attribue la paternité à Etienne Tshisekedi – qui en pâtit, pourtant. Exemple patent : un média pro-Tshisekedi écrit dans sa livraison du lundi 19 octobre 2015 : « Pour Henry Thomas Lokondo, ses 169 voix sont pour lui une victoire, car il a été voté non seulement par les députés de l’opposition, mais également par ceux de la Majorité présidentielle (MP) qui n’ont pas respecté le Mot d’ordre de Joseph Kabila. Car, si tous étaient fidèles au Raïs, Floribert Luhonge aurait plus de 320 voix, nombre supposé des députés du pouvoir après le départ du G7, à en croire certains cadres. Cela signifie qu’il y a effectivement un sérieux malaise au sein de la Majorité présidentielle, qui nécessite urgemment un véritable débat à l’interne pour revitaliser cette plateforme politique, à l’approche des élections de 2016 ». Et s’il était de l’UDPS ?
Ce que Lokondo n’a pas osé dire, c’est que les deux familles politiques qui devraient lui être acquises d’office sont l’opposition (avec ses 160 députés) et le G7 (avec ses 80 députés), soit 240 voix garanties, les 260 restants étant de la Majorité.
Dès lors, prétendre que Floribert Luhonge devrait avoir plus de 320 voix revient à attribuer à la Majorité d’avant le retrait du G7 le quota disponible de plus de 400 voix !
Or, cela n’est pas le cas.
S’il se trouve finalement un perdant dans le vote du samedi 17 octobre 2015, c’est bien Henri Thomas Lokondo, et lui seul…
Tsunami
Ce qui est gênant pour cet acteur politique, tout comme pour tous ceux qui l’ont soutenu dans sa bravade, c’est l’obéissance dû ou non au mot d’ordre. De deux choses l’une : ou on fait la politique, ou on fait du théâtre (de chez nous). Car, il n’existe sous les cieux aucun parti politique, aucun regroupement politique qui ne fonctionne sans mots d’ordre de la hiérarchie. Même quand on organise des « primaires » – comme c’est le cas aux Etats-Unis et en France – il y a toujours le mot d’ordre qui oriente le choix qui s’impose aux membres afin d’atteindre un objectif donné.
Président de l’UCL (Union Congolaise pour la Liberté), Henri Thomas Lokondo ne peut pas dire qu’il dirige son parti sans mot d’ordre, sans consigne. Autrement, ce parti est un foutoir, un bordel où règne l’arbitraire le plus complet.
Ce député peut tout dire, mais il ne prouvera jamais aux yeux du monde que tel parti aux Etats-Unis sinon en France, tel autre en Grande-Bretagne sinon en Allemagne laisse ses membres se comporter en électrons libres, surtout quand l’enjeu est électoral. En France, Jean-Marie Le Pen vient d’inviter ses partisans à se conformer aux listes électorales confectionnées par Marine Le Pen, sa fille qui vient de l’exclure du parti qu’il a créé, pour ne pas compromettre les intérêts électoraux en jeu. C’est de la dictature ?
Que Thomas Lokondo Yoka se considère comme le vainqueur d’une élection dont il est sorti vaincu peut se comprendre. C’est aussi une façon de son consoler de son infortune en trompant les faibles d’esprit.
Mais lorsqu’il demande à sa famille politique de tirer les leçons de sa fronde, il s’agit là d’une «menace mentholée» devant plutôt attirer l’attention des sociétaires Mp. Le député Lokondo a beau chercher à se rattraper en considérant que « La démocratie s’est exprimée et chacun de nous doit tirer les leçons et je pense que les choses doivent continuer ainsi », et en estimant par la suite que lorsque «…deux membres d’une même famille politique concourent à un même poste, c’est une belle leçon de démocratie », il doit avoir le courage et l’honnêteté d’en faire l’aveu : sa fronde a mis à mal l’unité de la Mp, et encore au moment le plus délicat, celui du lendemain du coup G7.
Il s’est porté candidat non pour tester sa popularité ou la solidité de la Majorité présidentielle, mais pour gagner. Et gagner au besoin contre son propre camp avec, en plus, le soutien de l’opposition grossie par les « frondeurs ».
Si les sociétaires de la Mp ne s’étaient pas solidarisés, l’environnement institutionnel aurait connu un tsunami. Dans la livraison du 18 octobre 2015 intitulée « Lokondo floué par le G 7 et l’Opposition originelle… », le tsunami est décrit en termes d’une « cohabitation » issue du changement de la majorité au parlement.
Qui aurait dû assumer les conséquences de l’esprit « indépendantiste » d’Henri Thomas Lokondo ?
C’est cela la question qui devrait préoccuper la classe politique.
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO DIE LEMA