La Belgique a décidé de limiter à 6 mois la durée des visas des responsables politiques rd congolais porteurs de passeports diplomatiques. Motif évoqué : l’évolution de la situation politique en RD Congo. En fait, l’ancienne colonie s’inquiète du fait que Joseph Kabila ne se prononce pas sur son départ à la fin de son second mandat présidentiel. Même si la constitution stipule clairement que le Chef de l’Etat ne peut briguer un troisième mandat consécutif. Et que le Président de la République assure qu’il ne violera pas la constitution. Rien n’y fait, les libéraux au pouvoir en Belgique ont résolument pris leur parti dans la crise politique rd congolaise, et le taureau par les cornes pour aider leurs « clients » congolais qui traversent une passe difficile dans leur quête du top job. Le rétropédalage crève les yeux : le 16 septembre dernier, il n’y a donc que quelques semaines de cela, la même Belgique déclarait espérer que le dialogue politique en cours en RD Congo aboutisse à un accord inclusif, fixant des échéances claires et selon des modalités permettant d’organiser les scrutins le plus rapidement possible. Mercredi dernier, le libéral Didier Reynders effectuait une girouette extraordinaire en expliquant à la presse que « le délai de 500 jours proposé par la commission électorale n’a pas de sens. Si on retarde à ce point les prochaines élections, on aboutit à un troisième mandat de fait ». C’est, presque mot pour mot, le contenu du rapport des travaux du Conclave de l’opposition radicale tenu 24 heures plus tôt à Kinshasa. Comme au terme du premier conclave de l’opposition tshisekediste-Katumbiste à Genval, le document avait lui avait sans doute été transmis. Pour un usage approprié. Reynders assure désormais que « d’ici le 19 décembre, il faudra savoir avec clarté qui gère le pays et donc faire redémarrer le dialogue en y associant des personnalités importantes comme Moïse Katumbi ou Etienne Tshisekedi ». C’est également tiré des conclusions du conclave de la 11ème rue Limete.
Le parti pris des libéraux belge crève donc les yeux et donne raison à ceux qui les soupçonnent d’avoir contribué à la création du Rassemblement katumbiste à Genval. En fait, la Belgique libérale entend réoccuper les devants de la scène politique en Afrique Centrale, en RD Congo particulièrement, après l’avoir délaissée au milieu des années ’80. Dans un éditorial paru dans les colonnes du quotidien belge Le Soir, mercredi 5 octobre 2016, notre consoeur Colette Braeckman vante ce retour qu’elle présente comme une expertise de son pays sur ses anciennes colonies (Rwanda, Burundi, RD Congo). « Si la Belgique veut proposer son expertise, jouer un rôle, elle devra le faire sur la pointe des pieds, en se coordonnant avec d’autres … Tout en gardant discrètement sa capacité de frapper là où cela fait mal, en limitant les visas par exemple … »
L’éclairage est lumineux : la limitation de la durée des visas, c’est pour faire mal aux autorités de la RD Congo. L’expertise des libéraux belges qui lorgnent sur le pays de Lumumba consiste donc à fragiliser le pouvoir en place en vue de lui substituer un autre. Plus pro-belge. Reste à savoir qui sort gagnant de ce jeu d’immixtion-ingérence dans les affaires d’une ancienne colonie. Pas évident que ce soit le peuple de la RD Congo.
J.N.