Ça tempête derechef à l’ex-ONATRA. Le bureau syndical de la SCTP, Société commerciale des transports et ports, a adressé le 16 octobre 2015 une correspondance au Premier ministre Matata Ponyo afin de surseoir à l’appel d’offres portant sur la privatisation partielle de la SCTP lancée depuis le 7 octobre 2015 par la ministre du portefeuille, Louise Munga. La privatisation vise singulièrement les ports de Boma, de Matadi ainsi que le chemin de fer Matadi-Kinshasa.
Pour la vingtaine des syndicats de la SCTP, l’appel d’offre viole la loi portant dispositions générales relatives au désengagement de l’Etat des entreprises du portefeuille. Les syndicalistes évoquent notamment l’article 3 du chapitre 2 de cette loi qui fait obligation à l’Etat de remettre à niveau les entreprises avant toutes été réformées. Ils proposent à Matata Ponyo de reconsidérer cet avis d’appel d’offres et de faciliter la réouverture des négociations transparentes sur la réforme de la SCTP. Les syndicalistes appellent également le Premier ministre à respecter le moratoire de trois ans pour cette remise à niveau des infrastructures d’exploitation tel que recommandé par le consultant Canadian pacific consulting services (CPCS). Ils font par ailleurs remarquer que les éléments d’actif immobilisés de la SCTP, publiés dans cet avis d’appel d’offre, avaient été contestés par le passé pour n’avoir pas fait l’objet d’un inventaire exhaustif pouvant conduire à la fixation réelle du capital de la SCTP. Ce qui a d’ailleurs conduit, selon ces syndicalistes, à la minoration des données de la SCTP.
Dire que c’est un cadeau empoisonné serait exagérer, de l’avis des experts, cependant, il sied d’admettre que le conseiller principal du Chef de l’Etat en matières d’infrastructures, le désormais DG de l’ex-ONATRA, Kimbembe Mazunga a hérité d’une société où débrayages, grognes, manifs au ton de «x…. dégage!» sont monnaies courantes. Une société dont tous les audits en vue de sa relance concluent jusque-là à un saucissonnage. Ce que rejette ferme le bureau syndical de la SCTP.
Pourtant, ce n’est pas un secret d’Etat, l’ambassadeur de France en RDC, Luc Hallade a, au lendemain de la nomination de nouveaux mandataires à la SCTP, été voir le Premier ministre, Matata Ponyo. « Une firme française est positionnée pour reprendre le chemin de fer Matadi-Kinshasa », avait-t-il confié à la presse au sortir de son entretien avec le chef du gouvernement de la RDC. Le gouvernement r-dcongolais a, en effet, reçu 1.000.000 d’euros de l’AFD, Agence Française de Développement, en vue, notamment, de mener des études pour la mise en partenariats public privé au sein de la Société Commerciale des Transports et Ports, ex-ONATRA. C’est une lapalissade, la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit : l’on voit mal la France sortir plus de USD 1,3 millions pour un projet dans lequel ses intérêts ne se retrouveraient pas. L’ombre de Bolloré plane, tout naturellement, sur ce dossier d’appel d’offre controversé. Kengo devrait en savoir quelque-chose. Du temps de Mobutu, celui qui aurait rejetté une première offre de Bolloré. Dont la récidive met l’ingénieur Kimbembe dans une position on ne peut plus délicate…vis-à-vis de la mouvance syndicale de l’ex-ONATRA. Et pourtant, Kimbembe avait bénéficie, dès son entrée en fonctions, d’une opinion favorable des agents et cadres de l’ancien office national des transports. La SCTP devant, en effet, être dotée, à court terme, des engins de manutention pour les ports maritimes… et la réhabilitation du chemin de fer entamée grâce notamment à la nouvelle taxe, lui concédée par le gouvernement Matata, celle de la logistique terrestre.
POLD LEVI MAWEJA