Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP) ne sera plus le seul à accaparer l’attention de la communauté internationale soucieuse d’une plus grande inclusivité au dialogue politique proprement dit. Les ouailles de Moïse Katumbi et Etienne Tshisekedi, qui ont brillé le week-end dernier encore par des initiatives visant à dévaloriser les assises de la Cité de l’OUA à Kinshasa, ont de la concurrence devant eux, depuis lundi 12 septembre 2016. La frange de l’opposition politique jusque-là favorable au dialogue politique a, elle aussi, choisi d’en claquer la porte. Cela s’est passé après que l’UNC Mayo Mambeke ait exigé la démission du gouvernement à qui elle reproche de n’avoir pas été en mesure d’organiser les scrutins électoraux dans les délais impartis par la constitution de la RD Congo.
24 heures auparavant encore, le problème de l’inclusivité du dialogue politique proprement dit ne butait plus que sur le refus obstiné du Rassemblement Katumbiste de rejoindre l’autre partie de l’opposition pour y faire valoir ses idées. Une impressionnante délégation de la nouvelle plate-forme était reçue au quartier général de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation de la RD Congo (Monusco) par le groupe de soutien à la facilitation sous la conduite de Saïd Djinnit. Félix Tshisekedi, Jean-Marc Kabund et autres Frank Diongo avaient promptement répondu à ce rendez-vous de la dernière minute organisé par la communauté internationale pour tenter de rallier les derniers réfractaires à un dialogue qui avait atteint son allure de croisière.
Le même week-end, Etienne Tshisekedi, ci-devant fils de son père, avait traversé le fleuve Congo à destination de Brazzaville, la capitale d’en face. Où Denis Sassou Ngouesso, un des doyens des Chefs d’Etat encore en fonction en Afrique lui a longuement parlé de l’indispensable inclusivité du dialogue politique en cours à Kinshasa.
Tout indiquait donc qu’une sérieuse offensive de charme était lancée contre les réfractaires katumbistes au dialogue, et qu’une évolution de la situation pouvait en être attendue dès les premiers jours de la semaine. Lorsque les opposants favorables au dialogue, conduits par l’UNC Kamehre, ont décidé de claquer la porte. Motif avancé : la majorité présidentielle ne partage pas leur point de vue sur les séquences électorales. « Nous ne reviendrons pas tant que la majorité présidentielle n’aura pas accordé la priorité à la présidentielle », a expliqué Vital Kamehre à la presse. L’UNC faisait allusion au fait qu’à la commission en charge de la question des élections, la famille politique joséphite avait fait valoir l’idée de l’organisation de toutes élections, en commençant par les élections locales qui constituent des arriérés électoraux depuis les scrutins de 2006. Pour Kamerhe et ses alter ego de l’opposition, commencer par la présidentielle = respecter la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations-Unies. L’ancien speaker de la chambre basse du parlement passé à l’opposition a ainsi appelé la communauté internationale à plier la famille politique de Joseph Kabila sur ce point. « Que la Facilitation fasse son travail », a-t-il déclaré à cet effet.
En réplique, Léonard She Okitundu, le porte-parole de la Majorité présidentielle a fait valoir, pour la première fois depuis que l’opposition vante sur tous les tons la fameuse Résolution 2277, que cette dernière n’était qu’une recommandation qui ne saurait prendre le pas sur une question de souveraineté nationale, dont relève les élections. « Il faut continuer à discuter pour trouver un compromis », a-t-il déclaré.
Il semblait bien pourtant, lundi 12 septembre 2016 à la Cité de l’OUA, que la posture des kamerhiste était sans lendemains. « Nous ne sommes pas ici pour cautionner une démarche de la majorité présidentielle », expliquait Me Mayo à la presse après que les opposants eurent décidé de suspendre leur participation dans les autres commissions du dialogue politique. Une posture minimisée dans le camp d’en face où on la qualifie de stratégie de négociation : monter les enchères avant de les descendre moyennant concessions, selon les explications d’un membre de la majorité présidentielle qui s’est confié au Maximum.
En fait, en créant l’incident du lundi à la cité de l’OUA, Kamerhe et ses collègues de l’opposition tentent d’obtenir ce qu’il n’avait pu démocratique à l’assemblée nationale : imposer leur point de vue à la majorité au pouvoir. En même temps qu’ils envoient une sorte de message de fidélité à l’opinion. « Ils veulent prouver qu’ils ne sont pas achetés d’avance », expliquait au Maximum un analyste politique de l’Université de Kinshasa. Enchères contre enchères, donc. L’autre opposition grimpe en exigences ? Celle du dialogue aussi. Reste à savoir le temps que cela pourra prendre.
J.N.