Le secteur de l’industrialisation de la République Démocratique du Congo occupe une place singulièrement prégnante dans les choix novateurs pour un Congo émergent chers au président de la République, Joseph Kabila. La quête de l’émergence ne signifie rien si des efforts significatifs ne sont pas fournis en faveur de la production d’une part importante de produits de consommation et de la transformation subséquente des matières premières qui ainsi, sont dotées d’une valeur ajoutée susceptible de créer par ricochet des emplois voulus durables et décents. Autant de raisons qui ont poussé le Gouvernement à booster le secteur de l’industrie manufacturière. En définitive, la révolution énergétique en cours dans le pays à travers la construction concomitante de Inga 3, de Zongo, de Kakobola, de Katende, etc., a pour vocation de soutenir des pools industriels susceptibles de donner du contenu à la prétention à l’émergence du pays.
La remise à flot du Fond de Promotion de l’Industrie(FPI) participe de cette dynamique de mise en orbite de la RDC sur la galaxie des pays modernes. La RDC, géant au cœur de l’Afrique, avait accédé à la souveraineté nationale et internationale en 1960 avec un arsenal industriel équivalent à celui du Brésil et de l’Afrique du Sud. 56 ans après, le pays ne peut même plus se permettre la comparaison avec les deux nations émergentes précitées dont les objectifs de gouvernance se déclinent en des termes de loin plus ambitieux. La faute à la culture de la cueillette instaurée par des élites néocolonialistes sans perspectives qui n’ont cessé depuis des décennies de caviarder la sève vivifiante de son économie.
La situation que traverse le FPI est causée par la survivance anachronique de la culture prédatrice de la classe politique héritée de la Deuxième République rd congolaise. Comme au bon vieux temps de la zaïrianisation, des politiciens mieux renseignés sur la bonne santé du FPI grâce aux efforts du Comité de gestion emmené par Constantin Mbengele, se sont parés de tuniques d’opérateurs économiques pour arnaquer le renouveau industriel mis en place par le FPI. Résultat : 144 millions de dollars de créance sont enfouis dans les entrailles de ces grands caïmans couverts par des multiples immunités qui les rendent « intouchables »…
La chambre basse du parlement a été accusée par d’aucuns de complaisance coupable lorsqu’elle s’était prononcée sur cette question. « Les charognards insolvables qui préfèrent ne rien rendre de ce qu’ils ont soutiré au FPI sont passés par là », s’était exclamé un leader syndical agacé par les manœuvres politiciennes dans un domaine aussi sensible que l’industrialisation du pays. On se rappelle que l’Assemblée nationale avait, lors de sa dernière session, privilégié une solution de compromis en prenant une résolution exigeant la suspension comité de gestion. Ce véritable raccourci pris par les députés nationaux n’a pas été du goût d’une large partie de l’opinion qui flairait une énième tentative de ces fameux « loups qui ne veulent pas se manger entre eux » ; surtout après les sorties médiatiques des syndicalistes du FPI qui se sont montrés solidaires de leur comité de gestion et qui avaient clairement désigné les vrais coupables des problèmes rencontrés par le FPI : les politiciens (y compris des parlementaires) insolvables.
Au demeurant, la neutralisation projetée de Mbengele et son comité apparait comme une tentative désespérée de donner en pâture au public un bouc émissaire, une sorte de victime expiatoire qui permettrait de disculper des criminels économiques impénitents. Pendant que tout le monde s’attendait à des poursuites contre les mauvais payeurs dûment identifiés par la commission de l’Inspection Générale des Finances qui les avaient clairement sommés de solder leurs créances dans un délai de quinze jours, révélant ainsi la position de la Présidence de la République sur ce « fpigate », l’opinion se verra servie un nouveau spectacle d’une interpellation extra-judiciaire de Constantin Mbengele, rajoutant un supplément de tension à un environnement politique surchauffé que le dialogue politique national inclusif s’emploie tant bien que mal à décrisper.
Il est temps que notre justice rehausse son prestige en ne laissant plus jamais la loi du plus fort se substituer à la force de la loi.
P.L.