L’atmosphère était particulièrement tendue, mardi 2 août 2016 à l’Hôpital St Joseph de Limete, où deux groupes de motards, du quartier Mombele et de Kingabwa à Limete se disputaient à l’occasion du retrait de la morgue du corps d’un mécanicien décédé des suites de maladie. Au plus fort de la dispute, un élément Fardc en faction au Motel Fikin dans le même quartier a cru devoir imposer de l’ordre devant la morgue à la demande d’un des protagonistes. Mal lui en a pris parce qu’il a été aussitôt arrosé d’insultes par le groupe de Kingabwa qui lui reprochait de prendre parti pour ceux de Mombele. Guy Mpiana un des jeunes motards de Kingabwa, frère direct du mécanicien décédé, avait particulièrement malmené le caporal avant de prendre le large à bord d’une moto. Furieux, le caporal réquisitionna illico presto une autre moto, se mit à sa poursuite et le rattrapa non loin de la station de vente de carburant située peu avant le Motel Fikin sur le boulevard Lumumba, et tira sur lui presque à bout portant, lui logeant une balle dans le corps. Le jeune Mpiana s’écroula raide mort sur le champ. Selon les témoins de l’incident sur place approchés par notre reporter, il portait sur lui un badge, du genre de ceux que l’on fait faire à l’occasion de deuils à Kinshasa. La plaque portait la photo de son frère défunt. Sans plus. Puis, le militaire auteur du tir s’en retourna à son poste d’attache non loin de là, pris sa besace et quitta rapidement les lieux en rasant les murs, selon des sources policières à Limete. Selon une dame qui tient commerce dans le quartier, le drame sera alors instrumentalisé par une bande de jeunes combattants de l’UDPS qui squattent habituellement les parages de Limete. Ils vont envahir la scène, bousculer les proches éplorés de la victime et s’emparer avec force du corps, au nez et à la barbe de deux agents de police du poste de commandement de l’Echangeur de Limete, juste avant que des éléments de la justice militaire accourus sur les lieux du drame ne fassent leurs constats, rapportent des témoins interrogés par Le Maximum.
L’affaire du motard tué à Limete n’avait donc rien à voir avec le parti d’Etienne Tshisekedi. Et le jeune d’une trentaine d’années tué alors qu’il était venu retirer le corps de son frère défunt de la morgue portait un badge funéraire, il n’avait rien à voir avec l’UDPS. Guy Mpiana n’était pas du tout habillé de T-Shirt à l’effigie de leur parti politique au moment de sa mort. C’est après que le corps eut été emporté que les jeunes gens acquis à la cause d’Etienne Tshisekdi l’ont déshabillé partiellement pour lui faire arborer un T-Shirt à l’effigie de leur leader. De nombreux témoins interrogés sur les lieux du drame l’ont assuré. Un expatrié qui avait photographié la scène a pu montrer au Maximum le corps du jeune homme sans le fameux signe distinctif des « parlementaires debout » du parti de la 10ème rue.
Ce montage des jeunes partisans tshisekedistes fera les choux gras de certains médias manifestement désireux de présenter sans aucun professionnalisme les événements politiques ou autres qui surviennent RD Congo sous un prisme particulier. Au premier rang de ces confrères, Radio France international (Rfi), qui a aussitôt informé de la mort d’un « combattant ». « Le militaire aurait délibérément tiré contre un partisan d’Etienne Tshisekedi » assuraient nos confrères, dans le but manifeste de faire accréditer l’idée qu’en RD Congo, les militaires tirent sur quiconque arbore des signes d’appartenance à l’UDPS. Alors que ce sont les combattants de ce parti politique qui se sont appropriés un mort pour se donner les raisons de perturber l’ordre public.
Pour certains observateurs, les incidents de mardi dernier à Limete sont la traduction dans les faits des desseins politiques immédiats à l’UDPS : provoquer à tout prix une explosion sociale et en profiter pour remettre en cause le projet de dialogue politique inclusif pour des élections apaisées initié par le Président Kabila et créer un chaos propice aux desseins putschistes inavoués de ceux que certains même au sein de l’Udps accusent d’avoir pris en otage le vieux ‘lider maximo’ contre espèces sonnantes et trébuchantes. Etienne Tshisekedi l’avait déclaré au cours du meeting du 1er août 2016 sur le Boulevard Triomphal en faisant état d’un plébiscite populaire en sa faveur et lançant un préavis au Président de la République, qui court à partir de septembre prochain. Le président de l’UDPS et du comité des sages des Forces acquises au changement avait également invité les jeunes à prendre résolument part au processus démocratique. Non pas en vue d’une quelconque élection avant décembre prochain, mais en vue d’actions de rue du type de celui qui a été déclenché avec une spontanéité stupéfiante mardi 2 août à Limete. Infiltré jusqu’à la moelle par les janissaires du G7, le parti de Tshisekedi prend ainsi le risque de plonger dans les abîmes des violences politiques dont il a toujours su se préserver jusqu’à ce jour.
J.N.