Elle dure depuis un peu plus de 5 mois maintenant, l’affaire de la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC), mais tarde à livrer ses conclusions. A la suite d’une malencontreuse décision de suspension des lignes de financement de quelque 37 millions USD de la Banque Centrale du Congo, la BIAC et ses déposants (au nombre de 400.000) se sont retrouvés du jour au lendemain dans l’impossibilité de remplir leurs obligations contractuelles. La crise remonte à fin février 2016, ceux des déposants qui l’ont pu se sont empressés, en masse, de retirer leurs dépôts tuant du même coup la réputation de la 2ème institution bancaire rd congolaise.
Plusieurs décisions, les unes aussi malencontreuses que les autres parce qu’elles n’ont abouti à rien de particulièrement positif ont été prises par la primature et/ou la Banque Centrale du Congo pour essayer de régler le problème de la BIAC. L’équipe dirigeante de la banque, démise, a été remplacée par un collège de gestionnaires nommés par la BCC. Celui-ci ne semble pas avoir fait mieux, un certain nombre de membres de l’équipe ayant été accusés de malversations et remplacés. Et, 5 mois après le flop de février 2016, le rapport d’inspecteurs diligentés par la BCC pour passer au peigne fin la gestion de l’ancienne équipe dirigeante de la BIAC se fait toujours attendre. De telle sorte qu’on ignore toujours si les autorités avaient eu raison de virer les anciens dirigeants de l’institution bancaire.
De toutes façons, « la BIAC, c’est fini. Il faut la céder à un repreneur », confie un expert à nos rédactions. En fait de repreneurs, « le mieux aurait été qu’une institution bancaire reprenne l’affaire », explique encore l’expert. Mais la BIAC, c’est au minimum 100 millions USD qu’il faut aujourd’hui investir, au bas mot. Les propriétaires de la banque, la famille Blattner, n’osent plus la recapitaliser, échaudés par les initiatives intempestives de décideurs peu soucieux de l’impact négatif de leurs initiatives discutables sur la bonne marche des affaires. « Cela n’a pas beaucoup de sens d’attendre que les Blattner recapitalisent la BIAC. Déjà, les autorités rd congolaises ne leur ont jamais permis de gérer eux-mêmes leur propre banque … alors ». Il faut donc lorgner vers les milieux bancaires internationaux : le groupe Ora Banque, déjà présent dans une dizaine de pays africains s’est montré intéressé par la reprise de la BIAC en mars dernier. Il aurait même diligenté un audit, rapportent des sources crédibles. Avant de jeter l’éponge : le poids des interférences politiques est trop lourd en RD Congo, semble-t-il.
Cependant, depuis fin juin, les kenyans de la Commercial Bank of Africa, une des plus importantes institutions bancaires kényanes contrôlée par la famille Kenyatta, ont manifesté leur intérêt à la reprise de la BIAC. Une offre d’autant plus crédible que d’autres kényans, ceux d’Equity Bank qui ont réussi la reprise de l’allemand Pro Crédit Bank sans la moindre casse, font preuve de sérieux. On attend encore la suite réservée par la Banque Centrale du Congo à la lettre de sollicitation d’Isaac Awundo, le puissant directeur général de la Commercial Bank of Africa.
S’annoncent aussi au portillon de la BIAC, de mystérieux chinois qui, depuis plusieurs mois s’affairent, énormes mallettes et calculettes à la main, à évaluer l’affaire. « L’ennui avec ce type de repreneur, c’est que leurs références en matière de gestion bancaire ne sont pas connues », explique encore cet expert à nos rédactions. « La Biac, c’est non seulement 400.000 déposants mais aussi les salaires de presque 1000 personnes tous les mois. Le repreneur devratenir compte du passif aussi bien que de l’actif », avance-t-il encore, comme dire qu’il craint que les chinois ne licencient en masse. « Un repreneur du milieu bancaire africain aurait été le mieux venu », estime-t-il. L’essentiel de toutes façons, c’est qu’il y ait des repreneurs disposés à reprendre la BIAC. Wait and see.
J.N.